Alors qu'il est au fond de l'abîme, les amis capables de sortir d'affaire Laurent Gbagbo, se font désespérément attendre.
Laurent Gbagbo est visiblement seul au monde et face au monde. Dans la crise post-électorale qui le met aux prises avec son grand rival, Alassane Ouattara, vainqueur dans les urnes du second tour de la présidentielle du 28 novembre dernier, tout le monde semble lui avoir tourné le dos, y compris ses soutiens les plus sûrs qui lui ont permis de tenir jusqu'à présent. Dans ces conditions, qui pourra le sauver d'une l'intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui a reçu la bénédiction des Etats-Unis d'Amérique, de la France ? L'intéressé lui-même apporte la réponse à cette interrogation. Recevant, samedi dernier, un collectif de chefs traditionnels, il a confié que le téléphone est coupé entre lui et ses amis d'hier. « Quand j'appelle certains chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest, ils ont peur de parler mais je parle avec ceux qui sont indépendants », a confié Laurent Gbagbo. C'est que personne parmi les amis en question ne veut se compromettre avec M. Gbagbo dont le nationalisme et le panafricanisme se sont avérés débridés au fil du temps. Ajoutez à cela, les engagements mais jamais respectés par l'ancien président du Front populaire ivoirien (Fpi). La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, est la machination mise en œuvre par son clan pour s'accrocher au pouvoir. C'est dans un tel contexte que les uns après les autres, ses pairs de la sous-région (Ellen Johnson Sirleaf, Pedro Pires, Faure Gnassingbé, John Atta Mills, Thomas Boni Yayi, Blaise Compaoré voire le nouveau venu, Alpha Condé) ont plus ou moins pris leur distance vis-à-vis de son régime. Plus personne pour le soutenir ou pour plaider sa cause. C'est bien en présence des présidents béninois et cap-verdien, proches parmi les proches que la Cedeao a décidé de recourir à la force pour le déloger. La cause de Laurent Gbagbo semble bien entendue et, pour se tirer d'affaires, lui et ses partisans ont donc recours désormais aux mercenaires bon marché venus du Liberia et d'Angola. Réussiront-ils, eux, à le sauver ? On attend de voir.
Marc Dossa