Vous arrivez, excellences, dans ce pays jadis beau et paisible ! Aujourd’hui défiguré et méconnaissable ! Envoyés par vos paires de la CEDEAO pour parler à votre ami, frère et ex homologue Laurent Gbagbo. Votre mission est délicate. Puisque celle de la dernière chance pour un départ négocié du candidat malheureux des élections du 28 novembre du fauteuil qu’il veut conserver contre la volonté des ivoiriens. Certainement que vos ambassadeurs et représentants diplomatiques vous ont déjà parlé de ce qui prévaut dans le camp du perdant. De ce côté, c’est la trompette de la souveraineté, du respect des institutions et du complot international qui est embouchée. Un peu pour rappeler que Gbagbo est en place, et que tout peu se négocier sauf son fauteuil que le conseil constitutionnel lui a reconduit en le déclarant vainqueur, et en procédant à son investiture. Pour montrer que la population fait corps avec Gbagbo, ses hommes promettent « un rassemblement panafricain » à la place de la République le lendemain de votre séjour en Côte d’Ivoire. Et comme à Abuja, au sommet où vous avez pris part, il est clairement mentionné que, en cas d’échec de votre mission, le recours à la force s’imposera à la CEDEAO, le chiffon rouge de la guerre civile est agité par le régime putschiste en place. Pour freiner l’ardeur à tous les chefs d’état de l’institution sous régionale, les campagnes de presse et les communiqués des officiels, indexent les populations étrangères originaires de la CEDEAO et évoquent les dangers qui planeraient sur elles en cas d’attaque militaire contre Gbagbo. Excellences, messieurs les présidents, honorables envoyés ! Les ivoiriens prient pour la réussite de votre mission. Elle les soulagera avec le départ pacifique de l’homme qui leur fait vivre un véritable enfer depuis dix ans et dont ils ont décidé de se débarrasser dans les urnes. Mais, si Gbagbo refuse cette ultime sortie honorable, les ivoiriens savent que le salut viendra alors de la force militaire. Alors, ils feront tout pour que tout se passe bien. Excellences, merci beaucoup pour votre soutien au peuple ivoirien.
D. Al Seni
D. Al Seni