Il ne doit pas faire bon d’être actuellement dans la peau de Laurent Gbagbo. L’ancien président qui a décidé de tordre le cou à la légalité pour marcher sur la légitimité du peuple ivoirien, doit être confus une fois loin des caméras et flashes. Laurent Gbagbo sait qu’il n’est en réalité plus rien. Il tente vainement d’afficher un semblant de sérénité, mais en réalité l’homme est brisé. Altéré parce que lui Gbagbo, qui aime tant le pouvoir, qui aime tant taper sa poitrine comme un vrai « Woody », lui qui aime tant commander. En un mot, lui qui aime tant gouverner, sait que depuis le 28 novembre dernier, il n’est plus rien en Côte d’Ivoire. Si ce n’est un ancien président qui est en train de jeter l’opprobre sur le peu de gloire et considération qui restent encore de sa longue marche dans l’opposition et de ses dix années de gestion de l’Etat ivoirien. En réalité, Gbagbo est même moins que la Reine d’Angleterre. S’il est de notoriété publique que cette souveraine règne sur le pays de Shakespeare sans vraiment gouverner, Laurent Gbagbo est dans une situation pire. Contrairement à la Reine d’Angleterre qui est consultée pour les grandes décisions et qui est reconnu par tout le peuple du Royaume-Uni, l’ancien président Ivoirien est vomi par la grande majorité du peuple ivoirien et sa signature ne vaut plus rien au bas d’un document. Gbagbo sait qu’il ne lui reste que la terreur et une poignée d’officiers généraux à sa solde pour tenter d’exister dans une Côte d’Ivoire qui lui a tourné le dos. Il menace et tue tous ceux qui ont un discours différent. Il fait mains basses sur les médias publics et empêche les chaines d’informations générales étrangères d’émettre un autre son de cloche que LMP TV. Que dire de ses miliciens et autres mercenaires qui assassinent chaque nuit à Abidjan et banlieue les opposants ou tous ceux qui sont supposés tels ? Il ne reste plus que la violence à Laurent Gbagbo pour entretenir une illusion de pouvoir, qu’il a perdu. Sur le plan administratif, le pays est bloqué car les services publics ne fonctionnent presque pas. Au niveau diplomatique, il ne peut plus faire aucune nomination. Tous les diplomates restés fidèles à Gbagbo ont été chassés comme des malpropres. L’UE, les Etats-Unis et le Canada ne reconnaissent que les ambassadeurs nommés par le Président élu, Alassane Ouattara. Sur le terrain, Gbagbo a demandé à l’ONUCI et à la Licorne de quitter la Côte d’Ivoire. Comme pour lui prouver qu’il n’a pas la réalité du pouvoir, la mission onusienne a répondu par la morve. Idem pour les soldats français. Mieux, l’ONU a prolongé de six mois le mandat de l’ONUCI qui a pris fin le 31 décembre dernier. Aujourd’hui, personne dans le monde ne reconnait Gbagbo comme le président de la Côte d’Ivoire. Même ses amis se gardent de le faire. Il est seul et abandonné de tous. S’il continue de se prendre pour un roi, qu’il sache qu’il est nu. Le roi Gbagbo est nu sans aucun pouvoir véritable. Et quand dans quelques jours sa soldatesque va déposer les armes, quand ses mercenaires vont prendre la poudre d’escampette et quand les derniers rats vont sauter du navire LMP, Gbagbo verra sa nudité dans toute sa laideur. Il comprendra, comme le cocu comprend toujours en dernier, qu’il avait une illusion de pouvoir. Il saura enfin, qu’il a régné par la violence et dans le sang certes, mais qu’il n’a vraiment jamais gouverné. Naturellement, il sera trop tard.
Koné Lassiné
Koné Lassiné