Le président de la République, Alassane Ouattara a animé, hier, une conférence de presse au cours de laquelle, il en appele à l'usage de la force pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir.
On a l'impression que la situation en Côte d'Ivoire est complètement bloquée. Concrètement, qu'est-ce que vous comptez faire pour sortir de cette crise?
C'est vrai que les manifestations semblent bloquées. Mais il faut se donner du temps bien que le temps soit contre les intérêts de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens. Parce que chaque nuit, ce sont des personnes qui sont assassinées, ce sont des femmes qui sont violées par des mercenaires et miliciens de Laurent Gbagbo. Et c'est pourquoi il y a urgence à régler ce problème. Les trois présidents qui sont venus, celui du Cap-Vert, de la Sierra Leone et du Bénin accompagnés du Premier ministre kenyan, ont posé la question à Laurent Gbagbo de savoir quand est-ce qu'il quitterait le pouvoir. Il a dit qu'il n'y avait pas de problème, mais qu'il voulait un comité d'évaluation. Nous avons indiqué à la délégation que c'était une manœuvre pour gagner du temps et qu'un comité d'évaluation n'avait aucun sens. Parce que ce processus avait été validé non seulement par la Commission électorale indépendante où l'ancien chef d'Etat est représenté et ses représentants ont signé les procès verbaux aussi bien à la Cei centrale que dans les Cei départementales et locales. On ne voit donc pas ce qui doit être réévalué. En deuxième lieu, la Cedeao a eu à suivre le processus, pas seulement lors du scrutin, mais pendant 3 ans et demi avec l'Accord de Ouaga, puisqu'il y avait un représentant du facilitateur qui a suivi tout le processus. En troisième lieu, les Nations Unies ont suivi tout le processus avec un Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies qui ont regardé pendant trois ans et demi également depuis l'accord de Ouagadougou ». Et nous nous étions tous mis d'accord qu'en raison de la suspicion légitime que nous avons à l'endroit du conseil constitutionnel, il n'était pas possible de s'arrêter là, mais qu'il fallait une certification internationale. C'est ce qui a expliqué cette certification du représentant du Secrétaire général des Nations Unies. Je précise que ce dernier a certifié le premier tour de l'élection présidentielle. Parce que souvenez-vous, le président Henri Konan Bédié avait suffisamment d'éléments en main pour contester les résultats mais à l'issue de la certification par le Représentant spécial des Nations Unies, il a dit que c'est l'engagement que nous avons pris tous ensemble à Pretoria. «Je laisse aller le président Gbagbo et le président Alassane Ouattara au second tour. Ceci étant fait, le président Laurent Gbagbo devait faire la même chose. La certification a dit clairement que la Cei avait donné les chiffres réels au Premier ministre qui a suivi le processus de bout en bout pendant 3 ans et demi et a eu les mêmes chiffres. Le Représentant du Facilitateur a eu les mêmes chiffres, ainsi que le Conseil constitutionnel. Et bien entendu Laurent Gbagbo et moi avons eu les mêmes chiffres. Du coup, il n'y a pas de nécessité pour faire un nouveau décompte et une nouvelle évaluation. Ce processus de décompte a été fait et refait par toutes les sources que j'ai citées. L'autre élément, c'est ce qu'a fait le conseil constitutionnel. Le Conseil constitutionnel, prétextant des fraudes, a annulé les votes dans 7 départements du Nord et du Centre. Mais c'était des mensonges parce que les préfets de ces départements ont fait des rapports disant que les élections se sont bien passées dans leurs départements. Et dans les bureaux de vote, la Cei qui comprend les militaires Fds et les Forces armées de forces nouvelles dit la même chose. Les observateurs internationaux ont dit la même chose, ainsi que les religieux et les Ong. Les religieux que nous avons rencontrés, Mgr Ahouana à Bouaké et Mgr Dadié à Korhogo ont dit que tout s'était bien passé. Vous voyez que ce sont des mensonges, de la manipulation. Dans ces 7 départements, les élections se sont aussi bien passées au premier tout qu'au second tour. Soyons sérieux. Si je devais frauder, ce ne serait pas dans mon fief. Au 1er tour, j'ai fait plus de 90 % dans chacun de ces départements et Laurent Gbagbo a fait 88 % dans l'Agnéby qui est son fief. Au second tour, grâce au concours des autres partis du Rhdp, notamment le Pdci, mon score était de 93 à 94%. Il n'y a donc aucune fraude, voire aucune contestation possible de ces résultats. Je le répète, Laurent Gbagbo essaie de gagner du temps. Et on sait que c'est pour importer des armes, des munitions, des mercenaires pour continuer de tuer les Ivoiriens. Je suis donc à l'aise pour dire, pas de nouveau décompte, il n'en est pas question, le scrutin a été certifié. La Côte d'Ivoire a dépensé plus de 300 milliards F. Ccfa pour ce scrutin et il n'est pas nécessaire de continuer à perdre du temps à la Côte d'Ivoire. En deuxième lieu, et c'est un point important en raison de ce que ces deux vieux avocats sont en train d'ajouter un peu partout. Ils ne comprennent rien au processus, et c'est pourquoi ils font ces déclarations. Ce n'est pas comme dans les autres pays où le scrutin n'a pas été surveillé tout au long. Pour nous, pas de recomptage, pas de comité d'évaluation.
Que dites-vous pour l'instant d'une intervention militaire ?
La Cedeao a pris un certain nombre d'engagements. Ils ont tout d'abord dit le 7 décembre, que je suis le président élu. Que Laurent Gbagbo devait quitter, et qu'il devait quitter sans délai. Le 24 décembre, ils ont dit la même chose, en ajoutant que s'il refusait de quitter, ils utiliseraient d'autres moyens y compris la force légitime. Moi je demande à la Cedeao de mettre en œuvre la déclaration. Et maintenant, j'ai été en contact avec le président Jonathan et plusieurs autres présidents de la Cedeao qui m'ont indiqué qu'il y aurait une nouvelle réunion à la suite de la visite des 3 chefs d'Etat et qu'une nouvelle conférence prendrait les mesures adéquates pour faire partir le président Laurent Gbagbo. Je préfère la solution pacifique. J'espère que d'ici-là, Laurent Gbagbo va se ressaisir, qu'il va se dire que l'issue est bloquée. Il ne va pas réussir cette opération contre le monde entier. Il faut qu'il s'en aille, et en ce moment-là, je suis prêt à lui reconnaître un certain nombre de garanties et d'avantages, mais il faut que cela se passe vite car tous les jours qui passent, sont des jours perdus pour la Côte d'Ivoire et des jours douloureux pour les Ivoiriens.
Jusqu'à présent, vous n'avez pas réussi à convaincre les chefs d'État de s'engager militairement. Comment comptez-vous y prendre? D'aucuns parlent d'un troisième tour en Côte d'Ivoire ?
Les élections, c'est terminé. Si moi j'avais perdu, J'aurais félicité Gbagbo et tout se serait bien passé. Il a perdu, qu'il fasse la même chose. Qu'il dise je reconnais ma défaite, je quitte le pouvoir. Maintenant s'il s'entête, la Cedeao prendra les mesures nécessaires. Et ces mesures peuvent inclure la force légitime. Alors, la force légitime ce n'est pas une force contre les Ivoiriens, mais une force pour enlever Laurent Gbagbo. Et cela a été fait ailleurs en Afrique comme en Amérique latine. Il y a des opérations spéciales de non-violence qui permettent de prendre la personne indésirable et de l'emmener ailleurs. L'intérêt de Laurent Gbagbo, c'est de reconnaître ma victoire, de venir me voir et ainsi je pourrai lui dire cher frère, ce que je suis prêt à faire pour toi. Vous aurez les garanties nécessaires pour votre statut d'ancien chef d'État et ainsi de suite. Pour moi, la situation est claire. La balle est maintenant dans le camp de la Conférence des chefs d'Etat de la Cedeao. J'ai eu le président Jonathan. Il a convoqué cette rencontre rapidement et là je pense qu'une décision rapide serait prise. Et si les chefs d'Etat décident d'avoir une intervention militaire comme voie ultime, ils en informeront Laurent Gbagbo si d'ici là, il n'a pas donné son accord pour partir du pouvoir.
Si dans quelques semaines vous constatez que les forces militaires de la Cedeao ne sont toujours pas intervenues, que ferez-vous concrètement?
Je n'envisage pas cette hypothèse. Quand la Cedeao prendra donc la décision, il prendra la fuite comme beaucoup de dictateurs l'ont fait. Il faut peut-être qu'il évite ce déshonneur. Il a un comportement indigne. Il est temps qu'il quitte le pouvoir.
Si l'intervention militaire tarde, ne pensez-vous pas que les sanctions financières sont une solution?
Tout cela est en œuvre. Le conseil des ministres de l'Uémoa a pris des décisions concernant la signature. D'ailleurs, le directeur du trésor que j'ai nommé était au conseil d'administration de la Bceao hier (le mercredi, Ndlr). Le ministre des Finances, Charles Koffi Diby était à Bamako pour le conseil des ministres, demain (Aujourd'hui, Ndlr) et pour la préparation du sommet des chefs d'Etat. Evidemment avec toutes ces mesures, la banque centrale et les banques commerciales, comme les entreprises ne doivent plus donner droit à quelques demandes d'utilisation de ressources et d'investissement de ressources par le gouvernement fictif de Laurent Gbagbo. Si des entreprises le font, à ce moment-là, elles se soumettent à des possibilités de sanctions internationales. En deuxième lieu, je voudrais préciser que ce comportement de Laurent Gbagbo est tout simplement insensé. Il fait du mal à l'économie de la Côte d'Ivoire, aux Ivoiriens. Voici quelqu'un qui a été chef d'Etat pendant 10 ans, qui n'a aucune place dans son raisonnement pour l'intérêt public. C'est scandaleux et c'est véritablement une erreur de casting que Laurent Gbagbo ait été à la tête de la Côte d'Ivoire pendant 10 ans. Je demande qu'il s'en aille parce qu'il a fait assez de torts à notre pays pendant 10 ans. Il s'est montré indigne, il n'a fait que diviser les Ivoiriens. Il n'a servi que leur servir du mensonge. Il est temps qu'il s'en aille. J'ai toute une série de mesures en cours qui vont faire qu'il va tomber comme un fruit, pas mûr, mais comme un fruit pourri.
Ne pensez-vous pas que les sanctions financières vont plus gêner les Ivoiriens que Laurent Gbagbo. Cela ne va-t-il pas se retourner contre vous ?
Pour le moment, ce ne sont pas des sanctions économiques. Ce sont des sanctions individuelles, gel des avoirs, interdiction de déplacement. Dans les prochaines étapes, il serait question de faire en sorte que ces sanctions s'appliquent surtout aux personnes ainsi qu'à leurs familles. 3ème chose, il s'agira de geler les avoirs des personnes ainsi que ceux de leurs familles. 4ème chose, la Cedeao l'a comme une mesure importante, c'est l'interdiction de voyager dans tous les pays de la Cedeao et du continent africain. 5ème chose, c'est le gel des avoirs et des déplacements. Moi, je suis pour des actions ciblées contre les personnes responsables de cette situation. Laurent Gbagbo, avec une bande de prédateurs, ce sont ceux-là qui doivent être jugés. Et nous veillons scrupuleusement qu'il en soit ainsi. J'en profite pour dire aux fonctionnaires que je considère que c'est peut-être par peur ou pour d'autres motifs, qu'ils collaborent avec ce régime fantoche, car après la crise, je prendrai mes responsabilités.
Si les troupes de l'Ecomog ne viennent pas, quel est votre plan B ?
Si vous suivez les mouvements comme nous le suivons, les personnes qui soutiennent Laurent Gbagbo où qui l'ont soutenu, partent en grand nombre. Tous les hôtels à la frontière ghanéenne sont occupés par ceux que nous appelons les refondateurs. La plus part ont commencé par prendre la fuite, ils partent tous les jours par dizaines par avion vers les destinations comme Dubaï, etc. ça commence à se désintégrer. Je peux même dire que de nombreux militaires, gendarmes et policiers de hauts rangs nous ont contacté pour dire : « nous sommes encerclés par des tueurs ; nos familles sont en danger, mais nous vous soutenons. Prenez soin de vous, nous sommes à votre disposition. C'est par la terreur, par la peur que Laurent Gbagbo a encore un certain soutien. Mais vous savez, à un moment donné, la peur quitte les comportements. Et Laurent Gbagbo sera surpris, car à un moment donné, il n'aura plus de soutien. Et si à ce moment-là il a envie d'aller plus loin, il en subira les conséquences. Moi je ferai tout pour que les Ivoiriens soient épargnés par toute opération d'enlèvement de Laurent Gbagbo. J'ajoute que les mercenaires travaillent pour de l'argent. Ils ne travaillent pas par affection pour quelqu'un. Pensez-vous que les forces de la Cedeao diront c'est tel jour que nous viendrons pour chercher Laurent Gbagbo ? Et que ce jour-là ces mercenaires continueront de le protéger au risque de leur vie ? Ils ne seront plus là, ils partiront, ils fuiront comme des rats. J'insiste pour dire à Laurent Gbagbo que s'il n'a aucun intérêt pour sa personne, qu'il pense à l'intérêt supérieur de la Côte d'Ivoire et qu'il quitte le pouvoir le plus tôt possible, car son comportement est non seulement indigne, mais il cause du tort aux Ivoiriens et au pays.
Propos recueillis par M. Dossa
On a l'impression que la situation en Côte d'Ivoire est complètement bloquée. Concrètement, qu'est-ce que vous comptez faire pour sortir de cette crise?
C'est vrai que les manifestations semblent bloquées. Mais il faut se donner du temps bien que le temps soit contre les intérêts de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens. Parce que chaque nuit, ce sont des personnes qui sont assassinées, ce sont des femmes qui sont violées par des mercenaires et miliciens de Laurent Gbagbo. Et c'est pourquoi il y a urgence à régler ce problème. Les trois présidents qui sont venus, celui du Cap-Vert, de la Sierra Leone et du Bénin accompagnés du Premier ministre kenyan, ont posé la question à Laurent Gbagbo de savoir quand est-ce qu'il quitterait le pouvoir. Il a dit qu'il n'y avait pas de problème, mais qu'il voulait un comité d'évaluation. Nous avons indiqué à la délégation que c'était une manœuvre pour gagner du temps et qu'un comité d'évaluation n'avait aucun sens. Parce que ce processus avait été validé non seulement par la Commission électorale indépendante où l'ancien chef d'Etat est représenté et ses représentants ont signé les procès verbaux aussi bien à la Cei centrale que dans les Cei départementales et locales. On ne voit donc pas ce qui doit être réévalué. En deuxième lieu, la Cedeao a eu à suivre le processus, pas seulement lors du scrutin, mais pendant 3 ans et demi avec l'Accord de Ouaga, puisqu'il y avait un représentant du facilitateur qui a suivi tout le processus. En troisième lieu, les Nations Unies ont suivi tout le processus avec un Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies qui ont regardé pendant trois ans et demi également depuis l'accord de Ouagadougou ». Et nous nous étions tous mis d'accord qu'en raison de la suspicion légitime que nous avons à l'endroit du conseil constitutionnel, il n'était pas possible de s'arrêter là, mais qu'il fallait une certification internationale. C'est ce qui a expliqué cette certification du représentant du Secrétaire général des Nations Unies. Je précise que ce dernier a certifié le premier tour de l'élection présidentielle. Parce que souvenez-vous, le président Henri Konan Bédié avait suffisamment d'éléments en main pour contester les résultats mais à l'issue de la certification par le Représentant spécial des Nations Unies, il a dit que c'est l'engagement que nous avons pris tous ensemble à Pretoria. «Je laisse aller le président Gbagbo et le président Alassane Ouattara au second tour. Ceci étant fait, le président Laurent Gbagbo devait faire la même chose. La certification a dit clairement que la Cei avait donné les chiffres réels au Premier ministre qui a suivi le processus de bout en bout pendant 3 ans et demi et a eu les mêmes chiffres. Le Représentant du Facilitateur a eu les mêmes chiffres, ainsi que le Conseil constitutionnel. Et bien entendu Laurent Gbagbo et moi avons eu les mêmes chiffres. Du coup, il n'y a pas de nécessité pour faire un nouveau décompte et une nouvelle évaluation. Ce processus de décompte a été fait et refait par toutes les sources que j'ai citées. L'autre élément, c'est ce qu'a fait le conseil constitutionnel. Le Conseil constitutionnel, prétextant des fraudes, a annulé les votes dans 7 départements du Nord et du Centre. Mais c'était des mensonges parce que les préfets de ces départements ont fait des rapports disant que les élections se sont bien passées dans leurs départements. Et dans les bureaux de vote, la Cei qui comprend les militaires Fds et les Forces armées de forces nouvelles dit la même chose. Les observateurs internationaux ont dit la même chose, ainsi que les religieux et les Ong. Les religieux que nous avons rencontrés, Mgr Ahouana à Bouaké et Mgr Dadié à Korhogo ont dit que tout s'était bien passé. Vous voyez que ce sont des mensonges, de la manipulation. Dans ces 7 départements, les élections se sont aussi bien passées au premier tout qu'au second tour. Soyons sérieux. Si je devais frauder, ce ne serait pas dans mon fief. Au 1er tour, j'ai fait plus de 90 % dans chacun de ces départements et Laurent Gbagbo a fait 88 % dans l'Agnéby qui est son fief. Au second tour, grâce au concours des autres partis du Rhdp, notamment le Pdci, mon score était de 93 à 94%. Il n'y a donc aucune fraude, voire aucune contestation possible de ces résultats. Je le répète, Laurent Gbagbo essaie de gagner du temps. Et on sait que c'est pour importer des armes, des munitions, des mercenaires pour continuer de tuer les Ivoiriens. Je suis donc à l'aise pour dire, pas de nouveau décompte, il n'en est pas question, le scrutin a été certifié. La Côte d'Ivoire a dépensé plus de 300 milliards F. Ccfa pour ce scrutin et il n'est pas nécessaire de continuer à perdre du temps à la Côte d'Ivoire. En deuxième lieu, et c'est un point important en raison de ce que ces deux vieux avocats sont en train d'ajouter un peu partout. Ils ne comprennent rien au processus, et c'est pourquoi ils font ces déclarations. Ce n'est pas comme dans les autres pays où le scrutin n'a pas été surveillé tout au long. Pour nous, pas de recomptage, pas de comité d'évaluation.
Que dites-vous pour l'instant d'une intervention militaire ?
La Cedeao a pris un certain nombre d'engagements. Ils ont tout d'abord dit le 7 décembre, que je suis le président élu. Que Laurent Gbagbo devait quitter, et qu'il devait quitter sans délai. Le 24 décembre, ils ont dit la même chose, en ajoutant que s'il refusait de quitter, ils utiliseraient d'autres moyens y compris la force légitime. Moi je demande à la Cedeao de mettre en œuvre la déclaration. Et maintenant, j'ai été en contact avec le président Jonathan et plusieurs autres présidents de la Cedeao qui m'ont indiqué qu'il y aurait une nouvelle réunion à la suite de la visite des 3 chefs d'Etat et qu'une nouvelle conférence prendrait les mesures adéquates pour faire partir le président Laurent Gbagbo. Je préfère la solution pacifique. J'espère que d'ici-là, Laurent Gbagbo va se ressaisir, qu'il va se dire que l'issue est bloquée. Il ne va pas réussir cette opération contre le monde entier. Il faut qu'il s'en aille, et en ce moment-là, je suis prêt à lui reconnaître un certain nombre de garanties et d'avantages, mais il faut que cela se passe vite car tous les jours qui passent, sont des jours perdus pour la Côte d'Ivoire et des jours douloureux pour les Ivoiriens.
Jusqu'à présent, vous n'avez pas réussi à convaincre les chefs d'État de s'engager militairement. Comment comptez-vous y prendre? D'aucuns parlent d'un troisième tour en Côte d'Ivoire ?
Les élections, c'est terminé. Si moi j'avais perdu, J'aurais félicité Gbagbo et tout se serait bien passé. Il a perdu, qu'il fasse la même chose. Qu'il dise je reconnais ma défaite, je quitte le pouvoir. Maintenant s'il s'entête, la Cedeao prendra les mesures nécessaires. Et ces mesures peuvent inclure la force légitime. Alors, la force légitime ce n'est pas une force contre les Ivoiriens, mais une force pour enlever Laurent Gbagbo. Et cela a été fait ailleurs en Afrique comme en Amérique latine. Il y a des opérations spéciales de non-violence qui permettent de prendre la personne indésirable et de l'emmener ailleurs. L'intérêt de Laurent Gbagbo, c'est de reconnaître ma victoire, de venir me voir et ainsi je pourrai lui dire cher frère, ce que je suis prêt à faire pour toi. Vous aurez les garanties nécessaires pour votre statut d'ancien chef d'État et ainsi de suite. Pour moi, la situation est claire. La balle est maintenant dans le camp de la Conférence des chefs d'Etat de la Cedeao. J'ai eu le président Jonathan. Il a convoqué cette rencontre rapidement et là je pense qu'une décision rapide serait prise. Et si les chefs d'Etat décident d'avoir une intervention militaire comme voie ultime, ils en informeront Laurent Gbagbo si d'ici là, il n'a pas donné son accord pour partir du pouvoir.
Si dans quelques semaines vous constatez que les forces militaires de la Cedeao ne sont toujours pas intervenues, que ferez-vous concrètement?
Je n'envisage pas cette hypothèse. Quand la Cedeao prendra donc la décision, il prendra la fuite comme beaucoup de dictateurs l'ont fait. Il faut peut-être qu'il évite ce déshonneur. Il a un comportement indigne. Il est temps qu'il quitte le pouvoir.
Si l'intervention militaire tarde, ne pensez-vous pas que les sanctions financières sont une solution?
Tout cela est en œuvre. Le conseil des ministres de l'Uémoa a pris des décisions concernant la signature. D'ailleurs, le directeur du trésor que j'ai nommé était au conseil d'administration de la Bceao hier (le mercredi, Ndlr). Le ministre des Finances, Charles Koffi Diby était à Bamako pour le conseil des ministres, demain (Aujourd'hui, Ndlr) et pour la préparation du sommet des chefs d'Etat. Evidemment avec toutes ces mesures, la banque centrale et les banques commerciales, comme les entreprises ne doivent plus donner droit à quelques demandes d'utilisation de ressources et d'investissement de ressources par le gouvernement fictif de Laurent Gbagbo. Si des entreprises le font, à ce moment-là, elles se soumettent à des possibilités de sanctions internationales. En deuxième lieu, je voudrais préciser que ce comportement de Laurent Gbagbo est tout simplement insensé. Il fait du mal à l'économie de la Côte d'Ivoire, aux Ivoiriens. Voici quelqu'un qui a été chef d'Etat pendant 10 ans, qui n'a aucune place dans son raisonnement pour l'intérêt public. C'est scandaleux et c'est véritablement une erreur de casting que Laurent Gbagbo ait été à la tête de la Côte d'Ivoire pendant 10 ans. Je demande qu'il s'en aille parce qu'il a fait assez de torts à notre pays pendant 10 ans. Il s'est montré indigne, il n'a fait que diviser les Ivoiriens. Il n'a servi que leur servir du mensonge. Il est temps qu'il s'en aille. J'ai toute une série de mesures en cours qui vont faire qu'il va tomber comme un fruit, pas mûr, mais comme un fruit pourri.
Ne pensez-vous pas que les sanctions financières vont plus gêner les Ivoiriens que Laurent Gbagbo. Cela ne va-t-il pas se retourner contre vous ?
Pour le moment, ce ne sont pas des sanctions économiques. Ce sont des sanctions individuelles, gel des avoirs, interdiction de déplacement. Dans les prochaines étapes, il serait question de faire en sorte que ces sanctions s'appliquent surtout aux personnes ainsi qu'à leurs familles. 3ème chose, il s'agira de geler les avoirs des personnes ainsi que ceux de leurs familles. 4ème chose, la Cedeao l'a comme une mesure importante, c'est l'interdiction de voyager dans tous les pays de la Cedeao et du continent africain. 5ème chose, c'est le gel des avoirs et des déplacements. Moi, je suis pour des actions ciblées contre les personnes responsables de cette situation. Laurent Gbagbo, avec une bande de prédateurs, ce sont ceux-là qui doivent être jugés. Et nous veillons scrupuleusement qu'il en soit ainsi. J'en profite pour dire aux fonctionnaires que je considère que c'est peut-être par peur ou pour d'autres motifs, qu'ils collaborent avec ce régime fantoche, car après la crise, je prendrai mes responsabilités.
Si les troupes de l'Ecomog ne viennent pas, quel est votre plan B ?
Si vous suivez les mouvements comme nous le suivons, les personnes qui soutiennent Laurent Gbagbo où qui l'ont soutenu, partent en grand nombre. Tous les hôtels à la frontière ghanéenne sont occupés par ceux que nous appelons les refondateurs. La plus part ont commencé par prendre la fuite, ils partent tous les jours par dizaines par avion vers les destinations comme Dubaï, etc. ça commence à se désintégrer. Je peux même dire que de nombreux militaires, gendarmes et policiers de hauts rangs nous ont contacté pour dire : « nous sommes encerclés par des tueurs ; nos familles sont en danger, mais nous vous soutenons. Prenez soin de vous, nous sommes à votre disposition. C'est par la terreur, par la peur que Laurent Gbagbo a encore un certain soutien. Mais vous savez, à un moment donné, la peur quitte les comportements. Et Laurent Gbagbo sera surpris, car à un moment donné, il n'aura plus de soutien. Et si à ce moment-là il a envie d'aller plus loin, il en subira les conséquences. Moi je ferai tout pour que les Ivoiriens soient épargnés par toute opération d'enlèvement de Laurent Gbagbo. J'ajoute que les mercenaires travaillent pour de l'argent. Ils ne travaillent pas par affection pour quelqu'un. Pensez-vous que les forces de la Cedeao diront c'est tel jour que nous viendrons pour chercher Laurent Gbagbo ? Et que ce jour-là ces mercenaires continueront de le protéger au risque de leur vie ? Ils ne seront plus là, ils partiront, ils fuiront comme des rats. J'insiste pour dire à Laurent Gbagbo que s'il n'a aucun intérêt pour sa personne, qu'il pense à l'intérêt supérieur de la Côte d'Ivoire et qu'il quitte le pouvoir le plus tôt possible, car son comportement est non seulement indigne, mais il cause du tort aux Ivoiriens et au pays.
Propos recueillis par M. Dossa