La fin de l’année 2010 a été marquée en Côte d’Ivoire par l’historique élection présidentielle – la plus chère du monde – qui a mis en lice 14 candidats. Du jamais vu en Côte d’Ivoire ! Mais le déroulement des faits ne confirmera pas au pays le profil d’une démocratie retrouvée. Fait insolite, l’élection à deux tours prend fin sur une prestation serment de deux présidents qui clament, chacun de son côté, la victoire. Comme dit l’essayiste Fofana, auteur de « La conservation du pouvoir politique » paru en 2009 en France, la Côte d’Ivoire après Houphouët est reconnue, sur le plan international, par ses prises de pouvoirs extraordinaires. Les artistes, comme des éclaireurs, sont malheureusement incompris ou victimes de leurs œuvres, ont proposé hier dimanche, 2 janvier 2011, par la voix de la Fondation des artistes de Côte d’Ivoire (Fondaci) une médiation de l’ex-président Henri Konan Bédié pour ‘’rapprocher’’ les présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. ‘’Nous invitons – cela n’engage que nous – le président Henri Konan Bédié pour le rapprochement du président Alassane Ouattara et le président Laurent Gbagbo. Parce que les deux se retrouvent en lui. Il (Ndlr ; Bédié) est leur aîné. Je pense véritablement qu’il peut jouer une carte de médiation. Qu’il dépose sa casquette de PDCI et de RHDP. Il est aujourd’hui le repère dans cette nation’’, a estimé Aimond William, président exécutif de la Fondaci. Prenant pour exemple la visite rendue à Henri Konan Bédié (au titre de président du Pdci) par le président Laurent Gbagbo pour surseoir à toute marche pendant les assises de la BAD à Abidjan, Aimond William ne crache pas sur la médiation intérieure. « Qu’il rapproche ses deux jeunes frères qui sont aussi des amis et que tous voient l’intérêt de la nation », a-t-il indiqué. Artisan de la paix, ayant contribué à faire tomber les murs de la méfiance entre le nord ivoirien (ex-rébellion) et le sud (zone gouvernementale) par la tournée des Sillons de la paix, Aimond William a toujours pris son bâton de pèlerin pour prôner une politique (culturelle) d’apaisement et de prise de conscience de la population des dangers et autres des dérapages. C’est engagé sur cette voie que, deux jours avant l’élection présidentielle du 30 octobre 2010, la Fondation qu’il préside a décerné à chacun des candidats, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les « Prix fair-play » pour une élection apaisée. Parce que, dit-il, toute stabilité dépend de la paix. ‘’Il faut qu’il y ait la stabilité’’, a-t-il formulé comme vœux pour 2011 et de déplorer que ‘’ceux qui ont payé le lourd tribut, c’est nous (Ndlr ; artistes)’’. Les rendez-vous culturels seront manqués parce que, soutient-il, la situation du pays ne prévalait pas. ‘’Pour cela, nous souhaitons la stabilité politique au niveau du pays pour que, vivement, les activités culturelles et économiques reprennent véritablement’’, a souhaité Aimond William. Prenant position à la suite des représailles contre certains artistes – estampillés d’un tel bord politique – le président de la Fondaci s’est indigné de la tournure des enjeux politiques. Aïcha Aïcha Koné, Noël Dourey, Antoinette Alany, Ahmed Souaney et bien d’autres ont été victimes de la colère de l’entourage proche où d’un groupe opposé à l’orientation politique de ces artistes. ‘’Que la population ne s’en prenne plus à ces artistes parce que, dans tout pays du monde, les artistes prennent position. Madonna a pris position en Amérique pour Bill Clinton, en France également des artistes ont pris position pour le président Sarkozy...’’, s’est-il indigné. Et de condamner les violences contre ses pairs artistes. ‘’Nous condamnons ces actions. Nous invitons la population ivoirienne à ne pas s’en prendre à ces personnes qui sont libres de faire un choix politique. Mais au-delà, les artistes appartiennent à tout le monde’’, fait-il comprendre. Pour lui l’esprit de fraternité devrait prévaloir entre les Ivoiriens. ‘’Que les élections ne soient pas une source de division’’, a souhaité Aimond William qui a entrepris une tournée début janvier 2011, chez ces artistes victimes de la politique. Leur apporter le soutien de la Fondation.
Koné Saydoo
Koné Saydoo
