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Politique Publié le dimanche 2 janvier 2011 | AFP

L`avenir de la Côte d`Ivoire suspendu à une nouvelle mission africaine

© AFP Par DR
Mission d`urgence de l`Union africaine à Abidjan: le premier ministre Kényan, Raila Odinga
ABIDJAN - L`avenir de la Côte d`Ivoire était suspendu dimanche à une nouvelle mission que doivent conduire lundi à Abidjan trois chefs d`Etat ouest-africains, accompagnés du Premier ministre kényan, pour tenter de résoudre une crise qui a déjà fait près de 200 morts selon l`ONU.

Envoyé par l`Union africaine, le Kényan Raila Odinga a rencontré dimanche soir à Abuja le président nigérian Goodluck Jonathan, qui tient actuellement les rênes de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao),
en première ligne dans les efforts de médiation.

"Nous avons dîné ensemble et nous avons parlé de la crise ivoirienne", a dit M. Odinga à l`AFP par téléphone.

S`il s`est prononcé récemment pour le départ de Laurent Gbagbo de la présidence ivoirienne, par la force si nécessaire, il a assuré n`avoir "aucun a priori", présentant sa visite comme "une mission de protection de la démocratie et de la voix du peuple en Côte d`Ivoire".

Il retrouvera lundi à Abidjan les chefs d`Etat Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert).

Mandatés par la Cédéao, ces trois dirigeants y étaient venus une première
fois le 28 décembre pour rencontrer Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, les deux protagonistes de la grave crise née de la présidentielle du
28 novembre.

Gbagbo est resté au pouvoir après avoir été proclamé élu par le Conseil
constitutionnel, mais la quasi-totalité de la communauté internationale
reconnaît Ouattara comme président légitime.

C`est "pour donner une chance" à ces négociations que les partisans de
Gbagbo ont décidé de suspendre leur projet d`invasion de l`Hôtel du Golf, à
Abidjan, qui sert de quartier général à Ouattara, a expliqué dimanche soir
Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo.

Blé Goudé avait appelé les siens à "libérer à mains nues", après le 1er janvier, cet hôtel où Ouattara est retranché avec son gouvernement dirigé par le chef de l`ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro.

Si dimanche tout était resté calme aux alentours du "Golf", protégé par des éléments FN et quelque 800 soldats de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci), le chef des "patriotes" a promis de remobiliser ses
partisans dès mardi.

La Cédéao privilégie encore la voie du dialogue, mais elle a menacé d`utiliser la force pour faire partir Gbagbo s`il refusait de céder sa place à Ouattara. L`option militaire est d`ailleurs en préparation, en "dernier recours". L`organisation doit décider d`ici mardi de "nouveaux pas" en vue d`une issue.

Un échec de la mission de la Cédéao risquerait d`avoir des conséquences dramatiques se traduisant par une nouvelle explosion de violences. Depuis mi-décembre, 179 personnes ont été tuées, selon l`ONU qui a pointé la
responsabilité des forces pro-Gbagbo.

Amnesty International a demandé aux émissaires ouest-africains de "placer la protection des droits humains au coeur de leurs efforts" car "des populations continuent de vivre dans la peur d`être abattues, arrêtées ou enlevées par des forces de sécurité ou des miliciens proches de Laurent Gbagbo".

Le secrétaire général de l`ONU Ban Ki-moon, qui a réitéré le soutien "indéfectible" des Nations unies à Ouattara, a affirmé que l`organisation
ferait tout pour accéder à une banlieue d`Abidjan, Anyama, où se trouverait un charnier et où elle n`a pu accéder, affirmant en avoir été empêchée par les
pro-Gbagbo.

Anne Gnahouret, ministre de la Solidarité de Gbagbo, a de son côté fait
état de plus de 10.000 Ivoiriens réfugiés au Liberia et en Guinée, et de plus de 2.500 déplacés internes fuyant le nord tenu par les FN. Elle a accusé "les organisations internationales" de les "ignorer".

A la veille de l`arrivée des médiateurs, Gbagbo ne semblait pas prêt à
céder du terrain. Il a haussé le ton contre l`Onuci (9.000 éléments), l`accusant d`avoir "tiré sur des civils" - ce qu`a formellement démenti la mission -, et exigé de nouveau qu`elle quitte le pays avec la force française
Licorne (900 hommes).

Deux célèbres avocats français qu`il a recrutés, l`ancien ministre Roland
Dumas et Jacques Vergès, ont proposé leur solution pour sortir de la crise: un
recomptage des voix de la présidentielle.
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