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Politique Publié le vendredi 24 décembre 2010 | Le Temps

La grande conspiration contre Gbagbo

La Côte d’Ivoire est victime d’une véritable conspiration qui ne dit pas son nom. Dans la situation actuelle, les sourds entendent, les aveugles voient. Seuls ne veulent voir ni entendre que les agents patentés du complot. Comment un quimboiseur peut-il être le remède aux maux dont les symptômes ont été clairement définis et les virus clairement détectés ? Comment Alassane Dramane Ouattara peut-il être un remède pour les maux de la Côte d’Ivoire ? Voici un homme qui n’a ni une connaissance de l’anthropologie africaine, ni de la société africaine encore moins malgré sa grande culture d’assimilé une connaissance psychologique des hommes qu’il veut gouverner.

La route infinie de l’histoire nous apprend que malgré ces balbutiements, malgré l’impression qu’elle nous donne (l’histoire) de se perpétuer ou de recommencer, elle reste indéfiniment constante et non répétitive. Les choses ont beau se ressembler, les faits ont beau être têtus, l’histoire ne se répète pas et ne se répétera jamais car la route infinie de l’histoire un est un processus qui n’aura pour fin que la fin de l’Humanité.

Comment Ado prototype achevé de l’assimilé tel que l’a défini Albert Memmi dans son fameux livre Le portait du colonisé peut-il être un véritable remède pour les maux de la Côte d’Ivoire. Il n’a ni l’étoffe ni le charisme ni la carrure d’un homme de situation malgré l’héritage que pourrait avoir un prince authentique de Sindou ou un prince par effraction de Kong. N’ayant ni appri les us et les coutumes de l’authentique Sénoufo, dont la fierté immense empêche toute confusion chromosomique, il ne pourra jamais être le remède des maux de la Côte d’Ivoire. L’histoire est cruelle mais elle n’est que vérité. Elle ne laisse aucune place à la dissimulation, aux mensonges, à la manipulation et à la mystification.

Un homme aussi fragile, aussi esseulé ne pouvait être qu’un élément de la françafrique qui dérive aujourd’hui vers la mafiafrique. Ce sont ces valeurs quelconques qui pullulent en Afrique et que l’ancien colonisateur particulièrement la France veut ériger en valeur suprême pour défendre ses intérêts en ayant recours à tous les moyens possibles, voire la conspiration. C’est le mal de l’Afrique, c’est le mal du siècle.

En Côte d’Ivoire, la personne toute trouvée s’appelle Alassane Dramane Ouattara. Un personnage dont la légitimité tant chronomique que sociale ne repose sur aucun pilier. Si Ado fait de la politique aujourd’hui, c’est qu’il aspire au pouvoir tant est qu’il considère ce pouvoir comme un moyen au service d’autres fins idéales, égoïstes et mercantilistes. Le prince authentique de Sindou ne désire ce pouvoir que pour lui-même en vue de jouir du sentiment de prestige qu’il pourra éventuellement conférer à un prince authentique de Sindou, ou un prince par effraction de Kong. Il n’a pas encore comprit ce que c’est que décoloniser. Quoi de plus normal d’un prince authentique à la recherche d’un nouveau privilège princier. Il ne peut pas comprendre que décoloniser, c’est s’auto-décolonier.

Aujourd’hui pion privilégié de la France, il a du mal à comprendre que la tendance française à entretenir des liens privilégiés avec les régimes forts et les dictatures est un prolongement direct du vieux paternalisme françafricain.

Assimilé privilégié n’ayant aucune culture authentiquement africaine ignorant de toutes les règles qui régissent une société africaine tant dans ses fondements sociologiques et anthropologiques, l’homme ne peut comprendre qu’il est un des ressorts de la participation à l’oppression. De toute évidence, la participation à la résistance à cette oppression ne peut être qu’un crime de lèse-majesté. Aussi se vautre-t-il dans ce qu’il est loisible d’appeler le mal du siècle, c’est-à-dire une guerre sans merci déclarée entre les champions de la françafrique et ceux de la dignité des peuples.

Ces suppôts dont se serre la France sont incapables de brocarder l’hégémonie destructrice de l’Occident ou d’avoir un devoir d’irrévérence vis-à-vis de cette France qui ne veut pas changer.

Tel est le cas de ce loup téléguidé qu’on a introduit dans la bergerie politique ivoirienne. Tel est aussi le porte-à-faux qui nous sépare d’un individu qui ne prend ses ordres qu’à l’Elysée. Mais pour nous Ivoiriens, notre servitude et notre grandeur exigent la protection sans faille de notre dignité. Nous voulons rester maîtres de notre destin aujourd’hui comme demain. Même si les prétentions totalisantes de la France date et marque d’une tâche indélébile nos relations. Nous Ivoiriens, refusons cette identité culturelle de l’histoire qui se scinde en tradition patriarcale au prestige. La nouvelle souveraineté nationale qu’incarne le Président Laurent Gbagbo refuse de s’en accommoder. Le devoir de désobéissance aux injonctions extérieures est un salut public.

Dommage, vraiment dommage que l’opposition ivoirienne n’ait pas retrouvé une pertinence pendant cette crise. Le racisme médiatique de leurs publications a contribué à l’escamotage des vraies questions démocratiques et d’un débat citoyen qui aurait pu nous aider à sortir de cette crise. L’apologie d’Houphouët-Boigny empreinte de tartufferique n’est pas non plus faite pour aider des hommes qui ne sont pas eux-mêmes. Cette guerre a créé une classe d’individus atomisés qui vivent en marge des réalités qui hier, étaient les leurs. Situation oblige. Aujourd’hui, ils ne vivent que de « ministères juteux », de financement illicite du parti. Le caractère entrepreneur qui considère ces choses-là comme un placement de capitaux qu’ils ont mission de transformer en source de revenue pour l’exploitation de leur influence politique. Ils vivent voracement dans l’utopie d’un monde.

Ange-Marie Ibo Djêgba
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