x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 7 janvier 2011 | Le Patriote

Le président Alassane Ouattara aux journalistes : “Gbagbo va tomber comme un fruit pourri”

© Le Patriote Par DR
Crise politique: Le Président Alassane Ouattara, lors d`une conférence de presse au Golf Hotel
Ivory Coast`s presidential claimant Alassane Ouattara addresses a new press conference at the Golf hotel, his headquarters in Abidjan, January 6, 2011. Ouattara said on Thursday he had proof his rival, Laurent Gbagbo, had instigated post-election violence and ordered foreign agents to carry out killings.
Il ne pouvait pas être plus clair. Hier face à la presse nationale et internationale, le nouveau président Ivoirien, SEM Alassane Ouattara a clairement fait le point de la situation actuelle. Une fois encore, le vainqueur de l’élection présidentiel a demandé à Laurent Gbagbo de céder pacifiquement le pouvoir sinon il sera renversé par une force légitime. Mieux, Alassane Ouattara a promis que Gbagbo Laurent partira du pouvoir avant la fin de ce mois de janvier. Le Patriote vous propose l’intégralité de son échange avec la presse depuis l’Hôtel du Golf.

Q : On a l’impression que la situation en Côte d’Ivoire est complètement bloquée. Les négociations n’ont pas abouti. Il y a cette menace d’intervention militaire qui ne parvient pas à faire partir Laurent Gbagbo. Concrètement, qu’est ce qu’il faut faire maintenant?

Alassane Ouattara : La situation semble bloquée. Dans ce genre de situation, il faut se donner un peu de temps. Bien que le temps soit contre les intérêts de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens. Parce que chaque nuit, ce sont des personnes qui sont assassinées, des femmes qui sont violées par les mercenaires et les miliciens de Laurent Gbagbo. C’est pour cela il y a urgence. Les trois présidents qui sont arrivés (du Cap Vert, de la Sierra Léone et du Bénin, ndlr), accompagnés du Premier ministre du Kenya, ont posé la question à Laurent Gbagbo, quant est-ce qu’il quittait le pouvoir, il a affirmé qu’il n’avait pas de problème mais il voulait un comité d’évaluation. Nous avons indiqué à la mission que c’est une manœuvre pour gagner du temps. Et qu’un comité d’évaluation n’avait aucun sens parce que ce processus a été validé par une Commission électorale indépendante où l’ancien chef de l’Etat (Laurent Gbagbo, Ndlr) est représenté. Ses représentants ont signé les procès verbaux, aussi bien à la CEI centrale que dans les CEI départementales et locales. Et on ne voit pas ce qu’il faut aller évaluer. En deuxième lieu, la CEDEAO a eu à évaluer le processus pas seulement le jour du scrutin mais pendant trois ans et demi, avec l’Accord politique de Ouagadougou, surtout avec un représentant du facilitateur qui a suivi tout le processus. En troisième lieu, les Nations Unies ont suivi ce

processus avec un représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pendant trois ans et demi également depuis l’Accord politique de Ouagadougou. Nous nous sommes tous mis d’accord qu’en raison de la suspicion légitime que nous avions à l’endroit du Conseil constitutionnel, il n’était pas possible de s’arrêter là et qu’il fallait une certification internationale. C’est ce qui a expliqué la certification du secrétaire général des Nations Unies. Je précise que le secrétaire général des Nations Unies a certifié le premier tour de

l’élection présidentielle. Souvenez-vous que le Président Henri Konan Bédié avait suffisamment d’éléments pour dire qu’il n’était pas d’accord avec les résultats. Mais à l’issue de la certification par le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, il a dit que c’est l’engagement que nous avons pris tous ensemble à Pretoria, donc je laisse aller au 2ème tour le Président Laurent Gbagbo et le Président Alassane Ouattara. Ceci étant fait, Laurent Gbagbo devrait faire la même chose. La certification a dit clairement que la Commission électorale indépendante avait donné de bons chiffres, les chiffres réels. Le Premier ministre qui a suivi le processus de bout à bout pendant trois ans et demi a eu les mêmes chiffres. Le représentant du facilitateur et le Conseil constitutionnel ont eu les mêmes chiffres. Bien entendu, Laurent Gbagbo et moi-même avions les mêmes chiffres. Au niveau des

chiffres, il n’y a pas du tout de nécessité de faire une évaluation pour un nouveau décompte. Le décompte a été fait et refait par toutes ces sources que j’ai indiquées. Donc ce chapitre est clos.

L’autre élément, qu’est ce que le Conseil constitutionnel a fait ? Il a annulé les résultats dans sept départements du nord et du centre pour dire qu’il y avait eu des fraudes, sans aucune preuve. Parce que c’étaient des procès verbaux fabriqués hors bureau de vote. Ce sont des mensonges. Les Préfets dans ces différents départements ont fait des rapports pour dire que les élections s’étaient bien passées dans les bureaux de vote. Le Centre de commandement intégré (CCI) qui

comprend les militaires FDS et les militaires Forces Nouvelles, les observateurs internationaux, ont dit la même chose. Les ONG ont dit la même chose. Même au niveau des religieux que nous avons rencontrés, Monseigneur Ahouanan a dit qu’à Bouaké tout s’était bien passé. Monseigneur Dadiet a dit de même pour Korhogo. Vous voyez

clairement que ce sont des mensonges. C’est de la manipulation. Dans ces sept

départements, l’élection s’est déroulée dans les mêmes conditions aussi bien au second tour qu’au premier tour. Soyons sérieux ! Si je devais frauder, ce n’est pas dans mon

fief. Au premier tour, j’ai fait plus de 90% dans chacun de ces départements. Et Laurent Gbagbo a fait environ 88% dans l’Agnéby qui est un peu son fief. Au 2ème tour, grâce au concours du RHDP et particulièrement du PDCI-RDA, mon score était entre 93 et 94%. Donc il n’y a aucune fraude, aucune contestation de ces résultats. Je le répète, Laurent Gbagbo essaie de gagner du temps et on sait pourquoi. C’est pour importer des armes, des munitions, des mercenaires et des miliciens pour continuer de tuer les Ivoiriens. Je suis à l’aise pour dire : pas de nouveau décompte ! Il n’en n’est pas question. Ce scrutin a été certifié. La

Côte d’Ivoire a dépensé plus de 300 milliards FCFA pour ce scrutin. Il n’est pas nécessaire de continuer de perdre le temps à la Côte d’Ivoire. C’est ce que ces deux vieux avocats (Roland Dumas et Guillaume Vergès, Ndlr) sont en train d’agiter un peu partout. Ils ne comprennent rien au processus. C’est pour cela

qu’ils font ces déclarations. Ce n’est pas comme dans d’autres pays où le scrutin n’a pas été surveillé de bout en bout. Ce scrutin a été surveillé pendant trois ans et demi, ça a coûté cher à tout le monde, à la Côte d’Ivoire, à la communauté internationale et bien entendu aux Ivoiriens. Qui ont perdu des

ressources qui auraient pu être utilisées pour la santé, l’éducation, etc. ça a été un gâchis considérable. Nous l’avons accepté, pourquoi ? Un, pour la démocratie, deux, pour une issue pacifique de la crise.

Ces rencontres de chefs d’Etat n’ont pas donné grand-chose. Parce que Laurent Gbagbo a son habitude de boulanger, comme on le dit, essaie de gagner du temps.

Il a perdu les élections, il le sait. Je le sais, les Ivoiriens le savent. La communauté internationale l’a dit. Lui seul ne peut pas avoir raison du monde entier. S’il aime la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens, il devrait se soumettre au verdict des urnes. Aucune institution ne peut être au dessus du peuple souverain. Les Ivoiriens m’ont élu à 54, 10%. C’est cela la réalité de la démocratie. Donc pour nous, pas de recomptage, pas de comité d’évaluation.

Vous dites maintenant qu’il faut une intervention militaire?

Je dis que la CEDEAO a pris un certain nombre d’engagements. Elle a tout d’abord indiqué le 7 décembre 2010, que j’étais le Président élu et que Laurent Gbagbo devait quitter sans délai. Le 24 décembre, elle a redit la même chose et ajouté que s’il refusait de partir, elle utiliserai tout autre moyen, y compris la force légitime. Je demande à la CEDEAO de mettre en œuvre sa déclaration. Et maintenant, j’ai été en contact avec le président Johnatan Goodluck et plusieurs chefs d’Etat de la CEDEAO, qui m’ont indiqué qu’il y aura une nouvelle réunion à la suite de la visite des trois chefs d’Etat. Et une conférence prendrait les

mesures adéquates pour faire partir Laurent Gbagbo. Je préfère la solution pacifique, j’espère d’ici là que Laurent Gbagbo va se ressaisir. L’issue est bloquée, il faut qu’il s’en aille et en ce moment là, je suis prêt à lui

reconnaître un certain nombre de garanties et d’avantages. Mais il faut que ça se passe vite. Parce que tous les jours qui passent sont des jours douloureux pour les Ivoiriens.
Q : Si l’option militaire n’a pas été donc retenue par les chefs d’Etat qui sont passés vous voir, n’est-ce pas parce que vous n’avez pas réussi à les convaincre de s’engager militairement ? Certains parlent de l’organisation d’un 3ème tour, est ce que vous êtes d’accord ?

ADO : Les élections, c’est terminé. Nous avons dépensé 300 milliards de Fcfa, Laurent Gbagbo a été battu, tout le monde le sait.

Maintenant, je n’ai pas à convaincre les Chefs d’Etat. Ils sont venus la première fois le 24 décembre, et c’était tout simplement pour dire à Laurent Gbagbo, vous avez perdu les élections, vous devez quitter. Comme toujours, il a trouvé des choses à dire sur lesquelles je ne vais pas revenir. Ces chefs d’Etat ont dit qu’ils reviennent le 30 décembre, il a proposé qu’ils reviennent le 3 janvier. Et ce jour, il leur a dit qu’il n’est pas contre mais qu’il faut premièrement un comité d’évaluation. Deuxièmement, il leur a dit qu’est ce qui prouve que s’il part, il n’y aura pas de guerre civile, de paix en Côte d’Ivoire. J’ai rétorqué aux chefs d’Etat que si j’avais perdu, je l’aurai félicité. Il a perdu qu’il fasse la même chose. Qu’il dise simplement : « je reconnais la défaite, je quitte le pouvoir ». Et la Côte d’Ivoire continuerait dans la paix.

Maintenant, s’il s’entête, il appartient à la CEDEAO de prendre les mesures nécessaires. Celles-ci peuvent inclure la force légitime. Ça ne veut pas dire une force contre les Ivoiriens. C’est une force pour enlever Laurent Gbagbo.

Cela a été fait ailleurs, en Afrique, en Amérique Latine. Il y a des opérations spéciales non violentes qui permettent de prendre la personne non désirable, de l’envoyer ailleurs. L’intérêt de Laurent Gbagbo est de reconnaître ma victoire puis de venir me voir. Et comme cela, je pourrai lui dire : « Cher frère, voici ce que je suis prêt à faire pour vous. Vous aurez les garanties nécessaires, vous aurez votre statut d’ancien chef d’Etat et ainsi de suite. La balle est maintenant dans le camp de la conférence des chefs d’Etat. Si les chefs d’Etat décident d’une intervention militaire, ils en informeront Laurent Gbagbo, si d’ici là, il n’a pas donné son accord pour partir du pouvoir.

Q : Si vous constatez dans quelques semaines que les forces militaires de la CEDEAO ne sont pas intervenues. Que pouvez-vous faire ? Qu’allez-vous faire ?

ADO : Je n’envisage pas cette hypothèse. Je connais bien Laurent Gbagbo. En 2000, lorsqu’il y a eu des difficultés entre les deux Armées, la faction qui le soutenait contre celle du Général Gueï Robert, il s’est fait transporter dans le coffre de Lida Kouassi (un des « sécurocrates » du système Gbagbo, ndlr) pour se mettre à l’abri. Quand la CEDEAO se mettra en œuvre, il prendra la fuite comme beaucoup de dictateurs l’ont fait. Peut-être qu’il évite ce déshonneur. Laurent Gbagbo a un comportement indigne, il est temps qu’il quitte le pouvoir.



Q : Excellence, si cette option militaire tardait à se mettre en place, est-ce que des sanctions économiques ne seraient-elles pas efficaces pour que Laurent Gbagbo parte ?

ADO : Vous savez, tout cela est en œuvre. Le conseil des ministres de l’UEMOA a pris des décisions concernant la signature à la BCEAO. Le directeur du trésor que j’ai nommé était au conseil d’administration de la BCEAO hier (mercredi 5 janvier, Ndlr). Le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Diby Koffi, sera à Bamako demain (aujourd’hui, vendredi 7janvier) pour le conseil des ministres et les préparatifs du sommet des chefs d’Etat. La Banque centrale comme les banques commerciales, les entreprises, ne doivent plus donner droit à quelques demandes d’utilisation des ressources que ce soit par le gouvernement fictif de Laurent Gbagbo. Si des entreprises ou des banques le font, elles se soumettent à quelques possibilités de sanctions internationales. En plus, je voudrais souligner que ce comportement de M. Laurent Gbagbo est totalement insensé, fait du mal à l’économie, aux Ivoiriens. Voici quelqu’un qui a été chef d’Etat pendant 10 ans, mais qui n’a aucune place dans son raisonnement pour l’intérêt national. Je trouve cela scandaleux. C’est véritablement une erreur de casting que Laurent Gbagbo soit resté à la tête de la Côte d’Ivoire pendant 10 ans. Je demande qu’il s’en aille parce qu’il a suffisamment fait du tort à notre pays pendant 10 ans. Il s’est montré indigne d’assumer ses fonctions. Il n’a fait que diviser les Ivoiriens, servi du mensonge aux Ivoiriens et au monde entier.

Q : Ne pensez-vous pas que les sanctions économiques vont créer plus de tort aux populations qu’à Laurent Gbagbo, et si cela ne risque pas de retourner contre vous ?

ADO : Pour le moment, ce ne sont pas des sanctions économiques, ce sont des sanctions individuelles, d’interdiction de visa. Pour les prochaines étapes, qu’est-ce qui va se passer ? Il sera fait en sorte que ces interdictions s’appliquent non seulement aux personnes mais aussi à leur famille, gel des avoirs des personnes ainsi que de leur famille. Autre chose, et la plus importante, c’est l’interdiction dans l’espace CEDEAO et dans l’espace africain. Dernière chose, c’est le gel des avoirs dans tous les pays de la CEDEAO et dans tout le continent. Moi, je suis pour des sanctions ciblées contre les personnes responsables de cette situation. Laurent Gbagbo est responsable avec une clique, avec une bande de prédateurs. Et ce sont ceux-là qui doivent être visées. Nous veillons scrupuleusement pour que ça soit ainsi. J’en profite pour dire aux fonctionnaires qui pour d’autres facteurs ou motifs collaborent avec ce régime de cesser de le faire. Car après la crise, nous prendrons nos responsabilités. Les uns et les autres connaissent ma rigueur dans la gestion. Je l’ai démontré de 1990 à 1993. Je réitère mon appel aux fonctionnaires pour dire qu’ils ne doivent pas collaborer avec ces hors-la-loi. S’ils le font, c’est à leur risques et périls, au risque de perdre leur emploi, au risque pénal devant les tribunaux, donc à des séjours de longue durée en prison. Je n’aimerai pas en arriver là. Je souhaite que chacun se conforme à la loi de la République.
Q : Il est bien possible que cette force de l’ECOMOG échoue, quel est votre plan B ? Il semble que chaque jour que Gbagbo passe au pouvoir le rend puissant.

ADO : Non ! Je ne suis pas d’accord. Les personnes qui ont soutenu Laurent Gbagbo partent en grand nombre sur le Ghana. Tous les hôtels à la frontière du Ghana sont occupés par ceux que nous appelons ici les refondateurs. Pour la plupart, ils ont commencé à prendre la fuite. Chaque jour, ils partent par dizaine en avion, à diverses destinations dont Dubaï. Ça commence à se désintégrer. J’irai plus loin en disant que plusieurs gendarmes, militaires, policiers de haut rang, nous ont contactés pour dire ceci : «nous sommes encerclés par des tueurs. Nos familles sont en danger. Nous sommes à votre disposition. Prenez soin de vous. Nous vous soutenons ». C’est par la terreur que Laurent Gbagbo a encore un certain soutien. Il sera surpris, à un moment donné, il n’aura plus de soutien. Moi, je ferai tout pour que les Ivoiriens soient épargnés par toute opération d’enlèvement de Laurent Gbagbo. Et j’ajoute que les mercenaires travaillent pour de l’argent. Ils ne travaillent pas pour de l’affection pour quelqu’un. Quand les forces de la CEDEAO vont dire tel jour, elles viennent chercher Laurent Gbagbo, ses mercenaires ne seront plus là. Ils vont fuir comme des rats. J’insiste pour dire à Laurent Gbagbo que s’il n’a aucun intérêt pour sa personne qu’il pense à l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire et qu’il quitte le pouvoir le plutôt possible. Par son comportement indigne, il fait du tort aux Ivoiriens.
Q : Monsieur le Président de la République, vous parlez de la Cour pénale internationale, est-ce que votre gouvernement a clairement écrit à la Cour de mener une mission en Côte d’Ivoire ? Deuxième question, à l’ouest et particulièrement à Duekoué, il y a un conflit interethnique, vous êtes le Président de la République, quel est le message que vous adressez à cette population ?

ADO : Au sujet de la Cour pénale internationale, je voudrais dire que le 1er janvier, j’ai eu un entretien d’au moins une demi-heure avec le secrétaire général des Nations Unies, nous avons parcouru toutes les questions. Je lui ai demandé expressément de nous envoyer une mission de la Cour pénale internationale pour faire des investigations. Je lui ai réitéré cette demande par écrit avant-hier. Dans les prochains jours, nous aurons une mission de la Cour pénale internationale. Quant à ce qui se passe à Duekoué, il faut rappeler que tous ces morts qu’il y a eu, c’est le fait du comportement de Laurent Gbagbo. Moi, je le rends responsable de tous ces crimes. Tout ce qui se passe sur le territoire national est lié à son refus de quitter le pouvoir. C’est son refus qui amène ce désordre en Côte d’Ivoire. Ceci est inacceptable pour un ancien Chef d’Etat. Le ministre de l’Intérieur suit cette affaire de très près et nous essayons de faire en sorte que la croix rouge et d’autres organisations apportent leur soutien aux populations éprouvées. J’en profite pour présenter mes condoléances les plus émues aux familles de tous ceux qui ont été tués. Ce sont des morts de trop. La Côte d’Ivoire n’a pas besoin de continuer dans cette voie. Cette élection devait être une élection de sortie de crise et là nous sommes dans une crise plus profonde que celle que nous avions auparavant. C’est tout de même détestable.



Q : Il est de plus en plus question d’une rencontre avec Laurent Gbagbo, qu’est-ce que vous en pensez ? Ensuite, on entend des rumeurs qui font état de recrutement de jeunes pour défendre la République, en avez-vous connaissance ?

ADO : Je voudrais d’abord dire que la République, c’est moi. Laurent Gbagbo est hors-la-loi. Vous êtes d’accord avec cela ? (La journaliste acquiesce, ndlr). S’il est hors-la-loi et que des jeunes gens se font recruter, eh bien, le moment venu, ces jeunes gens seront sanctionnés ! Nous n’avons pas d’inquiétude à ce sujet. C’est vrai, la jeunesse a été manipulée par M Laurent Gbagbo. Mais pour ces jeunes, en 10 ans de pouvoir, il n’a construit aucune université. Moi, en 3 ans, sous la Présidence du Président Félix Houphouët-Boigny, j’ai construit 2 universités. Il n’a strictement rien fait. Il les a manipulé, il les a organisé dans le mauvais sens et pour la plupart d’entre eux, il les a trompés. J’ai hâte de me mettre totalement au travail pour donner un avenir à nos jeunes gens. Je leur lance un appel de ne pas se soumettre à de telles propositions. Bien entendu, il y en a qui sont égarés, il faudra le temps pour le mettre sur les rails. Mais j’ai un programme. J’ai suivi de très près ce que l’ANC a fait pour les jeunes à l’arrivée au pouvoir du Président Mandela en Afrique du sud. J’envisage d’avoir un programme d’emplois massifs des jeunes pour les sortir du chômage et de la violence. En ce qui concerne la question relative à une rencontre avec Laurent Gbagbo, c’est vrai, le Premier ministre Odinga qui ne connaît pas bien la situation, avait dépeint la situation, il avait comme d’habitude rencontré Laurent Gbagbo en premier, qui lui a dit qu’il était prêt à me rencontrer sans condition et que j’étais son frère…j’ai dit à Odinga que je connaissais assez Laurent Gbagbo, il est un menteur. J’ai dit à Odinga que Laurent Gbagbo ne va jamais respecter ce qu’il a dit. Je lui ai dit aussi qu’il n’a jamais respecté un engagement. Les élections ont été reportées à 6 reprises par le fait de Laurent Gbagbo. Chaque fois, c’est lui qui est allé contre les accords contrairement au président Henri Konan Bedié, Blaise Compaoré, le Premier ministre Guillaume Soro et moi-même. Avec lui, nous avons tout accepté parce que nous voulions la démocratie et la paix. J’ai dit à M Odinga que je ne rencontrerai Laurent Gbagbo que quand il aura reconnu que j’ai gagné l’élection et que je suis le Président légitime de la Côte d’Ivoire. Une rencontre avec lui voudra dire qu’il reconnaît sa défaite. En ce moment là, je suis prêt à lui offrir un certain nombre de garanties. Parce qu’en définitive, en tant que Président de tous les Ivoiriens, je dois faire en sorte que tous les Ivoiriens puissent vivre en Côte d’Ivoire dans la paix. Ils ne doivent pas se retrouver en exil comme moi-même j’ai été à plusieurs occasions. Je ferai en sorte que tous les Ivoiriens sans distinction, qu’ils soient du sud, du nord, de l’est, de l’ouest et du centre puissent vivre en harmonie. Je vous dis que c’est une conviction profonde que j’aie. La Côte d’Ivoire a besoin de paix. La côte d’Ivoire a besoin de réconciliation. La Côte d’Ivoire a besoin qu’on rassemble les Ivoiriens, que l’on protège les minorités. Tout cela je l’ai dit durant ma campagne. J’ai dit que mon objectif était de tourner cette page d’incompréhension, de discrimination inutile. Mais je ne peux pas être avec quelqu’un qui refuse la réalité et qui puni les Ivoiriens et les tue. Qui fait assassiner les Ivoiriens par des mercenaires et des miliciens étrangers par surcroît. Où est passé notre patriotisme. Tout de même ! J’en profite pour féliciter les forces de l’ordre, parce que pour la plupart que ce soit la police, la gendarmerie et les militaires, ils ont refusé de participer à cela. Dans beaucoup de quartiers, nous avons eu des retours nous disant que des éléments des forces de défense et de sécurité sont venus au secours des populations, des Ivoiriens. C’est comme cela que je vois leur rôle républicain. Je leur dis que leur retenue est à féliciter. Je sais que cela se poursuit, que les Ivoiriens soient protégés.
Q : Voulez-vous dire que tôt ou tard, Laurent Gbagbo partira du pouvoir ?

ADO : plus tôt que tard.
Q : vous êtes confinés ici au Golf, il y a eu descente musclée des FDS au QG de votre campagne, vous êtes sous un blocus ici, nous en avons fait les frais tout à l’heure en venant ici. L’action militaire, la CEDEAO n’y croit plus. M le Président, sur quoi comptez-vous pour faire partir Laurent Gbagbo et qu’avez-vous à dire pour rassurer vos militants qui, pour certains, n’y croient plus ?

ADO : je voudrais vous dire que ce que vous venez de vivre confirme bien que M Laurent Gbagbo n’a aucune crédibilité. Il a annoncé aux Chefs d’Etat qu’il allait lever ce blocus. Et vous me dites que vous avez passé une demi-heure tout à l’heure et que ce n’est que sur intervention que vous avez pu avoir accès ici. Voilà quelqu’un qui est toujours prêt à prendre les engagements qu’il ne respecte jamais. Ceci étant, vous savez, je suis le premier à souffrir de la situation que vivent mes militants et les Ivoiriens en général. C’est tous les Ivoiriens qui souffrent de cette situation, mais nous allons y arriver. J’en ai la conviction. Je travaille à cela. Je peux vous dire que chaque fois que je me suis appesanti pour régler un problème, je l’ai réglé. Et je vais régler ce problème. Laurent Gbagbo ne sera plus au pouvoir avant la fin de ce mois de Janvier. Il partira. Il partira d’une manière ou d’une autre. Il a fait suffisamment de tord à la Côte d’Ivoire. Il faut qu’il s’en aille. Je souhaite qu’il le fasse de manière pacifique. S’il renonce et continue de s’entêter… Il ne peut pas être seul contre le monde entier. Il le sait bien. Peut-être qu’il traverse une période terrible aussi et qu’il n’arrive pas à distinguer le vrai du faux, mais il assumera les conséquences.
Q : Quel délais accordez vous à Gbagbo

ADO : Ecoutez, je vous dis que Laurent Gbagbo partira avant la fin du mois de janvier. Il y a toute une série de mesures en cours qui vont faire qu’il va tomber non pas comme un fruit mur mais un fruit pourri.

Q : Laurent Gbagbo dit que vous vous faites garder par des éléments des Forces Nouvelles, que répondez-vous ?

ADO : excusez-moi de le dire, c’est un menteur. Vous ici est-ce que vous voyez 300 soldats en armes lourdes. C’est quand même incroyable. Pourquoi prenne t-ils des engagements tout en sachant qu’ils ne peuvent pas les respecter. Guillaume Soro était Premier ministre de M Laurent Gbagbo, à ce titre, il avait une sécurité mixte des éléments des FDS et des FAFN. Ce sont ces mêmes éléments qui sont avec lui. Moi, en tant que président d’institution, j’ai une sécurité qui est avec moi ici. Le président Bédié en tant que président d’institution a une sécurité qui est avec lui. Voila ce qu’il y a ici comme sécurité. Il n’y a rien de vrai dans ce qu’il raconte. Faire des promesses qu’on ne respecte pas est indigne d’un homme d’Etat. Je leur demande d’arrêter de mentir à la face du monde. Cela nous fait honte. Ils font honte à la Côte d’Ivoire. Il est temps d’arrêter ces mensonges. La terre entière sait que Laurent Gbagbo a perdu l’élection, à commencer par lui-même. Qu’il épargne à la Côte d’Ivoire une nouvelle violence.

Chers amis, je sais que vous devez prendre un hélicoptère, ce qui est la preuve que les barrages n’ont pas été levés. L’hélicoptère doit décoller dans 10 à 15 minutes, je voudrais vous libérer. Tout en vous souhaitant une bonne année. Et je vous garantis que, 2011, après le mois de janvier, sera une très grande année pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens. Je vous remercie !
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ