Est-ce cela la bravoure ? Une question que se pose le sage du village. Est-ce être courageux que de s’opposer à la volonté de tout un peuple ? A la vérité, le camp de Laurent Gbagbo s’est trompé pendant la campagne électorale en présentant leur champion comme un brave. Quand on a un ego surdimensionné et que les pulsions paranoïaques l’emportent sur la raison, on n’a pas la réaction d’un brave mais, celle d’un égocentrique. Laurent Gbagbo a perdu l’élection présidentielle. Il a été nettement battu par Alassane Ouattara au second tour du scrutin. Il refuse de reconnaître sa défaite. Il ne peut pas concevoir, lui Laurent Gbagbo, celui qui a une très longue histoire avec le peuple de Côte d’Ivoire, qu’il ait mordu la poussière devant celui qu’il moquait et présentait comme un novice en tout. Pourtant, longtemps avant cette élection, des esprits éclairés avaient affirmé que le socialiste à l’africaine avait tort de penser qu’il est encore le leader attendu par les Ivoiriens. Mais le professeur en tout, imbu de sa science a refusé de prendre en compte cette description de la réalité nationale. Il a continué à fonctionner comme si l’on était encore en 1990, au seuil du retour du pays au multipartisme. Passé cette frénésie de changement, l’opinion ivoirienne ne recherchait même pas celui qui dit avoir résisté à un coup de force militaire. Assaillis par des problèmes de tous ordres, naturellement, les Ivoiriens ont choisi celui qui, prenant en compte leurs souffrances, s’est mis à égrener les solutions avec lesquelles il arriverait au pouvoir. C’est ce choix que Laurent Gbagbo tente de remettre en cause. C’est la rage au cœur qu’il constate que le pays dont il disait être le seul fils bien-aimé penche plutôt pour un autre. Il vit mal cette situation. Il en souffre. Enormément. Pendant dix ans, il a occupé notre palais. Il y était entré par effraction. Maintenant, il refuse d’en sortir. Il s’est habitué à l’air conditionné des splits et autres climatiseurs, au tapis rouge, aux avantages et privilèges divers. Il ne veut plus s’éloigner des caisses de l’Etat, lui qui disait « ne pas être homme à argent ». La bravoure du résistant ( !?) trouverait son explication dans les ressentiments du mauvais perdant. Au pouvoir, n’écoutant que ce qui l’arrange, le socialiste à l’ivoirienne a vécu, noyé dans ses propres illusions. Il s’est cru tellement haut placé dans l’estime des Ivoiriens, que les résultats sortis des urnes l’ont assommé. Ce n’est donc plus le brave qui résiste, mais le suicidaire. Plutôt « mourir » que de vivre avec le désamour de ses compatriotes. Tel est le choix fait par le vaincu du 28 novembre dernier
Raoul Mapiéchon
Raoul Mapiéchon