Laurent Gbagbo, le mauvais perdant de la présidentielle, est sorti de sa retraite. Après tant de jours d’errance, le chef de la refondation est réapparu, avant-hier, sur le petit écran devenu depuis des lustres, la chasse gardée de ceux qui voulaient le libérer du joug du parti unique et du règne du PDCI. Dans un discours préenregistré, comme s’il avait peur, l’ancien opposant historique a parlé et même déparlé. Alors que les Ivoiriens attendaient qu’il vienne reconnaitre sa défaite électorale, le premier des refondateurs, au mépris de notre intelligence et mémoire, a dit être le vainqueur du scrutin où il est de notoriété qu’il a été malmené par le candidat du RHDP, Alassane Ouattara. Assurément, la logique du « qui perd gagne ». Dans ce monologue assourdissant, Gbagbo s’est dit indigné par les tueries massives tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Le cynisme était dégoutant. Ne sait-il pas que ce sont les mercenaires libériens et angolais recrutés par la refondation qui commettent ses crimes odieux et lâches, à la faveur du couvre feu instauré sans raison ? Tout le monde aura compris la portée ubuesque de la comédie jouée par le « Seplou » de Mama. Elle n’avait de comparable que les larmes qu’il a versées l’année dernière au stade Félix Houphouët Boigny, lors de l’hommage rendu à la mémoire des victimes d’un match des Eléphants. Comme s’il n’avait pas trop parlé, Gbagbo se propose d’organiser un autre forum sur les évènements post électoraux. A quel titre prend t-il cet engagement, lui qui n’est qu’un simple opposant politique. En d’autres circonstances, on aurait pouffé de rire, à se trainer par terre, à le voir « tendre la main » au Président élu, Alassane Ouattara. Comment un vaincu peut-il avoir tant d’audace et s’inscrire dans une surestimation de sa personne ? On aura tout vu dans ce pays devenu quelconque depuis la décennie de Laurent Gbagbo. A dire vrai, le camarade socialiste n’avait rien à dire aux Ivoiriens, qui n’attendent que son départ du pouvoir, après la déconvenue du 28 novembre dernier. Dans cette grisaille langagière, on a cependant remarqué que Gbagbo n’était pas à son aise. Son regard hagard et craintif montrait clairement que notre homme a été profondément affecté par la levée de boucliers de ses compatriotes et de l’opinion internationale devant sa volonté suicidaire de confiscation du pouvoir. Tout indiquait le drame intérieur d’un solitaire et d’un ennemi de la démocratie
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga