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Politique Publié le mardi 14 décembre 2010 | Nord-Sud

Commandant Wattao (Cema adjoint FaFn) : “Quand nous arrivions, ils avaient déjà fui”

© Nord-Sud Par DR
Encasernement des Forces nouvelles - Tournée de sensibilisation des FAFN dans le 4ème Groupement d’instruction
Lundi 31 Mai 2010. Korhogo. Les Forces Nouvelles vont procéder le 15 Juin 2010 à Korhogo, au regroupement puis à l`encasernement d’un premier contingent de 564 de leurs éléments. Photo: le commandant Ouattara Issiaka Wattao
Des éléments des FDS qui ont tenté d’isoler hier l’hôtel du Golf ont provoqué la réaction musclée des éléments des Forces armées des Forces nouvelles conduits par le commandant Ouattara Issiaka dit Wattao. Le récit des évènements.

Que s’est-il passé ce matin à l’hôtel du Golf ?
Les FDS ont érigé des barrages sur les voies d’accès à l’hôtel. elles empêchaient la circulation. Nous leur avons demandé de les démanteler parce que nous avons notre propre sécurité, nous n’avons pas besoin de la leur.

N’est-ce pas un acte de provocation ?
Bien sûr que c’est une provocation. Vous ne pouvez pas venir installer un barrage à deux mètres de nous ; personne ne sort, personne ne rentre. Que voulez-vous alors ? Nous ne sommes pas des femmelettes, nous n’avons pas peur. C’est parce que nous ne voulons pas verser du sang.

Et vous leur avez demandé de quitter ?
Nous le leur avons demandé. A 7 heures, une nouvelle équipe venait prendre la garde chez le Premier ministre. Les éléments des FDS leur ont interdit de passer. Selon eux, ils ont reçu la consigne de ne laisser passer personne. Ils ont voulu arracher le véhicule de la sécurité du Premier ministre. C’est ce qui a envoyé tous les problèmes.

Vous êtes alors monté au barrage ?
Oui, nous sommes montés à l’assaut. Nous n’avons même pas pu discuter avec eux. Quand nous arrivions, ils avaient déjà fui. Tout le monde est rentré dans la broussaille.
Mais, il semble qu’ils soient revenus après.
Oui. Ils disent que nous avons pris des kalachnikovs. Nous leur avons dit non. Les armes que nous avions saisies étaient des mitrailleuses de 12,7 mm, abandonnées sur place. Nous les avons données à l’Onuci pour les leur remettre.
Mais, ils ont encore installé des barrages depuis quelques heures.
Ils vont partir. Ils ont envoyé deux équipes pour venir discuter avec nous. Nous avons dit à l’Onuci que nous ne voulons pas d’histoires, qu’ils quittent la position.

C’est la garde républicaine ou la gendarmerie ?
C’est la garde républicaine qui est venue avec des éléments de la gendarmerie.
Le commandant de la garde républicaine, Dogbo Blé, menace d’aller libérer le Golf.
Je lui dis seulement que quand on veut faire quelque chose, on ne le dit pas. Nous n’allons pas répondre à son appel, à l’affrontement. Nous sommes résolument inscrits dans la paix. Maintenant, s’il veut la guerre, qu’il commence. Nous les attendons. Mais, ce n’est pas nous qui allons tirer le premier coup de feu.

Et si on vous attaque ?
Nous allons nous défendre.

Jusqu’où ?
Nous ne sommes pas dans la logique de guerre, aujourd’hui. Si eux sont dans cette logique, nous les regardons. Nous n’allons jamais tirer le premier coup de feu. Le Premier ministre nous a donné des instructions dans ce sens. Nous nous y tenons. Ce sont eux qui ont un problème de commandement où chacun fait ce qu’il veut.

Est-il vrai que certains de vos éléments voulaient aller libérer en même temps la Rti ?
Nous les en avons dissuadés pour éviter un bain de sang. Les civils qui travaillent là-bas auraient pris les pots cassés.

Au vu de ce qui s’est passé ce matin, quel appel lancerez-vous à vos frères des FDS ?
Je souhaite qu’ils respectent le principe qui est que l’armée est du côté des institutions de la République. L’armée doit être juste. Si nous sommes allés aux élections, l’armée s’aligne derrière la personne qui a gagné. Aujourd’hui, quand je vois certains comportements dans l’armée, je regrette d’être militaire. Ça ne donne pas une bonne image de la Côte d’Ivoire.

Avez-vous de l’espoir ?
Oui. Les Ivoiriens ont toujours eu un sursaut d’orgueil quand il le fallait. J’espère qu’on va trouver une solution, parce que nous sommes fatigués.

En tant que Cema adjoint des Forces nouvelles, confirmez-vous que vos troupes sont en état d’alerte ?
Oui. Ils ont recruté beaucoup de miliciens qui sont déjà sur la ligne de front. Nous sommes en alerte et les attendons. Comme je vous l’ai dit, nous n’allons jamais déclencher les hostilités. Mais s’ils attaquent, nous sommes obligés de nous défendre. J’espère que la sagesse va guider tout le monde, pour qu’on comprenne qu’on n’a pas besoin de ça encore en Côte d’Ivoire. Celui qui a vu le lion et celui qui l’a entendu rugir n’ont pas la même manière de fuir. Il faut qu’on sauve des vies humaines au lieu de les détruire.

Propos recueillis par Kesy B. Jacob
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