Trois chefs d'Etat de la Cedeao étaient venus lancer un ultimatum à Laurent Gbagbo. Ils sont repartis avec la promesse de revenir le 3 janvier. Les raisons d'une hésitation.
Interviendra, interviendra pas ? La question est sur toutes les lèvres. Et, la Cedeao elle-même ne fait rien pour éclaircir l'horizon. Alors que sa mission de la dernière chance était venue délivrer mardi un ultimatum à Laurent Gbagbo, l'organisation laisse entendre que l'intervention militaire à laquelle celui-ci s'exposait n'est pas à l'ordre du jour pour le moment. Si le camp du président élu est quelque peu perplexe, celui du perdant jubile face à ce qu'il considère comme l'éloignement de l'intervention militaire. Ce léger répit, Laurent Gbagbo le doit à son ami, le président capverdien. En effet, c'est Pedro Pires qui a proposé l'idée du 3 janvier, synonyme de report de toute décision d'intervention. Il dévoilera ses intentions lors de la rencontre de la délégation de la Cedeao avec le président ivoirien, Alassane Ouattara. Les entretiens ont débuté à 19h30 et duré 45 mn. Autour de la table, Alassane Ouattara, Thomas Yayi Boni (Bénin), Ernest Baï Korona (Sierra Leone) et Pedro Rodrigues Pires (Cap-Vert). Alassane Ouattara plante rapidement le décor. Pour lui, il n'y a pas de grand débat à mener. Les élections se sont tenues aux conditions de M. Gbagbo qui les avait reportées, se maintenant de manière irrégulière à la tête de l'Etat pendant quatre ans. Avant le scrutin, le chef de l'Etat sortant s'est attaqué au corps électoral qu'il a mis à sa taille. Il a dissous la Commission électorale indépendante (Cei) et a procédé à un mouvement préfectoral à la veille de l'échéance électorale. Malgré toutes ces décisions, Laurent Gbagbo a perdu les élections mais refuse de passer la main. Cette confiscation du pouvoir fait souffrir le peuple alors que l'autorité légitime est quasiment maintenue en prison à l'hôtel du Golf. La population civile est massacrée, et la communauté internationale narguée. « C'est inadmissible, la Côte d'Ivoire ne peut pas continuer de souffrir », peste M. Ouattara. Après avoir remercié la Cedeao pour les efforts déjà fournis, le président ivoirien indique que la Côte d'Ivoire a besoin de stabilité pour se développer. Il invite donc l'organisation sous-régionale à « agir vite ». Pedro Pires commence par souhaiter que la Côte d'Ivoire évite la guerre par tous les moyens. Il faut maintenir la négociation, selon lui. Il prend acte des propositions de M. Ouattara et promet d'en rendre compte à M. Gbagbo et au président nigerian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Cedeao. Puis dévoile ses intentions en laissant entendre qu'il souhaite revenir pour poursuivre la médiation. Yayi Boni marque diplomatiquement son désaccord. Le chef de l'Etat béninois rappelle que tous les trois ne sont que des mandataires envoyés par leurs pairs de la Cedeao. Il réaffirme à M. Ouattara le soutien de l'organisation. Et enfonce le clou : « Vous incarnez la légitimité. A ce titre, je vous félicite pour votre brillante élection. La Cedeao est à vos côtés. Elle doit tout faire pour mettre en œuvre le suffrage légitime du peuple. Nous continuons nos efforts pour que vous rentriez dans vos prérogatives et mettiez en application votre programme », lance-t-il au vainqueur de l'élection du 28 novembre dernier. Il rappellera que les chefs d'Etat de la Cedeao étaient parvenus à un accord sur la légitimité de son hôte après trois heures de débats sur la situation en Côte d'Ivoire. Baï Paul Koroma s'aligne sur la position de son homologue béninois. Il insiste aussi sur leur qualité de mandataires et espère que la médiation va permettre d'éviter le recours à la solution militaire pour que M. Ouattara puisse exercer enfin son mandat. « Le temps presse, il faut agir très rapidement », insiste-t-il, apportant de l'eau au moulin de son homologue ivoirien. Ce dernier saisit la perche. Selon M. Ouattara, le temps presse et les violations massives des droits de l'Homme se poursuivent. Certes, lui aussi ne veut pas forcément de la solution militaire, mais il souhaite qu'on abrège les souffrances de la population.
Kesy B. Jacob
Interviendra, interviendra pas ? La question est sur toutes les lèvres. Et, la Cedeao elle-même ne fait rien pour éclaircir l'horizon. Alors que sa mission de la dernière chance était venue délivrer mardi un ultimatum à Laurent Gbagbo, l'organisation laisse entendre que l'intervention militaire à laquelle celui-ci s'exposait n'est pas à l'ordre du jour pour le moment. Si le camp du président élu est quelque peu perplexe, celui du perdant jubile face à ce qu'il considère comme l'éloignement de l'intervention militaire. Ce léger répit, Laurent Gbagbo le doit à son ami, le président capverdien. En effet, c'est Pedro Pires qui a proposé l'idée du 3 janvier, synonyme de report de toute décision d'intervention. Il dévoilera ses intentions lors de la rencontre de la délégation de la Cedeao avec le président ivoirien, Alassane Ouattara. Les entretiens ont débuté à 19h30 et duré 45 mn. Autour de la table, Alassane Ouattara, Thomas Yayi Boni (Bénin), Ernest Baï Korona (Sierra Leone) et Pedro Rodrigues Pires (Cap-Vert). Alassane Ouattara plante rapidement le décor. Pour lui, il n'y a pas de grand débat à mener. Les élections se sont tenues aux conditions de M. Gbagbo qui les avait reportées, se maintenant de manière irrégulière à la tête de l'Etat pendant quatre ans. Avant le scrutin, le chef de l'Etat sortant s'est attaqué au corps électoral qu'il a mis à sa taille. Il a dissous la Commission électorale indépendante (Cei) et a procédé à un mouvement préfectoral à la veille de l'échéance électorale. Malgré toutes ces décisions, Laurent Gbagbo a perdu les élections mais refuse de passer la main. Cette confiscation du pouvoir fait souffrir le peuple alors que l'autorité légitime est quasiment maintenue en prison à l'hôtel du Golf. La population civile est massacrée, et la communauté internationale narguée. « C'est inadmissible, la Côte d'Ivoire ne peut pas continuer de souffrir », peste M. Ouattara. Après avoir remercié la Cedeao pour les efforts déjà fournis, le président ivoirien indique que la Côte d'Ivoire a besoin de stabilité pour se développer. Il invite donc l'organisation sous-régionale à « agir vite ». Pedro Pires commence par souhaiter que la Côte d'Ivoire évite la guerre par tous les moyens. Il faut maintenir la négociation, selon lui. Il prend acte des propositions de M. Ouattara et promet d'en rendre compte à M. Gbagbo et au président nigerian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Cedeao. Puis dévoile ses intentions en laissant entendre qu'il souhaite revenir pour poursuivre la médiation. Yayi Boni marque diplomatiquement son désaccord. Le chef de l'Etat béninois rappelle que tous les trois ne sont que des mandataires envoyés par leurs pairs de la Cedeao. Il réaffirme à M. Ouattara le soutien de l'organisation. Et enfonce le clou : « Vous incarnez la légitimité. A ce titre, je vous félicite pour votre brillante élection. La Cedeao est à vos côtés. Elle doit tout faire pour mettre en œuvre le suffrage légitime du peuple. Nous continuons nos efforts pour que vous rentriez dans vos prérogatives et mettiez en application votre programme », lance-t-il au vainqueur de l'élection du 28 novembre dernier. Il rappellera que les chefs d'Etat de la Cedeao étaient parvenus à un accord sur la légitimité de son hôte après trois heures de débats sur la situation en Côte d'Ivoire. Baï Paul Koroma s'aligne sur la position de son homologue béninois. Il insiste aussi sur leur qualité de mandataires et espère que la médiation va permettre d'éviter le recours à la solution militaire pour que M. Ouattara puisse exercer enfin son mandat. « Le temps presse, il faut agir très rapidement », insiste-t-il, apportant de l'eau au moulin de son homologue ivoirien. Ce dernier saisit la perche. Selon M. Ouattara, le temps presse et les violations massives des droits de l'Homme se poursuivent. Certes, lui aussi ne veut pas forcément de la solution militaire, mais il souhaite qu'on abrège les souffrances de la population.
Kesy B. Jacob