Ouattara-Gbagbo : Un face-à-face pour quoi faire ?

A peine ont-ils fini leurs audiences avec le Président Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, que les émissaires de la CEDEAO et de l’UA ont lancé l’idée d’une rencontre directe entre les deux protagonistes. Cette information qui faisait son chemin cahin-caha, a vite été démentie par le porte-parole du gouvernement Ouattara. Il n’est pas question que le Président de la République prenne attache avec le candidat malheureux de la présidentielle du 28 novembre dernier. Selon Alassane Ouattara, elle n’est pas à l’ordre du jour tant que Laurent Gbagbo ne reconnait pas sa défaite électorale. A n’en point douter, un entretien ADO- GBAGBO, en ce moment précis de la crise artificielle créée par la refondation, relève d’un non sens. Ce que les Ivoiriens et la communauté internationale attendent de Laurent Gbagbo, c’est la reconnaissance de sa déconvenue au terme de la dernière présidentielle. Depuis plus d’un mois, l’opinion espère que le candidat malheureux adopte la posture fair-play du démocrate qui accepte le verdict des urnes et se soumet à l’expression population, qui a décidé en toute souveraineté de confier son destin au président élu, Alassane Ouattara. Véritablement, la Côte d’Ivoire et le monde entier veulent que l’ancien locataire du palais quitte le pouvoir pour que cesse cette situation désagréable qui vit notre pays. Afin que la terre de Félix Houphouët-Boigny retrouve le chemin de la paix, de la cohésion nationale et de la prospérité, qu’elle n’aurait jamais dû perdre. A quoi donc peut servir un face-à-face quand il est de notoriété que le vainqueur est connu, tout comme le vaincu ? La proposition prêtée au premier ministre kenyan – et qui s’est avéré une manipulation d’une certaine presse – a tout l’air d’un grossier piège que Laurent Gbagbo tend au Président élu. On ne perd pas de vue qu’il cherche une aubaine pour sortir de son isolement politique et diplomatique, pour tenter de donner forme à sa trouvaille de « comité d’évaluation ». Le seul débat qui doit avoir lieu en ce moment, c’est le départ du chef de la refondation. Depuis le 28 novembre, Gbagbo a perdu l’initiative au profit du Président Alassane Ouattara. Il n’a plus de cartes en mains. Le seul patron de la Côte d’Ivoire se nomme Ouattara et les Ivoiriens attendent qu’il prenne la réalité de son pouvoir pour mettre en branle son programme de gouvernement et de société. Le reste, comme le prétendu face à face, n’est que verbiage creux et perte de temps. Bakary Nimaga