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Politique Publié le jeudi 23 décembre 2010 | Nord-Sud

Après le discours télévisé de l’ex-chef de l’Etat : Yao N’dré est-il au-dessus des Ivoiriens ?

Le président sortant cherche à se construire une légitimité dans le Conseil constitutionnel, tenu par son ami Paul Yao N'dré.

Le discours de Laurent Gbagbo, mardi, n'a rien apporté au débat. Comme d'habitude, le chef de l'Etat sortant a tenté de se légitimer en s'abritant derrière la Constitution et le conseil constitutionnel. « Ils nous font la guerre, non pas parce que nous aurions empêché l'expression démocratique des Ivoiriens, mais parce qu'ils renient au peuple ivoirien son droit souverain de choisir lui-même ses dirigeants », a-t-il soutenu. Toute la rhétorique du clan Gbagbo repose sur l'Article 98 de la Constitution qui dispose : « Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale. »

Mais, l'argument légaliste de Gbagbo et des siens ne peut pas prospérer. Tout simplement parce qu'il tend, subrepticement, à mettre de côté le peuple, pour s'accrocher aux institutions que celui-ci s'est données.

Dans une démocratie, le pouvoir appartient au peuple. La Constitution est une émanation de ce celui-ci. Le texte fondamental rappelle fort bien en son préambule : « Le peuple de Côte d'Ivoire (…) se donne librement et solennellement comme loi fondamentale la présente Constitution adoptée par Référendum. » Et, conformément à l'article 126, le peuple se donne le droit de se prononcer par référendum, chaque fois que de besoin. C'est le même peuple ivoirien qui a décidé que le président de la République sera élu à la majorité des suffrages, selon les modalités arrêtées. Et, comme prévu, le peuple s'est donné rendez-vous dans les urnes une première fois le 31 octobre 2010 pour départager 14 candidats. Il est retourné aux urnes le 28 novembre pour choisir, librement, entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. A plus de 54%, le peuple s'est prononcé pour M. Ouattara. C'est le refus d'entendre cette voix du peuple qui a plongé le pays dans la crise post-électorale. Pour justifier la confiscation de la voix populaire, le clan Gbagbo soutient que la Commission électorale indépendante (Cei) n'a pas pu prononcer les résultats dans un délai de 72 heures. Inutile d'entrer dans ce faux débat dont le but est de noyer le poisson. La seule question utile est celle-ci : qui a été choisi par le peuple ?

Mis à part le clan Gbagbo, le monde entier a reconnu que c'est Alassane Ouattara qui avait gagné.

Le président du conseil favorable à Gbagbo a lui choisi un autre résultat. Pourtant, Paul Yao N'Dré et les autres conseillers sont nommés par décret, au nom du peuple, sur la base de la Constitution que le peuple s'est donnée. Comme ils sont chargés de veiller à la constitutionalité des actes, leur action est frappée de nullité dès lors qu'elle va dans le sens contraire à la volonté du peuple.

Dans ces conditions, la proclamation de Laurent Gbagbo par le conseil constitutionnel est tout simplement une tentative de détournement de la volonté du peuple. C'est une trahison qui symbolise la rupture entre l'ancien chef de l'Etat et le peuple qu'il prétend défendre. Gbagbo a, dès lors, perdu toute légitimité à parler au nom de la majorité des Ivoiriens. Dans les faits, lui évolue désormais, non pas dans la démocratie à laquelle nous croyons, mais bien dans un système où la dictature le dispute à la monarchie. Triste fin pour celui qui se réclamait le père de la démocratie ivoirienne.

Kesy B. Jacob
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