“Pourquoi je suis devenu un rebelle ». Le livre écrit en juin 2005, aux éditions « Hachette » par le Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro, pour justifier sa prise d’armes en septembre 2002 s’imbrique si joliment avec la triste réalité que nous donne à voir l’ancien président Laurent Gbagbo, battu aux élections par Alassane Ouattara, qu’il importe de relire cet ouvrage. Manifestement, le chef du gouvernement avait prévu la volonté de confiscation du pouvoir et la tentation génocidaire de Gbagbo. Pour Guillaume Soro, les ingrédients du génocide que Gbagbo met en place au lendemain de sa défaite électorale, avec les assassinats ciblés de populations triées sur le volet ethnique et tribal, n’est pas une surprise. Connaissant à merveille les pratiques antidémocratiques du chef des refondateurs, qui n’hésite pas à lancer des mercenaires libériens et angolais derrière ses compatriotes, au terme de sa défaite, Guillaume Soro le disait si ouvertement en 2005, aux pages 9 et 15 de son livre : « Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, un génocide menace, analogue à celui qu’a connu le Rwanda. M. Laurent Gbagbo, l’actuel chef de l’Etat de la Côte d’Ivoire, a une responsabilité majeure dans la catastrophe qui se prépare. Tandis que la communauté internationale tergiverse sans arrêt, tandis que mon pays s’enfonce dans la crise, malgré les cris d’alerte des Ivoiriens, malgré les appels des organisations de défense des droits de l’homme, le désastre approche. Le parallèle avec le Rwanda est saisissant. Là-bas aussi, la communauté internationale s’est interposée après le déclenchement d’une crise politique et militaire. Cela n’a pas empêché en rien l’une des pires tragédies qu’ait connues l’humanité… Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, les ingrédients d’une catastrophe humanitaire analogue à celle qu’a connue le Rwanda se mettent progressivement en place, au vu et au su de toute la communauté internationale. Comme Jean Hatzfeld l’explique à propos du Rwanda, c’est avec le temps que la haine réussira à s’installer assez profondément jusqu’à faire d’un voisin un assassin sanguinaire, acteur d’un génocide ». La similitude est saisissante avec les tueries post électoraux que Gbagbo et le FPI organisent avec la participation active de « chiens de guerre » libériens et angolais. Depuis fort longtemps, il n’est pas rare de voir la haine s’installer dans le cœur de certains de nos compatriotes, qui n’hésitent pas à livrer des voisins et amis à la vindicte des escadrons de la mort. Ce sont ces cauchemars et traumatismes que les Ivoiriens ont vécu ces jours derniers. Toujours dans cette opération bien macabre du chef des refondateurs, le premier ministre avait mis en garde contre les dérives langagières et claniques de la télévision et des certains médias au Rwanda. « Les médias ont organisé la plus vile propagande. Ils ont véhiculé le venin de la haine, de la xénophobie et le culte du meurtre. Pendant plusieurs années, la terriblement célèbre Radio télévision libre des Mille Collines ( RTLMC) a multiplié sur tous les tons, par des prêches et par des blagues grâce à des « débats » ou via des chansons, les appels à écraser les cancrelats Tutsi », a constaté Guillaume Soro. Dans son pays aujourd’hui, les mêmes causes s’activent pour produire les mêmes effets. La télévision ivoirienne est devenue une caisse de résonnance et un instrument de propagande au service de Laurent Gbagbo. A longueur de journée, elle organise des « débats », monologues à la gloire du chef de file du FPI et ne cesse de livrer les opposants à la vindicte populaire. Avec le journal gouvernemental, la RTI oppose les Ivoiriens les uns les autres et entonne fièrement l’hymne au meurtre et à l’assassinat politique. Soro ne disait pas autre chose à la page 14 de « Pourquoi je suis devenu un rebelle » : « Si le Rwanda a connu la honte et la tragédie avec la radio des Mille Collines, la presse ivoirienne est aujourd’hui connue à travers le monde entier pour ses débordements…. Le National, Notre voie, l’œil du Peuple, et la RTI sont des médias purement xénophobes qui continuent à attiser quotidiennement la haine ». En 2010, la donne n’a pas varié. La télévision version Brou Amessan distille dangereusement les ingrédients de la conflagration sociale. Par ailleurs, il est fort à parier que le Premier ministre n’est nullement étonné devant la vaine tentative de confiscation du pouvoir, nonobstant sa débâcle électorale. Il le disait fort justement à la page 155 de son livre : « M. Laurent Gbagbo n’a aucune chance de remporter un scrutin ouvert et transparent. Son entourage n’a de raison d’être et de participer au pouvoir que la guerre. Pour eux, si la crise ivoirienne se termine, le chômage les attend. Cette aile dure a la caution de Mme Simone Gbagbo… La communauté internationale doit veiller à empêcher que ces extrémistes parfaitement identifiés ne brûlent le reste de la Côte d’Ivoire ». En Côte d’Ivoire, c’est à un jeu que s’adonnent les Blé Goudé, Dogbo Blé, Guai Bi Poin, Atteby, et bien d’autres mandarins de la refondation. Pour s’accrocher au pouvoir, en contestation de la volonté populaire, Gbagbo se braque contre tout et contre tous. Se mettant dans la peau de l’ennemi de la paix et de la Côte d’Ivoire. Ses propos de Guillaume Soro collent si bien avec la réalité qui s’offre à nos yeux : « La Côte d’Ivoire de demain, la Côte d’Ivoire dont je rêve, sera libre et ouverte à tous. Les étrangers partis à cause de la crise pourront revenir sereinement pour vivre dans ce pays. Cette Côte d’Ivoire-là se fera sûrement sans M. Laurent Gbagbo. Il est et restera dans l’histoire de mon pays comme l’homme qui en a divisé les fils. L’homme qui a causé une guerre et l’a perdue ».
En regardant Laurent Gbagbo, le mauvais perdant, se dresser contre son pays et le monde entier, à braver mêmes les puissances mondiales, on ne peut rester impassible devant le discours prémonitoire du premier ministre ivoirien. Bakary Nimaga
En regardant Laurent Gbagbo, le mauvais perdant, se dresser contre son pays et le monde entier, à braver mêmes les puissances mondiales, on ne peut rester impassible devant le discours prémonitoire du premier ministre ivoirien. Bakary Nimaga