L`écrivain africain cheik Hamidou Kane a accordé une interview à Jeune Afrique de cette semaine. Interrogé sur la crise ivoirienne, voici sa réponse : « La crise en Cote d’Ivoire suscite chez moi, à la fois, déception et satisfaction. La déception résulte d’une nouvelle manifestation de la crise de leadership qui touche les élites politiques africaines modernes. Il est décevant que Laurent Gbagbo, qui appartient au petit nombre d’intellectuel arrive à la tête d’un Etat, qui fut un militant, un opposant de la première heure au pouvoir personnel d’Houphouët-Boigny et un partisan de l’unité africaine, n`ait ni évité d’instrumentaliser les appartenances ethniques des électeurs, ni su échapper à la tentation de s’accrocher au pouvoir malgré le verdict des urnes. En félicitant Alassane Ouattara d’avoir été choisi par la majorité du peuple ivoirien, on peut lui souhaiter de garder la tenue et la retenue dont il a fait preuve pendant la campagne et après cette victoire outrageusement contestée par son adversaire. On doit surtout l adjurer de restituer à son pays le rôle d acteur pivot de l`intégration économique, financière, culturelle et politique de l`Afrique. Il faut tourner le dos à la balkanisation voulue et consacrée par Houphouët, a l’ivoirite et a tout ce qui maintient les divisions héritées de la colonisation. Les ivoiriens, comme les Guinéens, sont allés aux urnes dans la discipline et la paix. Ils ont résiste aux démons de l’instrumentalisation a des fins politiques, de leur appartenance ethnique ou religieuse, et cela après des décennies pendant lesquelles ils ont été privés de la possibilité d’exprimer leurs choix.
In Jeune Afrique N°2607-2608 du 26 décembre 2010.
J.A
In Jeune Afrique N°2607-2608 du 26 décembre 2010.
J.A