Dans une lettre ouverte envoyée à tous les parlementaires de l’Hexagone, les Français de Côte d’Ivoire appellent leurs élus à faire pression sur Nicolas Sarkozy afin d’éviter une déflagration dans le pays qui ternirait « davantage l’image de la France en Afrique et dans le monde ».
Sommés de quitter Abidjan malgré leur refus, les Français de Côte d’Ivoire ont réagi hier, aux objurgations de leurs autorités par l’envoi de deux courriers. Dans le premier, adressé à l’ambassadeur Jean-Marc Simon, ils s’interrogent sur l’opportunité de la décision du report de la rentrée scolaire dans les établissements français de Côte d’Ivoire et souhaitent que leur soit fournies « de plus amples informations ». De toute « urgence ». Dans le second, ils s’en prennent directement à leurs députés, complices passifs de Nicolas Sarkozy dont l’ingérence menace à la fois de provoquer une guerre civile en Côte d’Ivoire et de ternir l’image de leur pays dans le reste des nations. « Nous affirmons avec force que le président Nicolas Sarkozy et la communauté internationale, concernant la situation en Côte d’Ivoire, vous trompent. M. Alassane Ouattara n’a pas été élu ». Dès lors, « tout autre résultat le donnant vainqueur n’est que pur mensonge et manipulation » de la part de ceux qui « veulent installer au pouvoir un vassal », écrivent-ils dans un texte au vitriole parrainé par l’association des binationaux de Côte d’Ivoire composée en majorité de Français, reçus dimanche dernier à Abidjan par l’ancien Président du Conseil constitutionnel français Roland Dumas et l’avocat international Me Vergès.
L’agacement des émetteurs de cette correspondance musclée tient à la fois de l’existence de menaces réelles qui pèsent sur la paix sociale en raison des violences post-électorales qui persistent en Côte d’Ivoire que du harcèlement quasi quotidien de leur hiérarchie qui les enjoint de quitter le pays comme si elle en tirait un plaisir particulier. Car, Paris ne se prive jamais de marginaliser les contrevenants qui, cette fois encore, risquent d’être sévèrement punis pour avoir bravé, comme en novembre 2004, l’interdiction de rester en Côte d’Ivoire.
Double discours. D’ailleurs, sur la sécurité des ressortissants français vivant en Côte d’Ivoire, les autorités françaises entretiennent un double discours qui montre à quel point elles semblent gênées aux entournures. Pendant que la ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie et son homologue de la Défense Alain Juppé font chorus pour affirmer qu’en dépit des tensions qui existent à Abidjan la sécurité des Français n’est pas mise en danger, l’ambassade multiplie les appels à quitter le pays à travers des mises en garde abondamment relayées par la radio de l’Onuci. Y a-t-il donc quelque chose de louche que Paris n’oserait pas dire à ses propres ressortissants, ne serait-ce que pour les convaincre de partir, ou bien les autorités françaises espèrent-elles tirer profit d’une éventuelle situation de panique généralisée en Côte d’Ivoire ? Quoiqu’il en soit, les binationaux de Côte d’Ivoire ont clairement identifié leurs coupables qui ne sont autres que leurs députés, trop amorphes ou trop indolents face à « la politique d’un autre âge commencée par Jacques Chirac» en Côte d’Ivoire et poursuivie «cyniquement par le Président Nicolas Sarkozy». «Prenez conscience, vous députés français, que cet homme retranché au golf et coupé de la population, pour imposer son pouvoir, en appelle à la désobéissance civile. Cet appel est ignoré des Ivoiriens et Alassane Dramane Ouattara n’a d’autre possibilité que l’utilisation d’un coup de force impossible sans l’arsenal médiatique et militaire de l’Onuci et des Forces Licorne. C’est ce qui s’est passé depuis le coup d’Etat avorté de septembre 2002 et cette vérité n’est plus contestable » peut-on encore lire dans le texte.
Apaisement. Depuis quelques jours cependant, le ton est à l’apaisement et même la Cedeao qui avait décidé de se coltiner le sale boulot d’intervenir militairement en Côte d’Ivoire, parle désormais de dialogue « pour résoudre cette Crise ». Même tonalité chez les autorités américaines. Seul Paris semble garder la même ligne dure, alors que les nationalistes africains retrouvent de la voix. Laurent Gbagbo a pu ainsi compter comme soutien le Parti nationaliste sud-africain qui appelle ouvertement au respect de la Constitution et de la souveraineté ivoirienne. Les binationaux, eux, auraient bien aimé voir les parlementaires français se joindre au concert de reconnaissance pour ne pas que la France porte sur sa conscience «une grande responsabilité dans la déflagration» en Côte d’Ivoire qui ternirait à coup sûr «son image en Afrique et dans le monde».
La correspondance particulière
J. T.
Sommés de quitter Abidjan malgré leur refus, les Français de Côte d’Ivoire ont réagi hier, aux objurgations de leurs autorités par l’envoi de deux courriers. Dans le premier, adressé à l’ambassadeur Jean-Marc Simon, ils s’interrogent sur l’opportunité de la décision du report de la rentrée scolaire dans les établissements français de Côte d’Ivoire et souhaitent que leur soit fournies « de plus amples informations ». De toute « urgence ». Dans le second, ils s’en prennent directement à leurs députés, complices passifs de Nicolas Sarkozy dont l’ingérence menace à la fois de provoquer une guerre civile en Côte d’Ivoire et de ternir l’image de leur pays dans le reste des nations. « Nous affirmons avec force que le président Nicolas Sarkozy et la communauté internationale, concernant la situation en Côte d’Ivoire, vous trompent. M. Alassane Ouattara n’a pas été élu ». Dès lors, « tout autre résultat le donnant vainqueur n’est que pur mensonge et manipulation » de la part de ceux qui « veulent installer au pouvoir un vassal », écrivent-ils dans un texte au vitriole parrainé par l’association des binationaux de Côte d’Ivoire composée en majorité de Français, reçus dimanche dernier à Abidjan par l’ancien Président du Conseil constitutionnel français Roland Dumas et l’avocat international Me Vergès.
L’agacement des émetteurs de cette correspondance musclée tient à la fois de l’existence de menaces réelles qui pèsent sur la paix sociale en raison des violences post-électorales qui persistent en Côte d’Ivoire que du harcèlement quasi quotidien de leur hiérarchie qui les enjoint de quitter le pays comme si elle en tirait un plaisir particulier. Car, Paris ne se prive jamais de marginaliser les contrevenants qui, cette fois encore, risquent d’être sévèrement punis pour avoir bravé, comme en novembre 2004, l’interdiction de rester en Côte d’Ivoire.
Double discours. D’ailleurs, sur la sécurité des ressortissants français vivant en Côte d’Ivoire, les autorités françaises entretiennent un double discours qui montre à quel point elles semblent gênées aux entournures. Pendant que la ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie et son homologue de la Défense Alain Juppé font chorus pour affirmer qu’en dépit des tensions qui existent à Abidjan la sécurité des Français n’est pas mise en danger, l’ambassade multiplie les appels à quitter le pays à travers des mises en garde abondamment relayées par la radio de l’Onuci. Y a-t-il donc quelque chose de louche que Paris n’oserait pas dire à ses propres ressortissants, ne serait-ce que pour les convaincre de partir, ou bien les autorités françaises espèrent-elles tirer profit d’une éventuelle situation de panique généralisée en Côte d’Ivoire ? Quoiqu’il en soit, les binationaux de Côte d’Ivoire ont clairement identifié leurs coupables qui ne sont autres que leurs députés, trop amorphes ou trop indolents face à « la politique d’un autre âge commencée par Jacques Chirac» en Côte d’Ivoire et poursuivie «cyniquement par le Président Nicolas Sarkozy». «Prenez conscience, vous députés français, que cet homme retranché au golf et coupé de la population, pour imposer son pouvoir, en appelle à la désobéissance civile. Cet appel est ignoré des Ivoiriens et Alassane Dramane Ouattara n’a d’autre possibilité que l’utilisation d’un coup de force impossible sans l’arsenal médiatique et militaire de l’Onuci et des Forces Licorne. C’est ce qui s’est passé depuis le coup d’Etat avorté de septembre 2002 et cette vérité n’est plus contestable » peut-on encore lire dans le texte.
Apaisement. Depuis quelques jours cependant, le ton est à l’apaisement et même la Cedeao qui avait décidé de se coltiner le sale boulot d’intervenir militairement en Côte d’Ivoire, parle désormais de dialogue « pour résoudre cette Crise ». Même tonalité chez les autorités américaines. Seul Paris semble garder la même ligne dure, alors que les nationalistes africains retrouvent de la voix. Laurent Gbagbo a pu ainsi compter comme soutien le Parti nationaliste sud-africain qui appelle ouvertement au respect de la Constitution et de la souveraineté ivoirienne. Les binationaux, eux, auraient bien aimé voir les parlementaires français se joindre au concert de reconnaissance pour ne pas que la France porte sur sa conscience «une grande responsabilité dans la déflagration» en Côte d’Ivoire qui ternirait à coup sûr «son image en Afrique et dans le monde».
La correspondance particulière
J. T.