La nuit est tombée. Et j’entends les ricanements des hyènes malodorantes, rodant, les babines retroussées, à la recherche de la charogne. La nuit est tombée sur la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a lâché ses tueurs libériens et angolais.
Rien ne les attire autant que l’odeur du sang, et la promesse de la rapine, du viol, du pillage. Et j’entends ses chiens de garde vociférant contre le monde entier, vitupérant tous ceux qui ne sont pas avec eux. « Dieu est avec nous», éructent-ils. Dieu ou le diable ? La nuit est tombée sur notre Côte d’Ivoire. La nuit du grand holocauste ? Ou celle du sacrifice libérateur ? Les hyènes rodent. Mais les chasseurs sont à leur trousse. Les entendent-elles venir ? Elles n’en ont cure. Il leur faut de la charogne. Elles savent que des corps sont tombés la veille. Trop pleutres pour s’attaquer à des proies vivantes, elles préfèrent les corps déjà morts.
Non, trop occupées à déchiqueter les corps, à broyer les os, elles n’entendent pas les chasseurs qui approchent. Laurent Gbagbo a lâché ses miliciens et mercenaires, Jacqueline Lohoues Oble. Ne les entends-tu pas ? N’entends-tu pas ces coups de feu qui déchirent nos nuits, les gémissements de ces corps blessés qui se débattent par terre et les hurlements hystériques de ces mères qui pleurent leurs enfants tués ? Non. Tu n’as rien entendu. Tu n’as pas vu ces jeunes gens tués à Abobo, Adjamé, enlevés par les policiers à Bassam, ces femmes de cette même ville, battues et déshabillées dans la rue par la soldatesque.
Jacqueline, quel pacte as-tu passé avec Laurent Gbagbo pour que tu en sois réduite à jouer ce rôle infect ? C’est toi, la première femme agrégée de droit en Afrique sub-saharienne, ancienne doyenne de la faculté de droit d’Abidjan, ancienne ministre de la justice au temps d’Houphouët-Boigny, qui te rabaisse à figurer dans un gouvernement fantoche avec Blé Goudé, celui-là qui a dû tricher pour obtenir une malheureuse licence, lui qui est sanctionné par l’ONU pour des actes aussi graves que des assassinats, et des viols ? Que t-est-il arrivée, Jacqueline ? Ne me dis pas que tu admirais Laurent Gbagbo, celui qui a érigé la roublardise en art de gouvernement, celui qui a laissé la Fesci saboter l’école, celui qui a toujours répondu aux manifestations de sa population par des tirs à balles réelles, celui sous qui la corruption a gangréné toute notre société.
Non, Jacqueline, ne me dis pas que tu étais fière de ce que Laurent Gbagbo avait fait de notre pays ! Et c’est toi qui parles de développement pendant que ton pays s’écroule ? Nous avions admiré ton courage, lorsque, en 1998, tu avais démissionné de ton poste de députée à l’Assemblée nationale après avoir quitté le RDR, et quand tu as décidé de te présenter à l’élection présidentielle. Nous t’avions soutenue lorsque des vieux machistes rétrogrades de chez toi avaient dit que la présidence n’était pas un endroit pour une femme. Nous avions été séduits par ton discours.
Et tout cela, c’était pour jouer ce rôle auprès du bourreau de la démocratie ? Jacqueline ! Toi la juriste, tu soutiens que le Conseil constitutionnel a le dernier mot dans notre processus électoral, et que, dès lors qu’il a déclaré Laurent Gbagbo vainqueur de l’élection, il n’y a plus qu’à le reconnaître comme tel. Soit. Mais si le Conseil constitutionnel a le dernier mot, c’est pour dire le droit, pas pour le tordre.
Jacqueline, que dis-tu de l’article 64 du Code électoral qui dispose que « dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection. La date du nouveau scrutin est fixée en Conseil des ministres sur proposition de la Commission chargée des élections. Le scrutin a lieu au plus tard quarante cinq jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel » ? Si tant est que Yao-Ndré a constaté des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin dans sept départements, et que les votes qui y ont été obtenus affectent le résultat d’ensemble, pourquoi n’a-t-il pas appliqué le droit en annulant tout simplement l’élection comme le prescrit le droit ? Pourquoi Laurent Gbagbo a-t-il accepté le principe de la certification par l’ONU, si la parole de Yao-Ndré suffisait ? Comment peux-tu te prêter à cette mascarade, Jacqueline ? Pour obtenir un poste de ministre dans un gouvernement vomi par la majorité des Ivoiriens, que personne à l’extérieur ne reconnaît, qui bâillonne la presse, qui a fait venir des mercenaires libériens et angolais qui tuent tous les jours et toutes les nuits des Ivoiriens et qui violent nos femmes ? C’est toi, Jacqueline qui demande à l’ONU et aux forces françaises de s’en aller, pour livrer la population sans défense aux crocs des hyènes ? Tu vas toi aussi entonner l’hymne de la souveraineté bafouée, du complot international contre ton pays ? Quelle pitié ! Grisée par ton poste de ministre de pacotille, tu ne vois pas la nuit qui est tombée sur la Côte d’Ivoire ? Tu ne vois pas la démocratie que l’on est en train d’assassiner et qui appelle au secours, tu ne vois pas la pire des dictatures qui est en train de s’installer dans ton pays ? Tu as vraiment choisi d’être du côté des hyènes ? Dis-nous, quel est donc ce pacte diabolique qui te lie à Gbagbo pour que la brillante intellectuelle que tu étais se comporte aujourd’hui comme une « jeune patriote » abrutie ? Tu dors vraiment avec la conscience tranquille après avoir lu tes communiqués ? Non, je n’y crois pas. On te fait chanter, Jacqueline. Dis-le. Dis-nous que tu n’y es pas de ton plein gré. Non, ne donne pas raison à ceux qui disent que le vrai malheur de l’Afrique, ce sont ses intellectuels dont la satisfaction du ventre prime sur les intérêts de leurs pays. Il est encore temps pour toi de te ressaisir et te ranger du côté des combattants pour la démocratie. Parce que le jour se lèvera, tu le sais bien. Et les hyènes gloutonnes aux gueules dégoulinantes de sang chercheront à fuir la lumière. En auront-elles le temps ? J’en doute, car les chasseurs qu’elles n’ont pas entendus venir, occupées qu’elles étaient à leurs festins macabres, sont tout près. Ils ne lâcheront pas prise. Les chasseurs de la Cour pénale internationale traqueront les hyènes puantes jusque dans leurs sordides tanières, tu le sais. Tu es juriste. Où seras-tu, Jacqueline, lorsque les chasseurs seront là ? Venance Konan Email : venancekonan@yahoo.fr Site web : www.venancekonan.com
Rien ne les attire autant que l’odeur du sang, et la promesse de la rapine, du viol, du pillage. Et j’entends ses chiens de garde vociférant contre le monde entier, vitupérant tous ceux qui ne sont pas avec eux. « Dieu est avec nous», éructent-ils. Dieu ou le diable ? La nuit est tombée sur notre Côte d’Ivoire. La nuit du grand holocauste ? Ou celle du sacrifice libérateur ? Les hyènes rodent. Mais les chasseurs sont à leur trousse. Les entendent-elles venir ? Elles n’en ont cure. Il leur faut de la charogne. Elles savent que des corps sont tombés la veille. Trop pleutres pour s’attaquer à des proies vivantes, elles préfèrent les corps déjà morts.
Non, trop occupées à déchiqueter les corps, à broyer les os, elles n’entendent pas les chasseurs qui approchent. Laurent Gbagbo a lâché ses miliciens et mercenaires, Jacqueline Lohoues Oble. Ne les entends-tu pas ? N’entends-tu pas ces coups de feu qui déchirent nos nuits, les gémissements de ces corps blessés qui se débattent par terre et les hurlements hystériques de ces mères qui pleurent leurs enfants tués ? Non. Tu n’as rien entendu. Tu n’as pas vu ces jeunes gens tués à Abobo, Adjamé, enlevés par les policiers à Bassam, ces femmes de cette même ville, battues et déshabillées dans la rue par la soldatesque.
Jacqueline, quel pacte as-tu passé avec Laurent Gbagbo pour que tu en sois réduite à jouer ce rôle infect ? C’est toi, la première femme agrégée de droit en Afrique sub-saharienne, ancienne doyenne de la faculté de droit d’Abidjan, ancienne ministre de la justice au temps d’Houphouët-Boigny, qui te rabaisse à figurer dans un gouvernement fantoche avec Blé Goudé, celui-là qui a dû tricher pour obtenir une malheureuse licence, lui qui est sanctionné par l’ONU pour des actes aussi graves que des assassinats, et des viols ? Que t-est-il arrivée, Jacqueline ? Ne me dis pas que tu admirais Laurent Gbagbo, celui qui a érigé la roublardise en art de gouvernement, celui qui a laissé la Fesci saboter l’école, celui qui a toujours répondu aux manifestations de sa population par des tirs à balles réelles, celui sous qui la corruption a gangréné toute notre société.
Non, Jacqueline, ne me dis pas que tu étais fière de ce que Laurent Gbagbo avait fait de notre pays ! Et c’est toi qui parles de développement pendant que ton pays s’écroule ? Nous avions admiré ton courage, lorsque, en 1998, tu avais démissionné de ton poste de députée à l’Assemblée nationale après avoir quitté le RDR, et quand tu as décidé de te présenter à l’élection présidentielle. Nous t’avions soutenue lorsque des vieux machistes rétrogrades de chez toi avaient dit que la présidence n’était pas un endroit pour une femme. Nous avions été séduits par ton discours.
Et tout cela, c’était pour jouer ce rôle auprès du bourreau de la démocratie ? Jacqueline ! Toi la juriste, tu soutiens que le Conseil constitutionnel a le dernier mot dans notre processus électoral, et que, dès lors qu’il a déclaré Laurent Gbagbo vainqueur de l’élection, il n’y a plus qu’à le reconnaître comme tel. Soit. Mais si le Conseil constitutionnel a le dernier mot, c’est pour dire le droit, pas pour le tordre.
Jacqueline, que dis-tu de l’article 64 du Code électoral qui dispose que « dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection. La date du nouveau scrutin est fixée en Conseil des ministres sur proposition de la Commission chargée des élections. Le scrutin a lieu au plus tard quarante cinq jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel » ? Si tant est que Yao-Ndré a constaté des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin dans sept départements, et que les votes qui y ont été obtenus affectent le résultat d’ensemble, pourquoi n’a-t-il pas appliqué le droit en annulant tout simplement l’élection comme le prescrit le droit ? Pourquoi Laurent Gbagbo a-t-il accepté le principe de la certification par l’ONU, si la parole de Yao-Ndré suffisait ? Comment peux-tu te prêter à cette mascarade, Jacqueline ? Pour obtenir un poste de ministre dans un gouvernement vomi par la majorité des Ivoiriens, que personne à l’extérieur ne reconnaît, qui bâillonne la presse, qui a fait venir des mercenaires libériens et angolais qui tuent tous les jours et toutes les nuits des Ivoiriens et qui violent nos femmes ? C’est toi, Jacqueline qui demande à l’ONU et aux forces françaises de s’en aller, pour livrer la population sans défense aux crocs des hyènes ? Tu vas toi aussi entonner l’hymne de la souveraineté bafouée, du complot international contre ton pays ? Quelle pitié ! Grisée par ton poste de ministre de pacotille, tu ne vois pas la nuit qui est tombée sur la Côte d’Ivoire ? Tu ne vois pas la démocratie que l’on est en train d’assassiner et qui appelle au secours, tu ne vois pas la pire des dictatures qui est en train de s’installer dans ton pays ? Tu as vraiment choisi d’être du côté des hyènes ? Dis-nous, quel est donc ce pacte diabolique qui te lie à Gbagbo pour que la brillante intellectuelle que tu étais se comporte aujourd’hui comme une « jeune patriote » abrutie ? Tu dors vraiment avec la conscience tranquille après avoir lu tes communiqués ? Non, je n’y crois pas. On te fait chanter, Jacqueline. Dis-le. Dis-nous que tu n’y es pas de ton plein gré. Non, ne donne pas raison à ceux qui disent que le vrai malheur de l’Afrique, ce sont ses intellectuels dont la satisfaction du ventre prime sur les intérêts de leurs pays. Il est encore temps pour toi de te ressaisir et te ranger du côté des combattants pour la démocratie. Parce que le jour se lèvera, tu le sais bien. Et les hyènes gloutonnes aux gueules dégoulinantes de sang chercheront à fuir la lumière. En auront-elles le temps ? J’en doute, car les chasseurs qu’elles n’ont pas entendus venir, occupées qu’elles étaient à leurs festins macabres, sont tout près. Ils ne lâcheront pas prise. Les chasseurs de la Cour pénale internationale traqueront les hyènes puantes jusque dans leurs sordides tanières, tu le sais. Tu es juriste. Où seras-tu, Jacqueline, lorsque les chasseurs seront là ? Venance Konan Email : venancekonan@yahoo.fr Site web : www.venancekonan.com