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Politique Publié le mardi 21 décembre 2010 | Notre Voie

Pascal Affi N`Guessan au journal Libération : “Alassane Ouattara doit abandonner la rébellion”

© Notre Voie Par abidjan.net
Pascal Affi N`Guessan Président du Front Populaire Ivoirien
Premier ministre de Côte d`Ivoire d`octobre 2000 à mars 2003, Pascal Affi N`Guessan est proche de Laurent Gbagbo. Président du Front populaire ivoirien, il a été son porte-parole pendant la campagne présidentielle. Président du Front populaire ivoirien (FPI) et porte-parole de Laurent Gbagbo pendant la campagne présidentielle, Pascal Affi N`Guessan revient sur les troubles des derniers jours.

Comment voyez-vous la situation politique en Côte d`Ivoire aujourd`hui?

Pour le moment, la situation est calme, même si la crise n`est pas totalement solutionnée. Ceux qui refusent de reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo se rendent bien compte qu`il n`y a pas d`autre issue que de rentrer dans la République et nous espérons qu`avec le temps, la sagesse va habiter les uns et les autres pour que le pays reprenne son fonctionnement normal.

Vous parlez de sagesse alors qu`il y a eu une trentaine de morts ces derniers jours en Côte d`Ivoire, que des opérations de sécurité ont lieu dans les quartiers la nuit, qu`il y a un sentiment de violence et de terreur, etc. Etes-vous sûr de votre analyse quand vous dites que la situation est calme?
Il ne faut pas exagérer: la journée de jeudi a été un peu mouvementée mais cela résulte du mot d`ordre lancé par l`opposition pour prendre d`assaut la radio-télévision ivoirienne et pour mettre de force un nouveau directeur général ainsi qu`un Premier ministre. C`est une opération pratiquement militaire qui a été engagée, les forces de sécurité ont dû se défendre et donc il y a eu des morts. Mais de part et d`autre, on a compris que la violence ne pouvait pas être la voie pour résoudre les problèmes en Côte d`Ivoire. Et hier et aujourd`hui, les choses se sont tassées.

Parce que l`armée est déployée et que les militaires verrouillent les quartiers...

Bien sûr, les militaires font leur boulot et les forces de sécurité aussi. C`est leur boulot. Cette dissuasion portera ses fruits.

On évoque la présence de milices, notamment de Libériens.

Je ne sais pas si vous en avez rencontrés. Personnellement, je n`en ai pas connaissance. Vous savez, nos adversaires aiment verser dans l`intoxication et aujourd`hui, en Côte d`Ivoire, ce sont les forces de sécurité ivoiriennes qui maintiennent l`ordre.

Quel message lancez-vous aujourd`hui à Alassane Ouattara?

Qu`il rentre dans la République, qu`il abandonne la rébellion et qu`il fasse en sorte d`abréger les souffrances des populations ivoiriennes. Depuis qu`il est revenu dans ce pays en 1993, ce pays n`a pas connu la paix. Il voit bien que par la violence, il ne peut pas s`imposer aux Ivoiriens. En se faisant manipuler par l`extérieur, il ne peut pas devenir président de ce pays. Il faut qu`il s`engage dans la voie de la légalité et de la paix.

L`hôtel du Golf, où réside Alassane Ouattara, avec son gouvernement, est-il aujourd`hui en état de siège?

Les forces de sécurité veillent à ce qu`il n`y ait pas de trouble. Ce n`est pas un état de siège, mais c`est une zone de nuisance et l`hôtel du Golf est devenu une poche de rébellion. C`est à partir de ce lieu que sont lancés tous les messages de déstabilisation et même toutes les initiatives militaires. C`est donc de la responsabilité de l`Etat de veiller à ce que cette zone soit sous contrôle. Si demain, Alassane Ouattara décide de regagner sa résidence, comme toutes les autres personnes de l`hôtel, sa sécurité sera garantie, comme elle l`était auparavant.

Considérez-vous que les Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci) ne sont plus une force d`interposition neutre comme l`a affirmé hier le colonel Babri Gohourou Hilaire, des forces de sécurité?

Il y a des preuves abondantes qui montrent bien que l`Onuci est sortie de son rôle. Young-jin Choi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d`Ivoire a outrepassé ses prérogatives. Il est à la base de la situation, aujourd`hui en Côte d`Ivoire, en voulant désigner le président élu au lieu de certifier le résultat des élections.

Et donc qu`attendez-vous de l`ONU?

Il faut d`abord que cette équipe, qui a failli, qui est une source de difficulté pour la Côte d`Ivoire, parte. Ensuite, il y a la nécessité de rediscuter un nouveau mandat.

Comment résistez-vous aux pressions internationales et quel est votre sentiment sur les déclarations de Nicolas Sarkozy fixant à Laurent Gbagbo un ultimatum pour qu`il entérine la victoire d`Alassane Ouattara?

La déclaration du président Sarkozy, comme d`autres réactions étrangères, constituent pour nous des ingérences intolérables. On feint d`ignorer que la Côte d`Ivoire est un Etat souverain et que la volonté de son peuple mérite d`être respectée.

Mais vous êtes seuls contre le reste du monde.

Seuls contre un certain nombre de chefs d`Etat qui ne parlent même pas au nom de leur peuple, qui souvent d`ailleurs sont vomis par leur propre population. Ces positions partisanes ne nous émeuvent pas. Nous nous battons pour notre dignité, pour notre souveraineté. Ce qui est en jeu, c`est comment sortir du néocolonialisme. Il faut que les dirigeants africains ne soient pas des hommes de paille, des marionnettes dans les mains des puissances occidentales.

Dans quel état d`esprit se trouve Laurent Gbagbo?

Il est serein. Il sait qu`il a la confiance de la Côte d`Ivoire. Il n`est pas du tout ébranlé. Il sait que les régimes africains sont souvent confrontés à ce genre de problème. Nous sommes dans notre bon droit et nous ne reculerons pas.

Ne redoutez-vous pas des risques de dérapage et une escalade de la violence dans les prochains jours?

Je ne le pense pas. A l`intérieur, les Ivoiriens n`ont pas envie de nouvelles violences. Je pense que les moments difficiles sont passés. Ceux qui ont voulu utiliser la force pour s`emparer de la Radio télévision ivoirienne et installer un Premier ministre ont bien observé que cela ne peut fonctionner. Nous espérons que la leçon a été entendue.

Recueilli par Arnaud Vaulerin
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