Après les évènements du lundi - Tout sur l`ambiance hier, au golf hôtel -Cdt Wattao: «Nous n`avons pas peur d`une autre attaque»

Quel visage présentait l`hôtel du golf hier, mardi 14 décembre 2010, après les heures chaudes de la veille? La première remarque que nous faisons (en venant du Collège moderne de Cocody), c`est que les Forces de défense et de sécurité (Fds) ont perdu leur position au carrefour qu`on pourrait nommé Marie Thérèse Houphouët Boigny. Leur char de guerre et une jeep surmontée d`un 12.7 ont été repoussés des mètres plus haut. Les forces de l`Onuci (Opération des nations unies en Côte d`Ivoire) qui ont installé un barrage contrôlent désormais ce carrefour. Une dizaine de mètre plus loin (dans notre progression vers l`hôtel du golf), nous apercevons un autre char de combat de l`Onuci dont le canon est dirigé vers le carrefour Marie Thérèse. Le dispositif sécuritaire est impressionnant. Une demi douzaine de chars de l`Onuci sont postés de part et d`autre de l`entrée principal du complexe hôtelier. A cette entrée même, le canon
d`un autre char vous accueille. Là, le contrôle est également renforcé. Toutes les entrées sont filtrées. Les véhicules sont passés au peine fin quand les personnes sont l`objet d`une fouille corporelle minutieuse. Les mines des soldats onusiens et des agents de sécurité sont graves. On le comprend bien, l`heure n`est pas à la plaisanterie. Et on ne badine pas avec la sécurité. Toutefois, la circulation sur la voie qui passe devant ce complexe hôtelier se fait aisément dans les deux sens, encadrée par des agents de sécurité. Il est, toutefois, interdit de stationner aux abords de cette entrée. « Circulez », vous intimera-t-on comme ordre. A l`intérieur de l`hôtel, l`ambiance contraste avec le tableau peint plus haut. Dans le hall de l`hôtel en effet, l`ambiance est beaucoup plus détendue. L`on devise tranquillement. Les uns autour d`une tasse de thé et les autres, débout échangent. « L`attaque » de la veille et
ses conséquences sont sur la majorité des lèvres. Pour certains, Laurent Gbagbo « s`est inscrit dans une logique suicidaire ». D`autres évoquent des scenarii apocalyptiques. Cette atmosphère de sérénité ne fait pas perdre de vue les questions sécuritaires. D`ailleurs des badges d`accès sont en confection dans une salle du sous sol de l`hôtel. « Mon commissaire c`est dans la grande salle du bas qu`il faut vous faire établir notre badge. Des mesures strictes ont été prises et ceux qui ne seront munis de badge n`auront plus accès », a indiqué un membre du protocole du ministre Albert Toikeusse à son interlocuteur. Dans une des salles du sous sol de l`hôtel nous surprenons des responsables du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) en réunion.

« Nous sommes désormais des Forces républicaines »

L`atmosphère est très studieuse. A travers un paravent entrouvert nous apercevons Koné Mamadou, secrétaire général des Forces nouvelles, Albert Flindé de l`Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci), Ehui Koutouan Bernard du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci) , Henriette Diabaté du Rassemblement des républicains (Rdr), notamment. Nous saurons plus tard que ces personnalités préparaient un « appel au peuple de Côte d`Ivoire ». Par ailleurs, en milieu de matinée, alors qu`il venait achever une rencontre avec ses éléments, le commandant des Forces nouvelles Issiaka Ouattara dit Wattao, s`est ouvert à la presse. « Je tiens à préciser que nous ne sommes plus des Forces nouvelles mais plutôt des Forces républicaines. Parce que la communauté internationale a reconnu Alassane Ouattara comme président de la République. Nous nous mettons à sa disposition. Nous ne sommes plus des Forces nouvelles ou des rebelles mais
des forces républicaines à la disposition du nouveau président de la République. Nous aurions fait autant si Laurent Gbagbo avait gagné les élections », a-t-il laissé entendre. Pour le commandant Wattao, cette mission républicaine impose aux forces sous son autorité d`accompagner le président de la République et le Premier ministre dans toutes leurs activités. « Nous accompagnerons le Premier ministre où qu`il ira », a-t-il souligné. Il a, par ailleurs, ajouté qu`il ne redoutait pas une autre attaque armée du camp adverse. « Nous n`avons pas peur d`une autre attaque. Non jamais. Nous avons déjà fait la guerre donc nous n`avons peur de rien. Celui qui a vu le lion rugir et celui à qui on dit que le lion rugi n`ont pas la même manière de courir. Nous, nous avons fait la guerre. Nous savons ce que c`est. C`est pour cela que nous ne voulons pas qu`elle reprenne. Il faut épargner la vie des innocents », a-t-il justifié.


Jonas BAIKEH