L’ancien Premier ministre français sous Jacques Chirac, Dominique De Villepin souhaite que l’Europe envoie sur place à Abidjan un représentant capable de mener une négociation. Le site de l’hebdomadaire Jeune Afrique, qui rapporte l’information, indique par ailleurs que De Villepin refuse de croire à la logique de l’ultimatum pour mettre fin à la crise politique en Côte d’Ivoire. « La communauté internationale ne peut pas se contenter de faire des phrases qui ne sont pas suivies d'effets, et pour cela je ne connais pas deux solutions : il faut aller sur le terrain", a-t-il déclaré. Avant d’inviter l’Europe à emboîter le pas à l’Union africaine qui a dépêché l’ex-chef d’Etat sud-africain, Thabo Mbeki pour tenter une médiation. « L'Union africaine a envoyé un médiateur, Thabo Mbeki, l'ancien président sud-africain, il faut que la communauté internationale à travers les Nations unies, il faut que la France, avec l'Europe, envoient sur place un représentant capable de mener une négociation », a-t-il soutenu, demandant à la France de prendre cette initiative. Dominique de Villepin, qui appelle une solution négociée, n’est pas un inconnu dans la crise ivoirienne. Après le déclenchement de la crise armée qui a secoué la Côte d’Ivoire le 22 septembre 2002, en tant que ministre des Affaires étrangères de la France, il a pu mettre autour d’une même table à Marcoussis les leaders politiques ivoiriens pour leur arracher un accord. De Villepin veut rééditer « cet exploit » puisqu’il pense que l’accord de Marcoussis a évité à la Côte d’Ivoire une guerre civile. D’ailleurs, il en parle avec beaucoup de satisfaction : « J'ai conduit cette négociation en 2003 de façon réussie puisque nous avons, sans trop d'encombres, évité la guerre civile ; il faut reproduire le même type de négociation ». Pour l’ex-Premier ministre français, il faut « aujourd'hui trouver une solution où le président élu, Alassane Ouattara puisse prendre le pouvoir tout en laissant une place à l'opposition ». Pour cela, propose-t-il, M Ouattara doit mettre l'accent sur "la réalité de la division du pays sur le plan ethnique, sur le plan religieux et sur le plan géographique" entre le Nord et le Sud. « Je ne crois pas à la logique de l'ultimatum. Nicolas Sarkozy a raison quand il affirme le principe de reconnaissance d'un président élu" mais "dans l'application, il faut que la diplomatie française, avec les Nations Unies, avec les Européens, avec l'Union africaine, trouve le moyen de reprendre langue avec les deux parties », a insisté l'ancien Premier ministre et potentiel rival du président Nicolas Sarkozy. Celui-ci a d’ailleurs appelé, le vendredi dernier, le président Laurent Gbagbo à partir "avant la fin de la semaine" pour laisser Alassane Ouattara, dont l'élection a été reconnue par la communauté internationale, accéder au pouvoir. Il a averti M. Gbagbo qu'en cas de refus, il figurerait sur la liste des personnes visées par des sanctions de l'Union européenne qui sont entrées en application, hier lundi 20 décembre.
Y.DOUMBIA
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