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Politique Publié le dimanche 19 décembre 2010 | AFP

L`ONU dénonce des exactions "massives"

© AFP Par Emma
Selon la Haut commissaire aux droits de l`homme de l`ONU: les violences ont fait plus de 50 morts et 200 blessés ces trois derniers jours
Jeudi 16 décembre 2010. Abidjan, Cocody. La marche des militants du RHDP sur la maison de la télévision est réprimée dans le sang
L`ONU a dénoncé dimanche des "violations massives des droits de l`Homme" qui ont fait plus de 50 morts ces derniers jours en Côte d`Ivoire et a rejeté l`exigence de Laurent Gbagbo d`un retrait des Casques bleus.

A Genève, la Haut commissaire aux droits de l`homme des Nations unies, Navi
Pillay, a affirmé que les violences ont fait "ces trois derniers jours plus de
50 morts et plus de 200 blessés".

Jusqu`à présent, les bilans sur place faisaient état de 11 à une trentaine
de morts depuis jeudi dans des violences entre partisans de Laurent Gbagbo et
d`Alassane Ouattara, qui se disputent la présidence depuis le scrutin du 28
novembre. Le gouvernement Ouattara a parlé dimanche de "45 morts" depuis jeudi.

La responsable onusienne s`est inquiétée de "violations massives des droits
de l`Homme", évoquant notamment des enlèvements dont ont fait état des
"centaines de victimes et membres de leurs familles".

Selon elle, ces enlèvements seraient commis "particulièrement la nuit, par
des individus armés non identifiés en tenue militaire, accompagnés d`éléments
des Forces de défense et de sécurité (FDS) ou de milices". Les FDS sont le
pilier sécuritaire du régime Gbagbo.

La Côte d`Ivoire est sous couvre-feu nocturne depuis la veille de la
présidentielle du 28 novembre.

L`ex-puissance coloniale française a également mis la pression sur le
président sortant: "il faut qu`il retienne ses troupes", a déclaré la ministre
des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie.

Les Nations unies reconnaissent Ouattara comme président élu, à l`image de
la quasi-totalité de la communauté internationale. Le Canada a à son tour
dimanche appelé Gbagbo à partir.

L`ONU a opposé une fin de non-recevoir à la demande du président sortant
d`un retrait de sa mission dans le pays, l`Onuci. Le secrétaire général Ban
Ki-moon l`a averti des "conséquences" s`il s`en prenait à elle.

L`Onuci a toutefois poursuivi dimanche ses patrouilles dans Abidjan.

Mais "nous redoublons de vigilance et nous sommes préparés à tout", a dit à
l`AFP Hamadoun Touré, porte-parole de l`Onuci. La mission ne veut "pas de
confrontation" avec des forces armées loyales à Gbagbo, a-t-il ajouté.

Peu avant que Gbagbo n`exige le retrait des Casques bleus (10.000 hommes)
et des 900 soldats français de la force Licorne, le siège de l`Onuci à Abidjan
avait essuyé des tirs d`hommes armés "vêtus de tenues militaires" dans la nuit
de vendredi à samedi, selon la mission.

Le président sortant et les FDS ont accusé l`Onuci d`appuyer militairement
l`ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) alliée à Ouattara.

Mais Ouattara a écrit à Ban Ki-moon pour lui dire qu`il demande le maintien
des Casques bleus et que "les décisions de Laurent Gbagbo sont nulles et de
nul effet", selon Patrick Achi, porte-parole de son gouvernement.

Le Conseil de sécurité doit se réunir lundi pour évoquer la situation dans
le pays et le renouvellement du mandat de l`Onuci, qui expire le 31 décembre.

En raison du risque de "violences", le Royaume-Uni a recommandé dimanche à
ses ressortissants de quitter la Côte d`Ivoire. Les Etats-Unis ont ordonné aux
employés non-essentiels de leur ambassade et à leurs familles de quitter le
pays.

Le durcissement du régime Gbagbo s`est également traduit par la suspension
de la publication de plusieurs journaux favorables à Alassane Ouattara.

Dans le nord du pays, tenu depuis 2002 par l`ex-rébellion dirigée par
Guillaume Soro, Premier ministre de Ouattara, la tension était également
perceptible avec la crainte d`une reprise des combats entre FN et FDS.

A Djébonoua (centre), dernier poste tenu par les FN avant la zone tampon
qui sépare le nord du sud tenu par le camp Gbagbo, un élément ex-rebelle a
déclaré à l`AFP: "nos hommes sont aux aguets".

La montée de la tension entre les deux camps se traduit aussi à l`étranger.
En France, où vit une forte communauté ivoirienne, des heurts à Paris entre
partisans de Gbagbo et Ouattara ont fait deux blessés, dont un à l`arme
blanche.
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