M. Broguhé Prégnon Lucien est pasteur. Son épouse et lui ont fui Bouaké où il était en fonction comme chargé de paroisse, laissant derrière eux leurs deux enfants (Broguhé Jacob et Broguhé Hermann) et tous leurs biens. Ils ont échappé aux rebelles qui ont fait irruption dans leur maison, au lendemain de la présidentielle, parce qu’ils ont originaires de l’ouest du pays et notamment de Gagnoa. La famille Broguhé est accusée de soutenir le président Gbagbo. Un délit qui, dans la zone sous contrôle de la rébellion est passible de la peine capitale. Dame Broguhé raconte: «Les menaces ont commencé avec l’ouverture de la campagne pour l’élection présidentielle. Le jour où il y a eu débat entre les jeunes de LMP avec Blé Goudé et ceux du RHDP, nous n’avions pas pu retenir notre joie face à la pertinence des arguments de Blé Goudé et Navigué. La même nuit, les rebelles ont fait irruption dans notre maison et dans celle de notre voisine qui est de Bangolo pour nous menacer. «Vous les ressortissants de l’Ouest, nous allons vous tuer ici. Nous allons vous égorger un à un si ADO n’est pas élu ! Ce qu’on a fait en 2002 est petit par rapport à ce que nous allons faire. Nous serons impitoyables», ne cessaient de répéter les rebelles. C’est donc cette menace qu’ils ont mis à exécution depuis la proclamation de la victoire du président Gbagbo par le Conseil constitutionnel et surtout la déclaration du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU qui, prenant à contre pieds la plus haute juridiction de notre pays, a dit que c’est Ouattara qui a gagné». Et l’épouse du religieux de poursuivre : « Depuis la proclamation de la victoire du président Gbagbo et sa prestation de serment, il ne se passe pas un jour sans que les rebelles ne tuent un membre de ceux qu’ils soupçonnent d’être de La Majorité présidentielle. Cela se passe sous les regards des journalistes blancs et des forces onusiennes et françaises stationnées à Bouaké. Et pourtant personne n’en parle». Toujours selon l’épouse de Broguhé, « un jour avant notre fuite, les rebelles ont égorgé notre voisine, une femme guéré, devant ses enfants. C’est une âme généreuse qui nous a dit de quitter la ville avant 24 heures. C’est ainsi que mon mari et moi avons quitté nuitamment Bouaké en laissant tout derrière nous. Nous sommes passés par la brousse en contournant le corridor et Djébonoua. Nous sommes sortis de la brousse au niveau de Tiébissou où nous avons pris un véhicule de transport pour Yamoussoukro. Nos enfants ont refusé de quitter la ville et sont allés chez leurs amis». De toute évidence, depuis le déclenchement de la crise postélectorale créée par Young Jin Choi, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, il se passe dans la partie de la Côte d’Ivoire sous le contrôle de la rébellion des massacres contre les ressortissants du Grand Ouest du pays qui vivent. Ces atrocités, comme celles perpétrées par les rebelles en septembre 2010, peuvent se faire sous les yeux et, peut-être, avec la complicité coupable de l’ONUCI. Le récit de dame Broguhé doit interpeler la conscience nationale et internationale : Sous le silence de l’ONUCI tous ceux qui sont membres de La Majorité présidentielle sont systématiquement pourchassés, assassinés et cela peut déboucher sur un génocide. Attention, le Rwanda, ce n’est plus très loin
Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
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