La marche organisée le 16 décembre par le Rhdp sur la Rti pour contraindre Laurent Gbagbo à céder le pouvoir avait été sévèrement matée par les hommes du général Dogbo Blé aidés de mercenaires venus de l’Angola et du Liberia. Depuis lors, les refugiés libériens vivant en Côte d’ivoire ont peur pour leur sécurité. Eux dont les compatriotes ont joué une part active dans les exactions contre des militants Rhdp aux mains nues qui manifestaient pourtant pacifiquement pour demander le départ de l’ex Président du pouvoir qu’il a confisqué. Pour se mettre en sécurité, la centaine d’hommes, de femmes et d’enfants ont investi depuis le samedi 18 décembre le siège du Haut commissariat des refugiés (Hcr) aux deux plateaux carrefour Duncan. Le lundi dernier, la désolation et la crainte se lisaient encore sur les yeux de ces familles qui ont fui les communes d’Abobo, Williamsville, Anyama pour ‘’ camper en ces lieux’’. Un groupe de nourrices assises à même le sol et adossées à un amas de matelas cherchent dans leur baluchon de quoi changer leurs bébés. Un peu plus loin, des hommes discutent chaudement de l’atmosphère politique actuelle et de ce qui leur arrive. Sur les affiches de fortune, on pouvait lire « sos refugiés libériens en danger, aidez nous » ou encore « refugiés libériens demandent secours ». A en croire le chef des communautés des refugiés libériens qui a requis l’anonymat, ils sont en Côte d’Ivoire depuis 1990 avec un statut de refugiés. Mais nous n’avons jamais eu aussi peur que maintenant. Surtout, depuis que nous avons appris que des mercenaires libériens sont venus tuer des ivoiriens. Nous ne faisons pas la politique et nous ne voulons pas payer pour ce qu’ils ont fait. C’est pour cela que nous sommes là pour demander aux autorités de venir à notre secours», confesse t-il. Pour ce chef, il n’est pas question de retourner dans leur quartier si la sécurité n’est pas revenue. Selon Mohamed Touré, représentant intérimaire du Hcr en Côte d’Ivoire, « si le sentiment d’insécurité est réel comme c’est le cas à travers tout le pays, il n’est pas encore établi que ces refugiés aient été l’objet d’attaques et d’agression dans leurs différents quartiers. Néanmoins, convaincus que leur présence devant nos locaux les expose davantage, nous avons de concert avec le Service d’aide et d’assistance aux refugiés et apatrides(SAARA) eu des rencontres avec eux mais aussi avec les chefs de communautés et les commissariats de police de leurs quartiers afin que leur sécurité soit assurée. D’autres organisations non gouvernementales comme Caritas et Asapsu ont également été contactées en vue de les aider. Nous les exhortons donc à retourner dans leur quartier», t-il conclu. Mais pour l’instant, ce retour n’est pas encore effectif.
Jean Jacques Guédé
Jean Jacques Guédé