Au lendemain de la visite mardi à Abidjan des émissaires de la Cedeao, les présidents Yayi Boni du Bénin, Pedro Pires (Cap Vert) et Ernest Koroma de le Sierra Leone, pour trouver une issue à la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, l’artiste résident en Allemagne Joss Rastaman Number One (Gnékonté Jocelyn) a produit hier mercredi une déclaration téléphonique. Sujet d’une réaction : l’utilisation de la force, ultime option de la Cedeao, pour régler le contentieux ivoirien. De son point de vue, ‘’c’est très drôle !’’. ‘’C’est une honte pour l’Afrique’’ qui, fait-il remarquer – à l’opposé de l’Europe – a créée une Cedeao et une Union Africaine « qui, chaque fois, attaquent dans les sommets les Etats africains qu’ils mettent au fauteuil blanc ». Cependant souligne-t-il « l’Union Européenne a été créée pour défendre les Etats européens, pour se défendre mutuellement contre le poids de décision des Etats-Unis dans les affaires du monde – Parce que l’Europe veut se sauver de l’impérialisme américain ». Se voulant par ailleurs loin des débats tenus dans des « bars par des intellectuels des pays d’Afrique », il appelle à la mesure. Parce que, soutient-il, « dès que la situation arrive chez nous, on n’arrive plus à les reconnaître » eux qui se « jouant les intellectuels, disent que la métropole manipule lorsqu’elle n’arrive pas à avoir un chef d’Etat sous contrôle ; alors elle fait tout pour l’enlever». Engagé dans ce schéma (la Cedeao), l’artiste Joss Rastaman Number One – sans « affinité personnelle avec un politicien que ce soit et s’affichant du côté adverse de la métropole parce qu’étant rasta» – déplore qu’aujourd’hui «encore, c’est comme si nous nous retrouvons à Guélémou : On va livrer Samory une fois encore. On va le faire et on va le faire ». Au peule ivoirien, il dit : «Voici le moment de se mettre ensemble» pour barrer la route à la force militaire sous régionale. Mais, ce qu’il dit ne pas comprendre dans l’intervention de la force de la Cedeao, c’est « comment et pourquoi » cela a pu être pensé. « Pourquoi la Cedeao va-t-elle attaquer la Côte d’Ivoire ? Après la guerre mondiale, vont-ils créer maintenant la guerre d’Afrique ? », s’est-il interrogé. Ajoutant que « sommet après sommet, la Cedeao qui n’a pas décidé d’attaquer la rébellion (Ndlr ; en Côte d’Ivoire) se met aujourd’hui ensemble et va attaquer la Côte d’Ivoire. C’est très drôle ! … On n’a pas vu une Cedeao qui a attaqué lorsque la rébellion est arrivée à Abidjan. Ce n’est que lorsqu’elle s’est retirée jusqu’à Bouaké, parce qu’on savait où elle était, que la Cedeao est intervenue ». Critique sur la situation de crise ivoirienne dont la sortie, indique l’artiste-rasta, a été mal négociée, Joss rappelle qu’un « pays (la Côte d’Ivoire) qui n’est pas désarmé et qui va aux élections, celles-ci débouchent forcement sur des problèmes. On en sort forcement mal ». C’est dans le « cafouillage », relate-t-il, que la pression a été mise pour y aller. « On ne règle le problème qu’à la surface. C’est l’exemple de quelqu’un qui a un robinet ouvert dans son salon et se sert d’une serpillère pour essuyer au lieu de fermer son robinet », explique-t-il. Pour l’artiste chanteur, la «population électorale» qui a endossé les attaques proférées par un tel politicien contre tel autre adversaire s’est laissée prendre dans le « piège » de la politique. « En Côte d’Ivoire on est tombé dans un gros problème et on va mettre beaucoup de temps à rattraper le retard… Les politiciens qui se battent se lancent toujours des pièges. Sur ce terrain, quelqu’un a dit que son adversaire n’est pas éligible – c’est là son plan politique pour piéger son adversaire politique… Des gens ont eu besoin d’avoir une population électorale et ont est allé effrayer nos frères les dioulas mettant en doute leur nationalité. Ce n’est pas aux blancs de venir nous montrer des exemples d’union. Nous sommes depuis unis».
Koné Saydoo
Koné Saydoo