La CEDEAO a entrepris depuis le mardi dernier une dernière médiation pour tenter de résoudre pacifiquement et diplomatiquement la crise postélectorale que vit la Côte d’Ivoire. Battu à la loyale dans les urnes, le président sortant refuse de céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Malgré les appels incessants de la communauté internationale, Gbagbo Laurent reste de marbre. Avant donc la solution militaire, la CEDEAO tente une approche pacifique de la dernière chance. Trois présidents sont cooptés pour faire entendre raison à un Laurent Gbagbo décidé à voler au peuple sa volonté de faire d’Alassane Ouattara le nouveau chef de l’exécutif ivoirien. Malheureusement, l’un des trois médiateurs pose problème. Il s’agit de Pedro Pires, le président du Cap vert. En effet, il sera difficile pour ce dernier de se départir des ses accointances avec l’ancien chef d’Etat. D’abord, l’homme qui ne paie pas les cotisations de son pays au niveau de l’institution sous-régionale est plus que redevable à Laurent Gbagbo. Le numéro un capverdien se rappelle encore les 150 millions que Gbagbo lui a offerts pour appuyer un projet de construction d’un institut ouest africain chez lui. Pour ce même projet, la CEDEAO avait déjà avancé à Pedro Pires environ 500 mille dollars Us et tarde à voir les traces de projet. Malgré tous ces appuis, Pedro Pires est resté un mauvais élève de la CEDEAO et continue de ne pas reverser, comme ses pairs, les prélèvements communautaires. Toujours en difficultés financières, c’est Laurent Gbagbo qui fait transporter les officiels et autres experts capverdiens pour les sommets et autres conférences de la sous région dans l’avion de la présidence de Côte d’Ivoire. Une chose que Pires a en tête et qui, certainement, l’amène à ne pas être objectif dans la crise ivoirienne. Mieux, son ministre des affaires étrangères et chargé de la coopération est un habitué d’Abidjan. Jose Britto a passé un bon moment en Côte d’Ivoire et a eu le temps de tisser de bonnes relations avec Laurent Gbagbo. C’est ce dernier qui travaille sous cape pour l’ancien président ivoirien. C’est lui, comme un activiste, qui a précipitamment fait signer un communiqué de la présidence capverdienne affirmant que la CEDEAO privilégierait la voix du dialogue avant même que les trois chefs d’Etat ne rendent compte de leur mission à Goodluck Jonathan. Toute chose qui, selon des sources dignes de foi, aurait fâché le chef de l’Etat nigérian et président en exercice de la CEDEAO. Il est donc clair que Pedro Pires, qui reçoit très souvent Gbagbo en vacances chez lui, n’est pas bien placé pour être le médiateur idéal. C’est ce qui amène certains observateurs à dire que le président capverdien joue sur le temps pour arranger son ami. Sinon pour les deux autres, les choses sont différentes. Le Chef de l’Etat sierra léonais, Ernest Koroma, est contre la solution militaire pour la simple raison que son pays garde un mauvais souvenir du passage de l’Ecomog à Freetown. Hormis ce fait, il ne souhaite pas que Gbagbo garde, par devers lui, un pouvoir qu’il a démocratiquement perdu. Yayi Boni, un autre proche de Gbagbo n’est pas aussi inflexible que le capverdien. D’ailleurs, le patron de Cotonou, préoccupé par des problèmes internes, n’était pas retourné avec ses deux autres pairs à Abuja. Comme on le dit à Abidjan, Yayi n’est plus très « chaud » pour soutenir encore Gbagbo.
Koné Lassiné
Koné Lassiné