Demain, la fin du film ?

« A quoi servent donc les élections si celui qui a gagné ne peut pas gouverner ? » Violente question que se posent ces nombreux militants du Rhdp qui inondent de leur présence quotidienne le hall de l’Hôtel du Golf. Ce complexe hôtelier, est devenu pour la circonstance ‘’le palais présidentiel’’ d’Alassane Ouattara, commentent des confrères abonnés au point de presse journalier du ministre Patrick Achi, porte-parole du gouvernement Guillaume Soro. Et le Premier ministre du Président Alassane Ouattara dans sa dernière sortie face à la presse n’est pas allé du dos de la cuillère pour annoncer deux importantes et courageuses décisions : ‘’Le jeudi 16 décembre 2010, le gouvernement au complet se rendra dans les locaux de la Rti pour installer le nouveau directeur général, le vendredi 17 décembre 2010… le gouvernement au complet tiendra le conseil de gouvernement dans les locaux de la Primature au Plateau’’ a-t-il affirmé en insistant que son gouvernement est légal et légitime. Et de soutenir que ‘’Alassane Ouattara a été élu pour travailler’’. Après lui, hier, le directoire du Rhdp réuni en séance de travail a décidé d’accompagner le Premier ministre et son gouvernement à la Rti dans ce qu’ils se sont convenus d’appeler ‘’la libération des médias d’Etats’’. Un appel a été lancé à tous les militants des partis qui composent le Rhdp (Rdr, Pdci, Udpci, Mfa), les sympathisants et tous les Ivoiriens épris de paix et de justice à se joindre à eux pour soutenir cette action, selon le communiqué lu par Alphonse Djédjé Mady, président du directoire et par ailleurs secrétaire général du Pdci-Rda. En face, le ministre de la rue devenu ministre de la jeunesse et de l’emploi, Charles Blé Goudé dans le gouvernement Aké N’Gbo, multiplie stratégies et remobilise ses troupes pour faire barrage, dit-on, à la furia de Soro et de ses hommes. C’est dire que l’interminable querelle postélectorale pourrait dégénérer entre ces deux clans rivaux qui ne veulent rien céder du tout. Le jeudi, selon certains observateurs, serait le début d’une querelle suicidaire qui pourrait certainement déboucher sur la fin du film. La crise née du contentieux postélectoral entre les partisans d’Alassane Ouattara et ceux de Laurent Gbagbo ne finit pas d’empoisonner ce pays et au-delà de ses frontières. Même si la communauté internationale reconnaît Alassane Ouattara comme le président élu, le camp présidentiel tient les rênes du pouvoir. Mais le Rhdp qui avait soutenu qu’il ne comptait pas sur l’extérieur et les forces impartiales pour mettre leur ‘’menace à exécution’’ est cette fois ci décidé à prendre ses responsabilités et mettre fin à cette situation de deux Etats. Le temps est donc venu pour Ouattara d’engager le dialogue indirect avec Gbagbo qui veut clairement dire qu’il n’y aura aucune discussion pour le partage du pouvoir. Ce qui est une logique partagée au Rhdp dans la mesure où leur mentor semble avoir choisi le bon moment pour engager ‘’l’épreuve de force’’. Mais la rumeur circule cependant que la garde républicaine appuyée des jeunes patriotes, des éléments de la Fesci et des milices, selon certaines indiscrétions, aurait pris position dans les zones stratégiques déclarées ‘’zones interdites’’ par le gouvernement Aké N’Gbo. L’impasse semble totale et le tout sauf Ouattara de certains hommes en tenue encore fidèles à Laurent Gbagbo continue. Du côté du Golf Hôtel, Alassane Ouattara et son premier ministre Guillaume Soro sont inflexibles. C’est dire que les ‘’ultra-nationalistes à la solde de Gbagbo et les fanatiques de Ouattara sont déterminés à s’affronter, apprend-on. Pendant ce temps, le camp de la paix semble avoir abdiqué. ‘’Notre président compte sur la population qui lui a manifesté sa volonté à plus de 54% pour porter l’estocade à Gbagbo et s’installer d’ici peu au palais » confie un militant. L’on se demande bien comment cette installation du nouveau DG de la Rti va-t-elle se terminer. Pour les plus sceptiques, ils évoquent un climat d’extrême violence le jeudi. Quant aux plus optimistes ils soutiennent que ce sera le début de la fin du film
Patrice Pohé