On aura tout lu, tout vu et peut être vécu toutes les émotions avec cette énième crise ivoirienne consécutive à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. L’Union européenne qui n’est pourtant pas impliqué, au premier chef, dans l’élection ivoirienne vient de prendre des sanctions contre le président démocratiquement élu de la Côte d’Ivoire. Qui a été investi par le Conseil constitutionnel ivoirien, en toute conscience et en conformité avec les prérogatives que lui confère la constitution de ce pays. L’U.E a décidé du gel des avoirs des membres du régime de Laurent Gbagbo. La crise ivoirienne, dans laquelle, l’U.E s’invite à son aise est assez insolite. L’originalité de cette crise de trop se trouve dans la trouvaille de la communauté dite internationale ; qui se trouve être la France et un certain nombre d’organisations, internationales, régionales africaines et des pays occidentaux, qu’elle instrumentalise. Elle veut vaille que vaille imposer un président à la Côte d’Ivoire. Contre l’avis du Conseil constitutionnel ivoirien, seule institution habilitée, comme dans toutes les nations démocratiques, à proclamer un candidat vainqueur. En l’espèce, elle a déclaré le candidat Laurent Gbagbo, président de la République à l’issue du scrutin. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la colère de la France et ses alliés ; qui avaient manifestement leur candidat (en l’occurrence Alassane Dramane Ouattara) avant l’élection. En dépit des déclarations officielles de l’Elysée tendant à faire croire que Paris n’avait aucun poulain. Et que la France entendait laisser faire le libre jeu de la démocratie. La rapidité de la condamnation de la décision du Conseil constitutionnel ivoirien et l’intensité des pressions exercées sur le régime du président Laurent Gbagbo par le président Nicolas Sarkozy et ses amis montrent bien, à l’évidence, que c’était un coup bien préparé. De toute évidence, la France n’est pas disposée à voir Laurent Gbagbo briguer un second mandat de 5 ans. Même s’il est le choix du peuple dans sa majorité. La France en a assez et s’est préparée par tous les moyens à faire partir celui qui est devenu son pire cauchemar, l’empêcheur de tourner en rond. Sinon comment comprendre qu’elle puisse s’accrocher à des résultats qu’elle sait provisoires. A savoir que ses résultats sont transitoires, temporaires ; elles sont admises en attendant autre chose, une confirmation ou non. Le problème, ce n’est pas tant qu’il s’agisse d’une Commission électorale indépendante mais du caractère imparfait de la décision rendue par Youssouf Bakayoko. Bien sûr ce caractère transitoire se trouve aggravé par le contexte dans lequel cette décision est rendue. Il est clair que le verdict de Bakayoko, le président de la Cei, est frappé d’une très grande suspicion et d’une invalidité quand cela est prononcé dans le Q.G du candidat Alassane Dramane Ouattara qu’il déclare vainqueur ; et que de surcroît, cela intervient hors délai, sans l’aval des autres commissaires de la Cei et en l’absence des représentants des partis politiques. Comme le stipule le code électoral. Ces faits qui sautent aux yeux et qui sont avérés n’ont jusque-là pas alerté la France et ses alliés. Qui font bien plus qu’un aveugle et un sourd dans cette crise ivoirienne. L’Union européenne a pris des sanctions contre les dirigeants de la Côte d’Ivoire en espérant que son poulain (Alassane Dramane Ouattara) soit désigné président. Bien avant, elle a crié en plein poumon sa rage de voir Laurent Gbagbo au Palais présidentielle ivoirien. L’Union Africaine et la Cedeao ont fait chorus avec elle. Et tout ceci dès l’annonce des résultats. Nous sommes peut être là en train de vivre un nouveau champ d’expérimentation qui consiste pour la France et ses alliés occidentaux (appelés la communauté internationale) à choisir les président africains. Par l’onction de l’Organisation des Nations Unis, instrumentalisée à travers ses fonctionnaires plus regardant sur les affaires ténébreuses que le respect des droits de l’homme et de la souveraineté des Etats africains. En tout cas, nous voilà prévenus. Les Africains doivent s’attendre à être privés des élections. La communauté internationale conduite par la France pourrait décider de désigner les présidents africains à sa guise. Allez-y comprendre quelque chose n
Serge Armand Didi
sardidi@yahoo.fr
Serge Armand Didi
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