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Politique Publié le mercredi 22 décembre 2010 | Le Patriote

Surprenant message de Laurent Gbagbo aux ivoiriens, hier : Le discours “blaguer-tuer” d’un homme seul

Pendant trois semaines, il était comme retranché dans une bulle. Devenu totalement sans voix. Laurent Gbagbo a parlé. Enfin. Hier, par précipitation, l’ancien Président de la République a senti le besoin de s’adresser aux Ivoiriens après la décision des chefs de l’Etat de la CEDEAO de se retrouver, après-demain vendredi autour du dossier ivoirien. Dans un discours radiotélévisé, Laurent Gbagbo est resté indifférent à la colère de ses compatriotes et à l’indignation de la communauté internationale qui ne cesse de faire pleuvoir les sanctions sur lui, ses épouses, ses enfants et ses proches. Pis, le candidat du FPI a trouvé l’occasion de faire dans la provocation : « Je suis le Président de la République », a-t-il indiqué comme pour narguer tous ceux qui, ici comme ailleurs, réclament son départ du Palais présidentiel, parce que battu dans les urnes, par Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo a, en outre, sorti de sa poche, un autre tour de passe-passe. Comme solution magique, il propose désormais, la mise en place d’un Comité d’évaluation sur la crise postélectorale. Quels en seront le mandat et les prérogatives ? Laurent Gbagbo n’en dit pas mot. Il s’est seulement borné à en donner la composition. Bien évidemment, le Comité est encadré de quatre coins : par lui, la Constitution, les lois et les procédures. Il viendra en Côte d’Ivoire dans « le respect de la Constitution, des lois ivoiriennes et des procédures que nous nous sommes librement donnés », a-t-il précisé.

Evidemment, ce discours, tous les observateurs l’auront compris, n’est rien moins que du dilatoire. C’est même, au fond, une façon d’endormir le RHDP et la communauté internationale. Chez nous, une expression illustre bien cette méthode de l’école Gbgbao : « blaguer-tuer ». Pour le moment, on attendrit. Demain, le temps de tuer viendra.

Laurent se sait désormais cerné. Au plan interne, étranglé financièrement du fait du contrôle des autorités légales et légitimes sur les comptes publics et l’appel du Premier ministre, Guillaume Soro à la désobéissance civile, l’ex chef de l’Etat comprend qu’il lui sera difficile d’expliquer aux Ivoiriens pourquoi ils ne seront pas payés convenablement, dans les heures qui suivent.

Au plan externe, l’étau se resserre autour de lui. L’Union européenne, les Etats-Unis, ont pris des sanctions ciblées. La CEDEAO se réunit dans 48 heures. Selon nos informations, le ton pourrait monter d’un cran. Au vue de toute cette chaîne qui se déploie, étouffant, petit à petit, son régime, Laurent Gbagbo veut décrisper. Toutefois, sa proposition est une farce à laquelle, lui-même et ses proches ne croient pas. Personne, dans les intenses internationales n’en tiendra compte. A moins que Laurent Gbagbo n’ait été traversé par un vent de sagesse ou convaincu par la poignée de personnalités qui sont encore ses amis et à qui, il prête une oreille attentive, que c’est la fin de la course. Alors, peut-être, voudrait-il, par la mise en place de ce Comité d’évaluation, se ménager une porte de sortie ? Pourquoi pas.

Charles Sanga
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