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Politique Publié le mercredi 5 janvier 2011 | L’expression

Lettre ouverte de Denis Kah Zion Aux Cadres de l’Ouest : «Quel est, au juste, notre problème à l’Ouest, précisément dans le Moyen-Cavally ?»

D’entrée de jeu, je voudrais signaler que mes propos-interpellations s’adressent à tous les fils de la grande région de l’Ouest. Toutefois, il est connu que c’est une minorité qui tire l’humanité. C’est pourquoi, j’insiste sur le rôle des cadres.
Quel est le problème à l’ouest, plus précisément dans le Moyen-Cavally ?
La rébellion a débuté 1 Abidjan et dans le Nord de la Côte d’Ivoire, le 19 septembre 2002. Elle a installé son quartier général dans le Centre (Bouaké) de notre pays. Et ce sont, je dirais, ses effets collatéraux qui ont touché l’Ouest. Mais, aussi curieux que cela puisse paraître, c’est chez nous, en définitive, que la guerre a fait le plus de dégâts et de ravages. Quel est le problème, au juste ? Je vous le demande, chers frères et chères sœurs de l’Ouest ? Il doit avoir une cause profonde pour que nous nous entretuions si stupidement. En effet, la guerre, qui est venue du Nord, va s’installer dans nos villes, nos villages et nos hameaux. Pis, elle va s’incruster dans nos mœurs. Et, ce sont des tueries à n’en point finir. Ailleurs, en Côte d’Ivoire, depuis l’attaque surprise, baptisée « Dignité », des Forces de défense et de sécurité (Fds), malgré l’existence d’un cessez-le-feu, sur les villes du Nord et du Centre des 4 et 5 novembre 2004, et surtout avec la signature de l’accord politique de Ouagadougou, l’Ivoirien lambda peut affirmer que le calme es revenu. Si on ajoute à ce calme plat, la cérémonie de la flamme de la paix à Bouaké, le 30 juillet 2007, il est admis que la guerre est finie. Au point que la communauté internationale et le gouvernement d’alors ont pensé à la reconstruction de la Côte d’Ivoire avec des programmes d’insertion et de réinsertion en faveur des régions touchées par la guerre, sauf à l’Ouest. A y voir de près, notre région du Moyen-Cavally ne bénéficie pas des structures et infrastructures en direction de la zone C.n.o. Au moment où on ouvrait des couloirs humanitaires pour les Cno, l’Ouest n’a pas eu de défenseurs pour poser ses problèmes. Et pourtant, ce n’étaient pas les cadres qui manquaient auprès du chef de l’Etat. Les quelques écoles construites ou réhabilités ne sont que l’œuvre d’Ong. Tout ce que nous avons obtenu, et encore si cela devenait réalité, est que le chef d’Etat d’alors, pénétré assurément de la psychologie de nos populations, plus sujettes au désordre, à l’anarchie qu’à l’ordre, a fait la promesse de la construction d’une Ecole de guerre. En voilà des gens, pas assez intelligents, qui aiment à s’entretuer ; autant les y aider et encourager. Et pendant ceux, cadres de l’Ouest, qui disent aimer monsieur Laurent Gbagbo, recrutent des mercenaires pour assassiner leurs frères et sœurs, créant ainsi ruine, misère et désolation, Gagnoa, la région natale de leur idole, est en paix. Les populations de cette région, paisiblement, vont à l’école, à l’usine, aux champs. Elles s’amusent dans les maquis jusqu’au petit matin. Chez nous, à l’Ouest, le politique est en train de tout détruire, pour ne pas dire qu’elle a tout détruit. A cause de la politique, il y a la division partout. Des membres d’une famille ne se parlent plus ; ils ne fêtent plus ensemble ; des frères menacent les biens d’autres frères ; des frères de la même région menacent des frères qui s’exilent en Guinée et au Libéria ; des cadres montent des jeunes pour s’attaquer à d’autres cadres de la même région, de la même tribu, du même village Les allochtones sont traités en ennemis. Alors que les populations dans d’autres régions ivoiriennes ont transcendés leurs différends politiques, c’est nous, cadres de l’Ouest, qui sommes si tarés que ce que nous savons faire de mieux, c’est offrir notre jeunesse, avenir de notre région de demain, en pâture. Ce que nous proposons à nos jeunes pour leur venir immédiat et futur, c’est de servir de chair à canon pour la gloire d’un individu, fût-il président. Quels êtres sommes-nous donc, à l’Ouest ? Regardons autour de nous, ouvrons un peu les yeux. Avant-hier, c’étaient Guitrozon et autres ; aujourd’hui, c’est Duékoué avec au moins 10 morts et 15 maisons pillées. Pendant ce temps, je le répète, celui pour qui, nous cadres de l’Ouest, faisons tuer nos jeunes, est en paix chez lui. Alors, je me pose la question, à nouveau : Quel est notre problème à l’Ouest ? Quelle est la cause profonde de tant de haine qui détruit notre région ? Nous qui, naguère, vivions en parfaite harmonie entre nous et avec nos frères venus d’autres régions ? Aucune idéologie politique ne peut justifier ce désastre mental et physique. Aucune idéologie politique ne peut justifier le mal que nous faisons à notre région, chers frères et sœurs. On peut être Lmp et Rhdp. Les exemples abondent dans le pays. Les populations de l’Ouest ne sont pas si bornées est si inconscientes que ça au point de ne pas voir ce qui se passe autour d’elles. Elles fuient chaque fois chez les autres. Pourquoi ? Parce que tout simplement, chez les autres, il y a le calme et la paix. Cadres de l’Ouest, ne pouvons-nous pas dépasser nos intérêts égoïstes personnels pour faire en sorte que les autres viennent se réfugier chez nous aussi parce que notre région aura été paisible ? La balle est, certes, dans le camp de tous les fils de l’Ouest. Mais, j’accuse les cadres de notre région, que nous sommes, toutes tendances politiques et religieuses confondues. Car, si les cadres donnent le ton de la réconciliation, le reste des fils de l’Ouest suivra pour le bien de tous et de toute une région qui a déjà tant souffert.
Puisse Dieu nous éclairer en ce début d’année 2011.

Denis Kah Zion
Cadre de Toulépleu
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