Combien sont-ils qui sont tombés encore hier ? 10,15, 20 ? Cynique, ce décompte macabre auquel doivent s’adonner, avec plaisir et sans regret, les protagonistes de la crise. Des morts, des morts, et encore des morts. On en a dénombré des dizaines encore dans les rues d’Abidjan. Des corps chauds d’humains, gisant dans leur sang comme aux résultats d’une battue dans une partie de chasse. A combien sommes-nous maintenant depuis le 28 novembre 2010 ? Plusieurs dizaines, peut-être au-delà même de la centaine, les morts occasionnées par les violences résultant du bras de fer autour du fauteuil présidentiel à l’issue du scrutin qui a vu deux présidents de la République proclamés pour la même Côte d’Ivoire. Que de morts ramassés encore, hier, dans les rues d’Abidjan. Les chiffres vont divergents, selon que l’on soit de l’un ou de l’autre camp. On parle de 3 morts à Adjamé Williamsville, 6 dans la commune d’Abobo, au moins un dans chacune des communes de Yopougon, Treichville, Koumassi et Port-Bouët, et presqu’un carnage dans les alentours de l’Hôtel du Golf où des éléments des forces de défense et de sécurité ceux des forces nouvelles tentant d’accompagner au siège de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) les dirigeants du Rassemblement des Houphouétistes, avec à leur tête le président du RDR, Alassane Ouattara, proclamé également président de la République par la commission électorale indépendante à l’issue du scrutin du 28 novembre. La défiance et l’intolérance entre les deux camps continuent d’accroitre le nombre de morts sur le territoire ivoirien. Qui parmi les manifestants, qui parmi les forces de l’ordre commis à la canalisation des violences post-électorales qui vont se multipliant et s’intensifiant. Le pouvoir pour le pouvoir, les politiques ivoiriens sont en train de s’illustrer de la plus machiavélique des manières. L’on enjambe les corps sans état d’âme au mépris de la dignité humaine prônée à longueur de discours pour distraire l’opinion et poser des actes dissonants. Depuis des semaines, la Côte d’Ivoire saigne. Des familles pleurent des morts. D’autres morts vont encore allonger la liste, ce jour. Il parait que çà va se poursuivre aujourd’hui le spectacle désolant auquel l’on a eu à assister hier. Triste spectacle, hélas dans l’indifférence des politiques, obnubilés par l’appétit du pouvoir. Ce pouvoir qui continue de blesser, qui a calciné à Abobo, qui tue ici et là ses enfants. Bref, ce pouvoir qui mange ses enfants. Est-ce cela, la lutte pour le bien-être de ses concitoyens, quand on augmente chaque jour la liste des veufs, veuves, orphelins et familles éplorées ? Ceci par son intolérance, son radicalisme et pour ses ambitions personnelles ? Gbagbo et Ouattara, à quand le dialogue fraternel pour arrêter la tragédie ? La violence a beau duré, elle terminera toujours dans le dialogue. Pourquoi ne pas commencer par là et épargner les vies de ceux qu’on prétend gouverner ? Les deux acteurs du bras de fer autour du fauteuil, présidentiel devront se sentir interpellés par ces cadavres qui jonchent les rues. Non pas parce qu’il y eu une catastrophe, mais par le fait de l’homme. Non !
Félix D.BONY
Félix D.BONY