Alors que les risques de guerre civile s`accroissent chaque jour, le président autoproclamé Laurent Gbagbo fait semblant de se moquer des sanctions internationales. Où se trouve sa fortune familiale, estimée à 6,5 milliards de francs? Au Liban, en Afrique du Sud ou en Iran. Partout, sauf dans les coffres suisses.
Abidjan vit dans un climat de guerre civile imminente. Celui que tout le monde appelle "l`aboyeur de Laurent Gbagbo", le tout nouveau ministre de la Jeunesse et président de l`Alliance des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé (39 ans), appelle en effet ses troupes à marcher aujourd`hui même (ndlr: 1er janvier 2011) sur l`Hôtel du Golf, où sont retranchés Alassane Ouattara - le président sans trône, mais reconnu par la communauté internationale - et ses partisans. "Nous allons nous emparer de ce fief à mains nues", clame l`agitateur qui a fait ses premières armes lors des précédentes émeutes en Côte d`Ivoire, en 2004.
Avoirs bancaires gelés
Afin de pousser Laurent Gbagbo à se retirer et à laisser la place à Alassane Ouattara, l`Union européenne et les Etats-Unis interdisent désormais de séjour une soixantaine de personnes du clan du président sortant (dont lui-même et sa première femme, Simone). Pour sa part, la Banque centrale d`Afrique de l`Ouest a gelé tous les avoirs déposés chez elle par la Côte d`Ivoire, menaçant des dizaines de milliers de fonctionnaires ivoiriens de ne plus toucher leur salaire.
Voilà donc Laurent Gbagbo, désormais défendu par Mes Jacques Verges et Roland Dumas, banni des pays développés, dont tous ceux de l`espace Schengen comprenant la Suisse. De là donc, où se trouve le système financier qui accueille généralement les fortunes de la planète. Conséquence? Yverdon-les-Bains et son Grand Hôtel, comme l`a révélé récemment 24 heures, devront se passer du séjour annuel de Simone Gbagbo aux bains thermaux de la localité vaudoise. Le manque à gagner est de taille, la première dame et quelques personnes de sa suite séjournant "plusieurs semaines" au palace d`Yverdon. Le jet privé de Gbagbo, propriété officielle de l`Etat ivoirien, est toujours parqué devant les locaux de Jet Aviation, sur le tarmac de l`aéroport de Bâle-Mulhouse, tandis qu`un Fokker 100 du président contesté est, lui, bloqué à Saint Louis (Missouri, Etats-Unis), "pour non-paiement d`une facture de maintenance technique sur l`appareil".
Enfin, le quotidien français La Croix révélait la semaine dernière qu`une propriété de Vandœuvres, à Genève, a été vendue pour 15 millions de francs. Problème: cette villa appartenait, là aussi, à l`Etat ivoirien. Selon le journal français, c`est Laurent Gbagbo lui-même qui aurait donné l`ordre de vendre cette propriété "publique" et de transférer les fonds issus de la vente sur un compte de la Société Générale, en France, détenu au nom de la "présidence de la République" et non au bénéfice du Trésor public ivoirien.
Trois épisodes récents qui posent, forcément, la question de la présence des avoirs du clan Gbagbo en Suisse. Selon Nicolas Haymoz, porte-parole de la Banque nationale suisse, les engagements ivoiriens auprès des banques suisses "s`élèvent à 393 millions, tandis que les prêts à des clients ivoiriens se montent, selon notre rapport sur les "Banques suisses 2009", à 126 millions de francs".
Peu d`échanges
commerciaux
Une broutille donc au regard des 6,5 milliards de francs suisses que détiendraient Laurent et Simone Gbagbo (4,35 milliards de francs pour lui; 3,23 milliards pour elle). Même les relations commerciales entre la Suisse et la Côte d`Ivoire sont réduites à une portion congrue, comme le confirme le Département fédéral des affaires étrangères, qui signale des exportations de Suisse vers Abidjan de quelque 26 millions de francs seulement par an; et des importations directes de 6,7 millions de francs. Selon de nombreuses sources, "la fortune du clan Gbagbo ne se trouve plus en Suisse depuis longtemps", ayant été redirigée vers des havres plus sûrs face à d`éventuelles pressions internationales, tels le Liban, l`Iran, l`Afrique du Sud, l`Inde ou le Portugal.
Elisabeth Eckert - le 01 janvier 2011, Le Matin Dimanche
Abidjan vit dans un climat de guerre civile imminente. Celui que tout le monde appelle "l`aboyeur de Laurent Gbagbo", le tout nouveau ministre de la Jeunesse et président de l`Alliance des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé (39 ans), appelle en effet ses troupes à marcher aujourd`hui même (ndlr: 1er janvier 2011) sur l`Hôtel du Golf, où sont retranchés Alassane Ouattara - le président sans trône, mais reconnu par la communauté internationale - et ses partisans. "Nous allons nous emparer de ce fief à mains nues", clame l`agitateur qui a fait ses premières armes lors des précédentes émeutes en Côte d`Ivoire, en 2004.
Avoirs bancaires gelés
Afin de pousser Laurent Gbagbo à se retirer et à laisser la place à Alassane Ouattara, l`Union européenne et les Etats-Unis interdisent désormais de séjour une soixantaine de personnes du clan du président sortant (dont lui-même et sa première femme, Simone). Pour sa part, la Banque centrale d`Afrique de l`Ouest a gelé tous les avoirs déposés chez elle par la Côte d`Ivoire, menaçant des dizaines de milliers de fonctionnaires ivoiriens de ne plus toucher leur salaire.
Voilà donc Laurent Gbagbo, désormais défendu par Mes Jacques Verges et Roland Dumas, banni des pays développés, dont tous ceux de l`espace Schengen comprenant la Suisse. De là donc, où se trouve le système financier qui accueille généralement les fortunes de la planète. Conséquence? Yverdon-les-Bains et son Grand Hôtel, comme l`a révélé récemment 24 heures, devront se passer du séjour annuel de Simone Gbagbo aux bains thermaux de la localité vaudoise. Le manque à gagner est de taille, la première dame et quelques personnes de sa suite séjournant "plusieurs semaines" au palace d`Yverdon. Le jet privé de Gbagbo, propriété officielle de l`Etat ivoirien, est toujours parqué devant les locaux de Jet Aviation, sur le tarmac de l`aéroport de Bâle-Mulhouse, tandis qu`un Fokker 100 du président contesté est, lui, bloqué à Saint Louis (Missouri, Etats-Unis), "pour non-paiement d`une facture de maintenance technique sur l`appareil".
Enfin, le quotidien français La Croix révélait la semaine dernière qu`une propriété de Vandœuvres, à Genève, a été vendue pour 15 millions de francs. Problème: cette villa appartenait, là aussi, à l`Etat ivoirien. Selon le journal français, c`est Laurent Gbagbo lui-même qui aurait donné l`ordre de vendre cette propriété "publique" et de transférer les fonds issus de la vente sur un compte de la Société Générale, en France, détenu au nom de la "présidence de la République" et non au bénéfice du Trésor public ivoirien.
Trois épisodes récents qui posent, forcément, la question de la présence des avoirs du clan Gbagbo en Suisse. Selon Nicolas Haymoz, porte-parole de la Banque nationale suisse, les engagements ivoiriens auprès des banques suisses "s`élèvent à 393 millions, tandis que les prêts à des clients ivoiriens se montent, selon notre rapport sur les "Banques suisses 2009", à 126 millions de francs".
Peu d`échanges
commerciaux
Une broutille donc au regard des 6,5 milliards de francs suisses que détiendraient Laurent et Simone Gbagbo (4,35 milliards de francs pour lui; 3,23 milliards pour elle). Même les relations commerciales entre la Suisse et la Côte d`Ivoire sont réduites à une portion congrue, comme le confirme le Département fédéral des affaires étrangères, qui signale des exportations de Suisse vers Abidjan de quelque 26 millions de francs seulement par an; et des importations directes de 6,7 millions de francs. Selon de nombreuses sources, "la fortune du clan Gbagbo ne se trouve plus en Suisse depuis longtemps", ayant été redirigée vers des havres plus sûrs face à d`éventuelles pressions internationales, tels le Liban, l`Iran, l`Afrique du Sud, l`Inde ou le Portugal.
Elisabeth Eckert - le 01 janvier 2011, Le Matin Dimanche