La mission de la Cedeao n'a pas convaincu, hier, le président sortant de céder le fauteuil au président élu. Place à l'intervention militaire.
Echec. Sans grande surprise, les émissaires de la Cedeao ont échoué, hier, pour la deuxième fois, à régler par le dialogue la crise provoquée par la confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo.
La messe a été dite à l'hôtel du Golf, où le président élu vit reclus avec son gouvernement et plusieurs collaborateurs. Les trois chefs d'Etats (Bénin, Cap-Vert et Sierra-Léone) et le Premier ministre kenyan sont arrivés vers 18h10 au siège provisoire du gouvernement pour près de trois heures d'entretien. Ils ont transmis au président élu les propositions du chef de l'Etat sortant. Celles-ci se résument en son idée d'un comité international d'évaluation, chargé d'évaluer l'ensemble du processus de sortie de crise et de recompter les voix du scrutin du 28 novembre 2010. Laurent Gbagbo ne consent à partir que si le nouveau décompte le donne perdant. Il considère qu'il ne peut pas quitter comme cela le pouvoir alors qu'un peu plus de 2 millions de personnes lui ont accordé leurs suffrages.
Fin de non-recevoir d'Alassane Ouattara qui juge cette proposition inacceptable. D'autant qu'en plus de la Commission électorale indépendante (Cei), la facilitation burkinabé, l'Onu et le Conseil constitutionnel ont traité les procès-verbaux du vote. Laurent Gbagbo ne peut donc s'accrocher aux résultats du seul Conseil constitutionnel en considérant que les trois autres institutions se sont trompées.
Pour lui, l'ancien chef de l'Etat doit reconnaître les trois autres résultats et de ce fait le statut de président de la République de son adversaire. C'est à cette condition que Ouattara pourra éventuellement accepter un face-à-face avec le perdant pour examiner les conditions de son départ. Il serait même prêt à revenir sur son ultimatum, relatif aux poursuites judiciaires auxquelles s'exposerait Gbagbo s'il ne rendait pas le pouvoir avant le 31 décembre 2010 à minuit (le président élu lui éviterait ainsi les poursuites qui pèsent sur lui).
Ouattara conclut donc que, comme à son habitude, Gbagbo veut encore entraîner tout le monde dans le dilatoire. Il rappelle à ses interlocuteurs qu'après avoir soutenu que les reclus du Golf étaient libres de rentrer chez eux, Laurent Gbagbo avait quasiment installé des bases militaires autour de l'hôtel. « C'est un monsieur en qui on ne peut pas faire confiance », charge M. Ouattara. D'ailleurs, la délégation de la Cedeao a dû s'en rendre compte elle-même, vu les barrages qu'elle a dû traverser avant d'arriver à l'hôtel.
Pour sa part, le Premier ministre ivoirien s'est étonné que la mission de la Cedeao, initialement scellée dans un mandat clair d'information à l'ancien chef de l'Etat, se mue progressivement en nouvelle médiation. Guillaume Soro s'est aussi offusqué des déclarations de certains des membres de la délégation. En voulant s'installer dans des négociations à n'en pas finir, ceux-ci donnent le sentiment d'ignorer les efforts des Ivoiriens tout au long du processus. Pis, ils ignorent le drame que vivent 20 millions de personnes depuis plus d'un mois. Il souhaite que toute cette détresse humaine, caractérisée par plus de 200 morts soit prise en considération. Pedro Pires qui s'est senti interpellé par cette sortie musclée du Premier ministre intervient pour se défendre. Il réaffirme sa préférence pour la solution négociée. Mais, estimant sa crédibilité mise en cause, il informe le président élu qu'il ne reviendra plus en Côte d'Ivoire dans le cadre de ce dossier trop « complexe ».
La réunion s'accorde sur la nécessité d'aller rendre compte de l'échec au président en exercice de la Cedeao, le nigérian Goodluck Jonathan. Les autorités légitimes et reconnues de la Côte d'Ivoire ont donc marqué leur accord pour le déclenchement de l'opération militaire considérée comme dernier recours par la Cedeao pour faire respecter le choix du peuple. Pour cela, elles sont prêtes à mettre à la disposition de la force sous-régionale, l'aéroport de Bouaké. Selon des sources crédibles, le processus militaire a déjà commencé.Face à la presse, Alassane Ouattara a déclaré que, pour lui, « les discussions sont terminées » et il a appelé son rival Laurent Gbagbo à « quitter le pouvoir».
Kesy B. Jacob
Echec. Sans grande surprise, les émissaires de la Cedeao ont échoué, hier, pour la deuxième fois, à régler par le dialogue la crise provoquée par la confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo.
La messe a été dite à l'hôtel du Golf, où le président élu vit reclus avec son gouvernement et plusieurs collaborateurs. Les trois chefs d'Etats (Bénin, Cap-Vert et Sierra-Léone) et le Premier ministre kenyan sont arrivés vers 18h10 au siège provisoire du gouvernement pour près de trois heures d'entretien. Ils ont transmis au président élu les propositions du chef de l'Etat sortant. Celles-ci se résument en son idée d'un comité international d'évaluation, chargé d'évaluer l'ensemble du processus de sortie de crise et de recompter les voix du scrutin du 28 novembre 2010. Laurent Gbagbo ne consent à partir que si le nouveau décompte le donne perdant. Il considère qu'il ne peut pas quitter comme cela le pouvoir alors qu'un peu plus de 2 millions de personnes lui ont accordé leurs suffrages.
Fin de non-recevoir d'Alassane Ouattara qui juge cette proposition inacceptable. D'autant qu'en plus de la Commission électorale indépendante (Cei), la facilitation burkinabé, l'Onu et le Conseil constitutionnel ont traité les procès-verbaux du vote. Laurent Gbagbo ne peut donc s'accrocher aux résultats du seul Conseil constitutionnel en considérant que les trois autres institutions se sont trompées.
Pour lui, l'ancien chef de l'Etat doit reconnaître les trois autres résultats et de ce fait le statut de président de la République de son adversaire. C'est à cette condition que Ouattara pourra éventuellement accepter un face-à-face avec le perdant pour examiner les conditions de son départ. Il serait même prêt à revenir sur son ultimatum, relatif aux poursuites judiciaires auxquelles s'exposerait Gbagbo s'il ne rendait pas le pouvoir avant le 31 décembre 2010 à minuit (le président élu lui éviterait ainsi les poursuites qui pèsent sur lui).
Ouattara conclut donc que, comme à son habitude, Gbagbo veut encore entraîner tout le monde dans le dilatoire. Il rappelle à ses interlocuteurs qu'après avoir soutenu que les reclus du Golf étaient libres de rentrer chez eux, Laurent Gbagbo avait quasiment installé des bases militaires autour de l'hôtel. « C'est un monsieur en qui on ne peut pas faire confiance », charge M. Ouattara. D'ailleurs, la délégation de la Cedeao a dû s'en rendre compte elle-même, vu les barrages qu'elle a dû traverser avant d'arriver à l'hôtel.
Pour sa part, le Premier ministre ivoirien s'est étonné que la mission de la Cedeao, initialement scellée dans un mandat clair d'information à l'ancien chef de l'Etat, se mue progressivement en nouvelle médiation. Guillaume Soro s'est aussi offusqué des déclarations de certains des membres de la délégation. En voulant s'installer dans des négociations à n'en pas finir, ceux-ci donnent le sentiment d'ignorer les efforts des Ivoiriens tout au long du processus. Pis, ils ignorent le drame que vivent 20 millions de personnes depuis plus d'un mois. Il souhaite que toute cette détresse humaine, caractérisée par plus de 200 morts soit prise en considération. Pedro Pires qui s'est senti interpellé par cette sortie musclée du Premier ministre intervient pour se défendre. Il réaffirme sa préférence pour la solution négociée. Mais, estimant sa crédibilité mise en cause, il informe le président élu qu'il ne reviendra plus en Côte d'Ivoire dans le cadre de ce dossier trop « complexe ».
La réunion s'accorde sur la nécessité d'aller rendre compte de l'échec au président en exercice de la Cedeao, le nigérian Goodluck Jonathan. Les autorités légitimes et reconnues de la Côte d'Ivoire ont donc marqué leur accord pour le déclenchement de l'opération militaire considérée comme dernier recours par la Cedeao pour faire respecter le choix du peuple. Pour cela, elles sont prêtes à mettre à la disposition de la force sous-régionale, l'aéroport de Bouaké. Selon des sources crédibles, le processus militaire a déjà commencé.Face à la presse, Alassane Ouattara a déclaré que, pour lui, « les discussions sont terminées » et il a appelé son rival Laurent Gbagbo à « quitter le pouvoir».
Kesy B. Jacob