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Politique Publié le vendredi 7 janvier 2011 | Le Nouveau Réveil

Alassane Ouattara (président de la République de Côte d`Ivoire) : “Gbagbo tombera avant fin janvier comme un fruit pourri”

© Le Nouveau Réveil
Fêtes de fin d`année: le Président Alassane Ouattara s`adresse aux Ivoiriens à la veille de Noël
Le président de la République de Côte d`Ivoire, Alassane Ouattara, a animé une conférence de presse hier à l`hôtel du Golf, où il est contraint de se retrancher depuis 28 novembre dernier. Au cours de cette conférence qui a duré 38 minutes d`horloge, le président Alassane a fait le tour de l`actualité liée à la situation de bocage, du fait de la tentative de confiscation du pouvoir par le président sortant, Laurent Gbagbo. Il a, à cet effet, indiqué avec optimisme que M. Laurent Gbagbo partira avant la fin du mois de janvier. Il a, pour cela, rassuré qu`il a tout une panoplie de mesures en cours qui va faire tomber Laurent Gbagbo pas comme un fruit mûr mais "comme un fruit pourri``. Nous vous proposons l`intégralité de la conférence.
Mmes et MM les journalistes, c`est vrai que nous nous sommes déjà vus pour les fêtes du nouvel an mais je vous les réitère en vous souhaitant des fêtes de bonne année pour vous personnellement, pour vos familles, pour vos organes et vous dire que je suis à votre disposition. Je pense qu`en raison des contraintes de déplacement, nous n`avons pas beaucoup de temps. Nous avons à peu près 45 minutes, donc je vais vous laisser la parole sans faire de déclaration préliminaire pour gagner du temps. Je suis à votre disposition.

On a l`impression que la situation en Côte d`Ivoire est complètement bloquée. Il y a eu des négociations, mais elles n`ont pas abouti. Il y a des menaces d`intervention militaire qui nous parviennent, certainement destinée à faire partir le président Laurent Gbagbo. Concrètement, qu`est-ce que vous pouvez faire pour sortir de cette crise. Qu`est-ce qu`il faut faire maintenant ?
Oui, c`est vrai que les négociations semblent bloquées mais vous savez que dans ces genres de situation, il faut se donner un peu le temps bien que le temps soit tout contre les intérêts de la Côte d`Ivoire et des Ivoiriens. Parce que chaque nuit, ce sont les personnes qui sont assassinées, des femmes qui sont violées par les mercenaires et les miliciens de Laurent Gbagbo. Et c`est pour cela qu`il y a urgence. Urgence à régler ce problème. Les trois présidents qui sont venus, Cap Vert, Sierra Leone et Bénin accompagnés du Premier ministre du Kenya ont posé la question à Laurent Gbagbo à savoir quand est-ce qu`il quittera le pouvoir. Il a indiqué qu`il n`y avait pas de problème mais il voulait un comité d`évaluation. Et nous, nous avons indiqué à la mission qu`il est clair que c`est une manière pour gagner du temps et qu`un comité d`évaluation n`avait aucun sens. Parce que ce processus a été validé, pas seulement par une Commission électorale indépendante (Cei) où l`ancien chef de l`Etat est lui-même représenté. Ses représentants ont signé les procès verbaux aussi bien à la Cei centrale que dans les Cei départementales et les Cei locales. Donc on ne va pas réévaluer. En deuxième lieu, que la Cedeao a eu à suivre le processus pas seulement le jour du scrutin en attendant 3 ans et demi avec l`accord de Ouaga puisqu`il y avait un représentant du facilitateur qui a suivi tout ce processus. En troisième lieu, les Nations Unies ont suivi ce processus également avec un représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et mis trois ans et demi également depuis l`accord de Ouagadougou. Et que nous nous étions tous mis d`accord qu`en raison de la suspicion légitime que nous avions à l`endroit du Conseil constitutionnel, qu`il n`était pas possible de s`arrêter là, qu`il fallait une certification internationale. C`est ce qui a expliqué la certification du Représentant du Secrétaire général de Nations-Unies. Alors je précise que le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies a certifié le premier tour des élections présidentielles. Parce que souvenez-vous, le président Henri Konan Bédié avait suffisamment d`éléments pour dire qu`il n`était pas d`accord avec ces résultats. Mais à l`issue de la certification par le représentant spécial des Nations-Unie, il a dit c`est l`engagement que nous avions pris tous ensemble à Pretoria donc je laisse aller au deuxième tour le président Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara. Alors ceci étant fait, M. Laurent Gbagbo devrait faire la même chose. La certification a dit clairement que la Commission électorale indépendante avait donné de bons chiffres, les chiffres réels. Le Premier ministre qui a suivi le processus de bout en bout pendant trois ans et demi, a eu les mêmes chiffres. Ce représentant du facilitateur a eu les mêmes chiffres. Même le Conseil constitutionnel a eu les mêmes chiffres. Et bien entendu, Laurent Gbagbo et moi-même avons les mêmes chiffres. Au niveau donc des chiffres, il n`y a pas du tout de nécessité de faire une évaluation ou un nouveau décompte. Donc ce processus de décompte a été fait et refait par toutes les sources que j`ai indiquées. Donc ce chapitre est clos. Alors l`autre élément, c`est qu`est-ce que le Conseil constitutionnel a fait. Le Conseil constitutionnel a pris les votes dans sept (07) départements du Nord et du Centre pour dire qu`il y avait eu des fraudes sans aucune preuve parce que c`étaient des procès verbaux fabriqués hors bureau de vote. C`étaient des mensonges. Les préfets dans ces différents départements ont fait des rapports pour dire que ces élections se sont bien passées et dans tous les bureaux de vote, le Centre de commandement intégré (CCI) qui comprend les militaires des Fds et des Forces nouvelles ont dit la même chose. Les observateurs internationaux ont dit la même chose. Les observateurs nationaux ont dit la même chose. Même des religieux que nous avons rencontrés, Monseigneur Ahouana a dit qu`à Bouaké, tout s`était bien passé. Monseigneur Dadié à Korhogo nous a dit que tout s`était bien passé. Donc vous voyez clairement que ce sont des mensonges. C`est de la manipulation. Dans ces sept (07) départements, les votes se sont passés exactement dans les mêmes conditions au deuxième tour comme au premier tour que vous savez. Soyons sérieux. Si je devais frauder, ce n`est pas dans mon fief que j`irais frauder. Au premier tour, j`ai fait plus de 90% dans certains de ces départements et Laurent Gbagbo a fait 88% dans l`Agnéby. Et au deuxième tour, grâce au concours des autres partis du Rhdp et notamment du Pdci, mon score était à 93, 94%. Donc il n`y a aucune fraude, aucune contestation de ces résultats. Et je le répète, Laurent Gbagbo essaie de gagner du temps et on sait pourquoi. C`est pour importer des armes, des munitions, des mercenaires pour continuer de tuer des Ivoiriens. Donc je suis à l`aise pour dire que pas de nouveaux décomptes. Il n`en est pas question. Ce scrutin a été certifié. La Côte d`Ivoire a dépensé plus de 300 milliards pour ce scrutin et il n`est pas nécessaire de continuer de faire perdre du temps à la Côte d`Ivoire. En deuxième lieu, c`est un point important puisque c`est ce que ses deux (02) vieux avocats sont en train de propager partout. Ils ne comprennent rien au processus, c`est pour cela qu`ils font ces déclarations. Ce n`est pas comme dans d`autres pays où le scrutin n`a pas été surveillé. Le scrutin a été surveillé pendant trois ans et demi parce que cher à tout le monde, à la Côte d`Ivoire, à la communauté internationale. Alors pour les Ivoiriens qui ont perdu aussi des ressources qui auraient pu être utilisées pour la santé, pour l`éducation, etc. ça a été un gâchis considérable. Mais nous l`avons accepté parce que nous voulions, un, la démocratie et nous voulions une sortie pacifique de la crise. Alors ces rencontres des chefs d`Etat n`ont pas donné grand`chose parce que Laurent Gbagbo qui a pour l`habitude de boulanger, comme on le dit, essaie de gagner du temps. Mais vous savez, il faut arrêter. Il a perdu les élections, il le sait, moi je le sais. Les Ivoiriens le savent, la Cedeao l`a dit, la communauté internationale, tout le monde. Lui seul ne peut pas avoir raison contre le monde entier. Alors s`il aime la Côte d`Ivoire, s`il aime les Ivoiriens, il devrait se soumettre au verdict des urnes. Aucune Institution ne peut être au-dessus de la position du peuple souverain. Les Ivoiriens m`ont élu à 54,10%. C`est cela la réalité de la démocratie. Donc pour nous, pas de recomptage, pas de comité d`évaluation.

Pas d`intervention militaire ?
Je dis que la Cedeao a pris un certain nombre d`engagements. Elle a d`abord le 07 décembre indiqué que je suis le président élu, que Laurent Gbagbo devrait quitter et qu`il devrait le quitter sans délai. Le 24 décembre, elle a redit la même chose. Mais elle a ajouté que s`il refusait de quitter, elle utiliserait tout autre moyen y compris la force légitime. Moi, je demande à la Cedeao de mettre en œuvre sa déclaration et maintenant, j`ai été en contact avec le président Jonathan et plusieurs chefs d`Etats de la Cedeao qui m`ont indiqué qu`il y aurait une nouvelle réunion à la suite de la visite des trois chefs d`Etat et qu`une nouvelle conférence prendrait les mesures adéquates pour faire partir Laurent Gbagbo. Je préfère la solution pacifique et j`espère que d`ici là, Laurent Gbagbo va se ressaisir, qu`il se dise que de toutes les façons, l`issue est bloquée, il ne peut pas réussir cette opération contre le monde entier et qu`il faut qu`il s`en aille. En ce moment, je suis prêt à lui reconnaître un certain nombre de garanties et d`avantages. Les chefs d`Etat se fatiguent parce que tous les jours qui passent, ce sont des jours tragiques pour la Côte d`Ivoire et pour les Ivoiriens.

L`option militaire n`a pas été retenue pour les chefs d`Etat, est-ce que ce n`est pas parce que vous n`avez pas réussi à les convaincre ? Certains parlent de la reprise des élections, d`un troisième tour. Est-ce que vous serez d`accord ?
Je vous dis, les élections, c`est terminé. On a dépensé 300 milliards. Laurent Gbagbo a été battu. Il le sait, je le sais. Tout le monde ici le sait. Donc, c`est terminé. Alors, maintenant dire que je n`ai pas réussi à convaincre les chefs d`Etat. Moi je n`ai pas à convaincre les Chefs d`Etat. Les chefs d`Etat sont venus la première fois, je crois, le 24 décembre, n`est-ce pas ! Quand ils sont arrivés, c`était pour dire à Laurent Gbagbo, " vous avez perdu les élections, vous devez quitter ". Comme tous les jours, il a évoqué des choses, je ne veux pas répéter ce que j`ai dit. Ils ont dit, bon, on revient le 30 décembre. Il a dit non, est-ce que vous pouvez venir le 02 ou le 03 janvier ? Ils sont revenus le 03 janvier. Il leur a dit, " je ne suis pas contre, mais je veux un comité d`évaluation. Et si je pars, qu`est-ce qui vous dit qu`il y aura la paix en Côte d`Ivoire ? ". Ce à quoi j`ai répondu aux chefs d`Etat, il y avait la paix en Côte d`Ivoire. Si moi j`avais perdu, je l`aurais félicité et tout se serait bien passé. Mais il a perdu, qu`il fasse la même chose. Qu`il dise tout simplement, je reconnais ma défaite, je quitte le pouvoir. Et la Côte d`Ivoire continuera dans la paix. Maintenant, s`il s`entête, il appartient à la Cedeao de prendre les mesures nécessaires. Et ces mesures peuvent inclure la force légitime. La force légitime ne veut pas dire une force contre les Ivoiriens. C`est une force pour enlever Laurent Gbagbo. Et cela a été fait ailleurs en Afrique comme en Amérique Latine. Il y a des opérations spéciales non violentes qui permettent tout simplement de prendre la personne indésirable et de l`emmener ailleurs. L`intérêt de Laurent Gbagbo, c`est de reconnaître ma victoire, de venir me voir. Et comme ça, je suis prêt à lui dire, cher frère, ce que je suis prêt à faire pour vous. Vous aurez des garanties nécessaires. Vous aurez le statut d`ancien chef de l`Etat, ainsi de suite. Pour moi, la situation est claire, la balle est maintenant dans le camp de la conférence des chefs d`Etat de la Cedeao. J`ai eu le président Jonathan. Il a convoqué cette rencontre assez rapidement. Et je pense que là, une décision définitive sera prise. Et si les chefs d`Etat décident d`avoir une intervention militaire comme voie ultime, ils informeraient Laurent Gbagbo si d`ici là, il n`a pas donné son accord de partir.

Si dans quelques semaines, vous constatez que les forces militaires de la Cedeao ne sont toujours pas intervenues, concrètement, qu`allez-vous faire ?
Non, je n`envisage pas cette hypothèse. Vous savez, je connais bien Laurent Gbagbo. En 2000, quand il y a eu des difficultés entre les deux armées, la faction qui le soutenait et la faction qui soutenait le Général Guéi, il s`est fait transporter dans le coffre d`une voiture par Lida Kouassi pour se mettre à l`abri. Donc quand la Cedeao mettra en œuvre sa décision, je pense qu`il prendra la fuite comme beaucoup de dictateurs l`ont fait. Et peut-être qu`il faut qu`il évite ce déshonneur. Il a un comportement indigne. Et il est temps qu`il quitte le pouvoir.

Pensez-vous qu`à très court terme, finalement si de plus en plus les sanctions militaires tardent à venir, est-ce que ce ne serait pas les sanctions économiques, les restrictions économiques qui seraient les plus efficaces pour que Laurent Gbagbo parte ?
Tout cela est en œuvre. Le Conseil des ministres de l`Uemoa a pris des décisions concernant la signature. D`ailleurs, le directeur du Trésor que j`ai nommé, était au Conseil d`administration de la Bceao hier (Ndlr: Mercredi 5 janvier) . Le ministre des Finances Charles Koffi Diby est à Bamako pour le Conseil des ministres demain (Ndlr: aujourd’hui) pour la préparation du sommet des chefs d`Etat. Alors, évidemment avec toutes ces mesures, la Banque centrale, comme les banques commerciales, les entreprises, ne doivent plus donner droit à quelques demandes d`utilisation de ressources ou de versement de ressources par le gouvernement fictif de Laurent Gbagbo. Si des entreprises ou des banques le font, en ce moment là, elles se soumettent à des possibilités de sanctions internationales. En deuxième lieu, je voudrais préciser que ce comportement de M. Laurent Gbagbo est complètement insensé. Il fait du mal à l`économie de Côte d`Ivoire, aux Ivoiriens. Voici quelqu`un qui a été chef d`Etat pendant dix ans. Qui n`a aucune place dans son raisonnement pour l`intérêt national. C`est tout de même scandaleux. Et c`est véritablement une erreur de casting que Laurent Gbagbo ait été à la tête de la Côte d`Ivoire pendant dix ans. Et je demande qu`il s`en aille parce qu`il a fait suffisamment de tort à notre pays pendant dix ans. Il s`est montré indigne d`assumer ses fonctions. Il n`a fait que diviser les Ivoiriens. Il n`a servi que du mensonge aux Ivoiriens et au monde entier. Il nous fait honte. Il est temps qu`il s`en aille.

Est-ce que les sanctions économiques prises à l`encontre de Laurent Gbagbo ne vont pas se retourner contre vous ?
Ce ne sont pas des sanctions économiques mais des sanctions individuelles. Il s`agit d`interdiction de visa. Les prochaines étapes, c`est faire en sorte que ces interdictions s`appliquent non seulement aux personnes mais également à leurs familles. La 3e chose, il s`agira du gel des avoirs aussi bien de ces personnes qu`aux membres de leurs familles. La 4e chose c`est l`interdiction de voyager dans tous les pays de la Cedeao et du continent africain. La 5e chose c`est le gel des avoirs et l`impossibilité de déplacement dans tous les pays africains. Moi, je suis pour des sanctions ciblées contre les personnes responsables de cette situation. Laurent Gbagbo est responsable avec un clic et une bande de prédateurs. Ce sont ceux-là qui doivent être ciblés. Et nous veillons scrupuleusement à ce que ce soit ainsi. J`en profite pour dire aux fonctionnaires qui peut être par peur ou pour d`autres motifs, continuent de collaborer avec ce régime, d`écouter ce message car après la crise, je prendrai mes responsabilités. Les uns et les autres connaissent ma rigueur dans la gestion. Je l`ai démontré de 90 à 93. J`en profite pour dire à tous les fonctionnaires qu`ils ne doivent pas collaborer avec les "hors la loi". Et que s`ils le font, c`est à leur risque et péril, au risque de perdre leur emploi avec un risque pénal devant les tribunaux. Et donc un séjour de longue durée en prison. Je n`aimerais pas en arriver là. Je souhaite que chacun se conforme à la loi de la République, aux accords internationaux.

Il y a des élections qui se préparent au Nigeria. Et si d`aventure l`Ecomog ne vient pas, qu`allez-vous faire, quand on sait que chaque jour qui passe, Gbagbo renforce son pouvoir ?
Non, je ne suis pas d`accord. Je pense que si vous suivez les mouvements comme nous les suivons, les personnes qui ont soutenu Laurent Gbagbo ou qui le soutiennent partent en grand nombre sur le Ghana. Tous les hôtels à la frontière ghanéenne sont occupés par ceux que nous appelons en Côte d`Ivoire ici, les refondateurs. C`est-à-dire les partisans de Laurent Gbagbo. Pour la plupart, ils ont commencé à prendre la fuite. Ils partent tous les jours par dizaines par avion à diverses destinations. ça commence à se désintégrer. Je peux même aller plus loin pour dire que plusieurs militaires, plusieurs gendarmes, plusieurs policiers de haut rang nous ont contacté pour dire que nous sommes encerclés par des tueurs. Nos familles sont en danger mais nous vous soutenons. Prenez soin de vous, nous sommes à votre disposition. C`est donc par la terreur, c`est par la peur que Laurent Gbagbo a encore un certain soutien. Vous savez à un moment donné, la peur quitte les comportements et Laurent Gbagbo sera surpris. Car à un moment donné, il n`aura plus de soutien que pour sa personne. Et s`il a envie en ce moment d`aller plus loin, il en assumera les conséquences. Moi je ferai tout pour que les Ivoiriens soient épargnés par toute opération d`enlèvement de Laurent Gbagbo. Parce que c`est de Laurent Gbagbo qu`il s`agit et de ceux qui veulent être à côté de lui. J`ajoute que les mercenaires travaillent pour de l`argent. Ils ne travaillent pas par affection pour quelqu`un. Vous pensez que quand les Forces de la Cedeao vont dire quel jour nous allons atterrir pour prendre Laurent Gbagbo, que ces mercenaires continueront de le soutenir ? Au risque de leur vie ? Ils ne seront plus là. Ils partiront, ils vont fuir comme des rats. Alors j`insite pour dire à Laurent Gbagbo que s`il n`a aucun honneur pour sa personne, qu`il pense à l`intérêt supérieur de la Côte d`Ivoire. Et qu`il quitte le pouvoir le plus tôt possible car son comportement est non seulement indigne mais il crée du tort aux Ivoiriens et à notre pays.

Monsieur le Président de la République, depuis quelques jours, vous parlez de la Cour pénale internationale. Est-ce que votre gouvernement a clairement écrit à cette Cour pour demander une mission en Côte d`Ivoire ?
Deuxième question, l`Ouest "brûle", particulièrement Duékoué. Vous êtes le Président de la République, à partir de l`hôtel du Golf, quel est le message que vous adressez aux communautés qui s`affrontent ?
Pour la Cour pénale internationale, le 1er janvier, j`ai eu une demi-heure d`entretien avec le Secrétaire général des Nations unies. Nous avons parcouru toutes ces questions et je lui ai demandé expressément de nous envoyer une mission de la Cour pénale internationale pour des investigations. Je lui ai réitéré cette demande par écrit avant-hier. Donc, dans les prochains jours, nous aurons une mission de la Cour pénale internationale. Quant à la situation à Duékoué, tout cela est la traduction du comportement de M. Laurent Gbagbo. Moi je le rends responsable de tous ces crimes où que ça se passe sur le territoire national. C`est son refus de quitter le pouvoir qui emmène ce désordre en Côte d`Ivoire et ceci est inacceptable pour un ancien chef d`Etat. Et par conséquent, le ministre de l`Intérieur suit de très près cette affaire et nous essayons de faire en sorte que la Croix-rouge et d`autres organismes apportent leur soutien aux populations éprouvées. J`en profite pour présenter nos condoléances les plus émues, bien entendu, aux familles des personnes qui ont été tuées. Il y avait déjà une douzaine, 9 avant-hier et 3 hier (Ndlr : mercredi dernier). Douze morts, c`est trop. La Côte d`Ivoire n`a pas besoin de continuer dans cette voie. Ces élections devaient être des élections de sortie de crise et là nous sommes dans une crise plus profonde que celle que nous avions auparavant. C`est tout de même détestable.

Le Premier ministre Odinga a proposé un tête-à-tête entre vous et Laurent Gbagbo. Si c`est une médiation de la dernière chance, allez-vous l`accepter ?
Deuxième question, on apprend que le camp Laurent Gbagbo recrute des jeunes qui vont combattre pour son maintien au pouvoir et défendre la République. Est-ce une rumeur ou la réalité ?
Je voudrais d`abord vous dire que la République, c`est moi. Laurent Gbagbo est un hors-la-loi. Vous êtes d`accord avec ça ? Alors si des hors-la-loi recrutent les jeunes sans emploi, mais le moment venu, les uns et les autres seront sanctionnés. Et nous n`avons pas d`inquiétude à ce sujet. C`est vrai la jeunesse est manipulée par Laurent Gbagbo. Il n`a rien fait pour les jeunes pendant 10 ans de pouvoir. Il n`a pas construit une seule université. Moi en 3 ans, sous la présidence du Président Félix Houphouët-Boigny, j`ai pu construire 2 universités. Il n`a strictement rien fait. Il l`a manipulée, il l`a organisée pour la violence, pour la plupart d`entre eux, il les a trompés et j`ai hâte de me mettre totalement au travail pour donner un avenir à ces jeunes gens. Et je leur lance un appel, de ne pas se soumettre à de telles propositions. Bien entendu, il y en a qui sont égarés, il faudra du temps pour le faire. Mais j`ai un programme. J`ai suivi de très près ce que l`Anc a fait pour les jeunes à l`arrivée du Président Mandela en Afrique du Sud. J`envisage d`avoir un programme d`emploi massif des jeunes et de les sortir du chômage et de la violence. En ce qui concerne votre première question, concernant une rencontre avec Laurent Gbagbo, c`est vrai le Premier ministre Odinga qui ne connaît pas bien la situation avait comme d`habitude pris Laurent Gbagbo au sérieux, quand il lui a dit qu`il était prêt à me rencontrer sans conditions. Je suis son frère, on se rencontre de temps en temps ainsi de suite. J`ai dit à Odinga que je connais, il y a plus de 20 ans, que Laurent Gbagbo est un menteur. Je suis désolé de vous le dire, il n`a rien respecté. Il a toujours demandé une réunion ou un report pour ne rien appliquer. Il n`a jamais respecté ses engagements. Je lui ai dit que nous avons eu un report des élections 6 fois du fait de Laurent Gbagbo. Chaque fois, dans les réunions que nous avions, il était toujours d`accord. Le président Bédié, le président Compaoré, le Premier ministre Soro et moi-même. Nous avons eu une dizaine de réunions en 3 ans et demi. Chaque fois c`était parfait et un an après, tout était remis en cause. Et nous avons tout accepté parce que nous voulions la démocratie et la paix. J`ai dit à Odinga que je ne rencontrerai M. Laurent Gbagbo que quand il aura reconnu que j`ai gagné les élections, que je suis le président légitime. Donc une rencontre avec lui voudra dire qu`il reconnait sa défaite. En ce moment-là, je suis prêt à lui offrir un certain nombre d`avantages et de garanties. Parce qu`en définitive, étant président de tous les Ivoiriens, je dois faire en sorte que tous les Ivoiriens puissent vivre en Côte d`Ivoire dans la paix et non pas se retrouver en exil. Moi-même, je l`ai été à plusieurs occasions. Donc je tiens à la protection de tous les Ivoiriens sans distinction. Que ce soit des Ivoiriens du Sud, de l`Est, du Nord, de l`Ouest et du Centre. Je vous dis que c`est une conviction profonde que j`ai que la Côte d`Ivoire a besoin de paix, de réconciliation. La Côte d`Ivoire a besoin qu`on rassemble les Ivoiriens. Que l`on protège les minorités. Tout cela, je l`ai dit durant ma campagne. Que mon objectif, c`était de tourner cette page d`incompréhension, de discrimination inutile. Mais je ne peux pas être avec quelqu`un qui refuse la réalité, qui divise les Ivoiriens et qui tue les Ivoiriens, qui les fait assassiner par des mercenaires et des miliciens étrangers de surcroît. Où est sa fibre politique ? tout de même ! Et j`en profite pour féliciter les forces de l`ordre pour la plupart, que ce soit la police, la gendarmerie ou les militaires, ils ont refusé de s`associer à ceux-là. Dans beaucoup de quartiers, nous avons eu des retours nous disant que ces éléments des Forces de défense et de sécurité sont venus au secours des populations, des Ivoiriens. C`est comme cela que je vois leur rôle républicain. Donc je leur dis que leur retenue est à féliciter. Et je souhaite que cela se poursuive. Les Ivoiriens sont protégés.

Monsieur le président, vous êtes optimiste. Vous êtes plus que certain que tôt ou tard, Laurent Gbagbo partira du pouvoir. Vous êtes ici au Golf hôtel, dehors vos militants sont traqués.
A cela s`ajoute la descente musclée de la police à votre Qg de campagne au siège du Pdci, vous êtes sous blocus ici. Nous en avons fait les frais en venant ici. Nous avons passé 30 mn à chaque Cheick point. Certains de vos pairs ne croient plus à l`option militaire de la Cedeao, sur quoi fondez-vous votre optimisme? Et que pouvez-vous dire pour rassurer vos militants qui, pour certains, ne croient plus ?
Voyez, ce que vous venez de me dire confirme bien que M. Laurent Gbagbo n`a aucune crédibilité. Il a annoncé aux chefs d`Etat qu`il allait lever ce blocus. Dire que vous avez passé une demi-heure au Cheick point et que c`est sur intervention que vous avez pu venir. Voilà quelqu`un qui est toujours prêt à prendre des engagements pour ne pas les respecter. Ceci étant, vous savez, je suis le premier à souffrir de la situation que vivent mes militants et les Ivoiriens en général. Car ce ne sont pas seulement les militants du Rhdp. C`est tous les Ivoiriens qui souffrent de cette situation. Mais nous allons y arriver. Moi j`en ai la conviction et je travaille à cela. Et je peux vous dire que chaque fois que je me suis apésanti pour régler un problème, je l`ai réglé. Au mois de janvier, Laurent Gbagbo ne sera plus au pouvoir. Avant la fin de ce mois, il partira. Il partira d`une manière ou d`une autre. Il a fait suffisamment de tort à la Côte d`Ivoire. Il faut qu`il s`en aille. Je souhaite qu`il le fasse de manière pacifique. Qu`il renonce à cet entêtement. On ne peut pas être seul contre le monde entier, il le sait bien. Et peut-être qu`il traverse une période de folie aussi et qu`il n`arrive pas à distinguer le vrai du faux. Auquel cas, il en subira les conséquences.

Est-ce qu`à votre connaissance, M. Laurent Gbagbo aura les moyens de payer les salaires des fonctionnaires ce mois-ci ?
Ecoutez, je vous dis que Laurent Gbagbo partira avant la fin du mois de janvier. J`ai toute une série de mesures en cours qui vont faire qu`il va tomber comme un fruit pas mûr mais un fruit pourri.

Gbagbo dit qu`il ne lèvera le blocus que quand les soldats des Forces nouvelles qui sont au moins 300 personnes avec des armes lourdes regagneront Bouaké…
Excusez-moi de dire, c`est un menteur. Vous avez été ici, est-ce que vous avez vu 300 soldats avec des armes lourdes ? C`est quand même pitoyable. Mais pourquoi, ils prennent des engagements sachant qu`ils ne pourront pas les respecter ? Guillaume Soro était Premier ministre de M. Laurent Gbagbo. Et à ce titre, il avait une sécurité mixte, forces de défense et de sécurité. Forces nouvelles. Mais ce sont ces mêmes éléments qui sont avec lui. Rien n`a été renforcé. Moi en tant que président d`institution, j`ai une sécurité qui est avec moi ici. Le président Bédié, en tant que président d`institution, a une sécurité qui est avec lui. Voilà ce qu`il y a comme sécurité. Il n`y a rien de vrai dans ce qu`il raconte. Alors, faire des promesses, sachant bien qu`on ne va pas les tenir est indigne d`un homme d`Etat. Et je leur demande d`arrêter de mentir à la face du monde. Cela nous fait honte. Cela fait honte à la Côte d`Ivoire. Il est temps d`arrêter ces mensonges que je vois dans leurs interviews. La terre entière sait que Laurent Gbagbo a perdu les élections à commencer par lui-même. Qu`il épargne à la Côte d`Ivoire de nouvelles violences. Chers amis, je sais que vous devez prendre un hélicoptère, ce qui est la preuve que les barrages n`ont pas été levés. Je vous souhaite une bonne année et je vous garantis que 2011, après le mois de janvier, sera une très bonne année pour la Côte d`Ivoire et les Ivoiriens. Je vous remercie.
Propos retranscrit par
Paul Koffi, Djè KM,
Diarrassouba Sory
et François Bekanty
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