L’ancien Ministre de l’environnement sous Bédié s’est prononcé sur la situation socio politique en Côte d’Ivoire. Pour lui, la violence ne constitue pas l’option idoine pour résoudre la crise qui continue d’essouffler les Ivoiriens.
Un acteur politique a soutenu que « l’enjeu de l’élection de Gbagbo est panafricain et mondial». Quelle analyse faites-vous de cette affirmation ?
En fait il s’agit de la souveraineté de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il y a une remise en cause manifeste de cette souveraineté par une poignée d’Etats puissants. Ces Etats se couvrent du manteau de ce qu’il est convenu d’appeler «la communauté internationale. Notre pays s’est doté, comme tout Etat souverain, d’une Constitution, à son indépendance en 1960. Et c’est cette Constitution qui, entre autres choses, règle les questions relatives aux élections. En plus de la Constitution, une loi électorale régit tout ce qui est relatif aux élections notamment les élections présidentielles. La loi électorale précise en ce qui concerne le référendum et l’élection présidentielle, que seul le Conseil Constitutionnel proclame les résultats définitifs. Les grandes puissances qui ne souhaitent pas voir le président Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire, ont reconnu les résultats provisoires et permettez-moi d’ajouter, incertains, donnés par le président de la Commission Electorale Indépendante, tout seul en dehors des commissaires centraux et dans un lieu inapproprié, au quartier général d’un des candidats. Je souligne au passage qu’en raison de la forclusion qui la frappait, la Commission Electorale Indépendante, n’avait plus la qualité pour proclamer quelques résultats que ce soit. Et quand Young-Jin Choï, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire et la communauté internationale pour l’appeler ainsi, reconnaît de tels résultats, il devient évident qu’elle bafoue notre souveraineté et qu’elle donne valeur probante à des résultats provisoires et incertains en lieu et place des résultats définitifs proclamés par la plus haute cour juridictionnelle de notre pays. Cette remise en cause, cette négation de notre souveraineté vont immanquablement soulever en Afrique et ailleurs dans le monde des protestations légitimes et un rejet tout aussi légitime du diktat des puissances qui ont pris position contre le président Laurent Gbagbo et se faisant contre la légalité de la République de Côte d’Ivoire et sa souveraineté. La boîte de pandore est ouverte et Dieu seul sait les conséquences que cela aura sur les rapports entre les grandes puissances et le reste du monde. En cela, je partage pleinement l’affirmation à laquelle vous faites allusion.
Pensez-vous qu’il y a cacophonie?
Je ne suis qu’un homme politique. S’agissant de votre question, l’histoire des nations nous enseigne qu’après des gesticulations mal fondées comme c’est le cas pour les élections qui viennent de se dérouler dans notre pays, les Etats riches et puissants finissent par renouer avec le pays pauvre injustement attaqué. Le cas douloureux du Zimbabwe il y a quelques années, en est la parfaite illustration. Je suis convaincu pour ma part qu’après l’intervention du président de la République le 21 décembre dernier et surtout avec son appel à mettre sur pied un comité d’évaluation des élections présidentielles du 28 novembre et de la crise post-électorale, que la vérité éclatera et que les Etats qui ont fait preuve d’un suivisme bêlant, se ressaisiront et reconnaitront au peuple ivoirien, le droit souverain, à l’exclusion de tout autre organe ou Etat, de choisir librement son Président de la République. Ces pays ne pourront qu’entretenir des relations normales et même de bonnes relations avec l’Etat de Côte d’Ivoire. En un mot comme en mille, c’est une bourrasque qui passera.
Qu’est ce qui motive cette sérénité ?
Je suis serein parce que le droit en la matière a été appliqué. J’estime que, contester l’arrêt du Conseil Constitutionnel est une injure à la nation ivoirienne et à chacun des Ivoiriens. Les Etats qui aujourd’hui contestent, pour des raisons qu’eux seuls savent, l’élection du Président Gbagbo, ont bien leurs présidents proclamés élus par l’équivalent de notre Conseil Constitutionnel. Ils ne pourront pas tenir longtemps dans le déni de justice qu’ils font à la Côte d’Ivoire. Leur opinion nationale, une fois la vérité connue, ne leur permettra pas de nier l’évidence et de bafouer la souveraineté d’un Etat membre des Nations Unies. Je passe sous silence leurs intérêts bien compris et ceux de leurs ressortissants vivant en Côte d’Ivoire.
Comment l’autorité de l’Etat va-t-elle être restaurée dans les zones CNO ?
Je suis de nature optimiste mais les temps que nous vivons m’obligent à plus de réalisme, sans toutefois verser dans un pessimisme de mauvais aloi. Je suis choqué par l’affirmation de l’Union Européenne selon laquelle, l’élection présidentielle s’est déroulée à 95% normalement dans la zone CNO. C’est à se demander si ces messieurs et dames étaient à Touba, Séguéla, Odienné et Korhogo lorsque le 28 novembre les électeurs de LMP étaient humiliés, insultés, battus, quelques fois sauvagement comme la dame Traoré Karidjatou, le commandant Bakary Coulibaly et des dizaines d’autres à Korhogo et ailleurs. L’établissement hospitalier la PISAM à Abidjan a reçu une bonne quinzaine de cas graves. Je suis scandalisé de voir passer sous silence toutes les atrocités vécues par les korhogolaises et les korhogolais dont le crime impardonnable est de soutenir le Président Laurent Gbagbo. Sans être pessimiste, le désarmement qui théoriquement, devrait avoir été fait deux mois avant les élections, est devenu une opération particulièrement difficile, voire quasiment impossible. Dès avant le premier tour, les rebelles exhibaient non seulement les kalachnikovs et d’autres armes individuelles toutes aussi meurtrières. Mais, plus grave, ils exhibaient des armes lourdes. Nos populations ont été menacées par ces porteurs d’armes pour voter pour Alassane Ouattara. Les partisans de ce dernier, aidés des rebelles ont exercé des violences encore plus graves sur les représentants du candidat Laurent Gbagbo et ses superviseurs. De nombreuses urnes ont été bourrées et même quelque fois, au-delà du raisonnable. Dans nombre de bureaux de vote en effet, le nombre de votants a dépassé de loin celui des inscrits. Faire semblant d’ignorer ces tricheries, ces intimidations et ces atrocités qui ont effectivement changé les résultats et donné une victoire fictive dans la zone CNO à Alassane Ouattara, est proprement scandaleux. Que ces mêmes représentants de l’Union européenne se précipitent pour proclamer cet homme élu sur la base des seuls résultats provisoires de la Commission Electorale Indépendante alors que les résultats définitifs n’avaient pas encore été proclamés par le Conseil Constitutionnel, seule institution qui en a la compétence, ne peut que laisser perplexe. Comment expliquer la différence de traitement du dossier électoral entre leur pays et le nôtre? Le dédain, le mépris et le racisme ne peuvent pas ne pas venir à l’esprit. Cela est triste. N’ayons pas peur de le dire, nous sommes revenus à la case départ par rapport au 19 septembre 2002. A la vérité, la situation est encore plus grave, non seulement les rebelles n’ont pas désarmé mais bien au contraire, ils se sont fortement dotés en armes. Je fais cependant confiance au Président Laurent Gbagbo, quand le tintamarre injustifié de Young-Jin Choi, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire et de la communauté internationale se sera tu, pour ouvrir des négociations avec nos frères d’en face pour la réunification effective du pays. Ne nous voilons pas la face, ce ne sera pas chose facile.
Réalisée par JM Tokré
Un acteur politique a soutenu que « l’enjeu de l’élection de Gbagbo est panafricain et mondial». Quelle analyse faites-vous de cette affirmation ?
En fait il s’agit de la souveraineté de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il y a une remise en cause manifeste de cette souveraineté par une poignée d’Etats puissants. Ces Etats se couvrent du manteau de ce qu’il est convenu d’appeler «la communauté internationale. Notre pays s’est doté, comme tout Etat souverain, d’une Constitution, à son indépendance en 1960. Et c’est cette Constitution qui, entre autres choses, règle les questions relatives aux élections. En plus de la Constitution, une loi électorale régit tout ce qui est relatif aux élections notamment les élections présidentielles. La loi électorale précise en ce qui concerne le référendum et l’élection présidentielle, que seul le Conseil Constitutionnel proclame les résultats définitifs. Les grandes puissances qui ne souhaitent pas voir le président Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire, ont reconnu les résultats provisoires et permettez-moi d’ajouter, incertains, donnés par le président de la Commission Electorale Indépendante, tout seul en dehors des commissaires centraux et dans un lieu inapproprié, au quartier général d’un des candidats. Je souligne au passage qu’en raison de la forclusion qui la frappait, la Commission Electorale Indépendante, n’avait plus la qualité pour proclamer quelques résultats que ce soit. Et quand Young-Jin Choï, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire et la communauté internationale pour l’appeler ainsi, reconnaît de tels résultats, il devient évident qu’elle bafoue notre souveraineté et qu’elle donne valeur probante à des résultats provisoires et incertains en lieu et place des résultats définitifs proclamés par la plus haute cour juridictionnelle de notre pays. Cette remise en cause, cette négation de notre souveraineté vont immanquablement soulever en Afrique et ailleurs dans le monde des protestations légitimes et un rejet tout aussi légitime du diktat des puissances qui ont pris position contre le président Laurent Gbagbo et se faisant contre la légalité de la République de Côte d’Ivoire et sa souveraineté. La boîte de pandore est ouverte et Dieu seul sait les conséquences que cela aura sur les rapports entre les grandes puissances et le reste du monde. En cela, je partage pleinement l’affirmation à laquelle vous faites allusion.
Pensez-vous qu’il y a cacophonie?
Je ne suis qu’un homme politique. S’agissant de votre question, l’histoire des nations nous enseigne qu’après des gesticulations mal fondées comme c’est le cas pour les élections qui viennent de se dérouler dans notre pays, les Etats riches et puissants finissent par renouer avec le pays pauvre injustement attaqué. Le cas douloureux du Zimbabwe il y a quelques années, en est la parfaite illustration. Je suis convaincu pour ma part qu’après l’intervention du président de la République le 21 décembre dernier et surtout avec son appel à mettre sur pied un comité d’évaluation des élections présidentielles du 28 novembre et de la crise post-électorale, que la vérité éclatera et que les Etats qui ont fait preuve d’un suivisme bêlant, se ressaisiront et reconnaitront au peuple ivoirien, le droit souverain, à l’exclusion de tout autre organe ou Etat, de choisir librement son Président de la République. Ces pays ne pourront qu’entretenir des relations normales et même de bonnes relations avec l’Etat de Côte d’Ivoire. En un mot comme en mille, c’est une bourrasque qui passera.
Qu’est ce qui motive cette sérénité ?
Je suis serein parce que le droit en la matière a été appliqué. J’estime que, contester l’arrêt du Conseil Constitutionnel est une injure à la nation ivoirienne et à chacun des Ivoiriens. Les Etats qui aujourd’hui contestent, pour des raisons qu’eux seuls savent, l’élection du Président Gbagbo, ont bien leurs présidents proclamés élus par l’équivalent de notre Conseil Constitutionnel. Ils ne pourront pas tenir longtemps dans le déni de justice qu’ils font à la Côte d’Ivoire. Leur opinion nationale, une fois la vérité connue, ne leur permettra pas de nier l’évidence et de bafouer la souveraineté d’un Etat membre des Nations Unies. Je passe sous silence leurs intérêts bien compris et ceux de leurs ressortissants vivant en Côte d’Ivoire.
Comment l’autorité de l’Etat va-t-elle être restaurée dans les zones CNO ?
Je suis de nature optimiste mais les temps que nous vivons m’obligent à plus de réalisme, sans toutefois verser dans un pessimisme de mauvais aloi. Je suis choqué par l’affirmation de l’Union Européenne selon laquelle, l’élection présidentielle s’est déroulée à 95% normalement dans la zone CNO. C’est à se demander si ces messieurs et dames étaient à Touba, Séguéla, Odienné et Korhogo lorsque le 28 novembre les électeurs de LMP étaient humiliés, insultés, battus, quelques fois sauvagement comme la dame Traoré Karidjatou, le commandant Bakary Coulibaly et des dizaines d’autres à Korhogo et ailleurs. L’établissement hospitalier la PISAM à Abidjan a reçu une bonne quinzaine de cas graves. Je suis scandalisé de voir passer sous silence toutes les atrocités vécues par les korhogolaises et les korhogolais dont le crime impardonnable est de soutenir le Président Laurent Gbagbo. Sans être pessimiste, le désarmement qui théoriquement, devrait avoir été fait deux mois avant les élections, est devenu une opération particulièrement difficile, voire quasiment impossible. Dès avant le premier tour, les rebelles exhibaient non seulement les kalachnikovs et d’autres armes individuelles toutes aussi meurtrières. Mais, plus grave, ils exhibaient des armes lourdes. Nos populations ont été menacées par ces porteurs d’armes pour voter pour Alassane Ouattara. Les partisans de ce dernier, aidés des rebelles ont exercé des violences encore plus graves sur les représentants du candidat Laurent Gbagbo et ses superviseurs. De nombreuses urnes ont été bourrées et même quelque fois, au-delà du raisonnable. Dans nombre de bureaux de vote en effet, le nombre de votants a dépassé de loin celui des inscrits. Faire semblant d’ignorer ces tricheries, ces intimidations et ces atrocités qui ont effectivement changé les résultats et donné une victoire fictive dans la zone CNO à Alassane Ouattara, est proprement scandaleux. Que ces mêmes représentants de l’Union européenne se précipitent pour proclamer cet homme élu sur la base des seuls résultats provisoires de la Commission Electorale Indépendante alors que les résultats définitifs n’avaient pas encore été proclamés par le Conseil Constitutionnel, seule institution qui en a la compétence, ne peut que laisser perplexe. Comment expliquer la différence de traitement du dossier électoral entre leur pays et le nôtre? Le dédain, le mépris et le racisme ne peuvent pas ne pas venir à l’esprit. Cela est triste. N’ayons pas peur de le dire, nous sommes revenus à la case départ par rapport au 19 septembre 2002. A la vérité, la situation est encore plus grave, non seulement les rebelles n’ont pas désarmé mais bien au contraire, ils se sont fortement dotés en armes. Je fais cependant confiance au Président Laurent Gbagbo, quand le tintamarre injustifié de Young-Jin Choi, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire et de la communauté internationale se sera tu, pour ouvrir des négociations avec nos frères d’en face pour la réunification effective du pays. Ne nous voilons pas la face, ce ne sera pas chose facile.
Réalisée par JM Tokré