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Politique Publié le vendredi 7 janvier 2011 | Le Patriote

SEM. Alassane Dramane Ouattara sur Europe1:“Laurent Gbagbo a du sang sur les mains”

© Le Patriote
Samedi 4 décembre 2010. Abidjan, Hôtel du Golf. Cérémonie de prestation de serment par écrit du Président de la République de Côte d`Ivoire, SEM Alassane Dramane Ouattara
Las de l’attitude désinvolte de Gbagbo Laurent qui défie le monde entier malgré sa défaite à la présidentielle du 28 novembre dernier, Alassane Ouattara n’entend plus rester inactif. Il projette de chasser le dictateur Gbagbo du palais dont les mains sont encore humides du sang des Ivoiriens et d’exercer ses pleins pouvoirs dès la fin janvier

Europe1 : Alassane Ouattara, merci d’être avec nous. D’abord bonjour. Alassane Ouattara : Bonjour M. Elkabbach.

E1 : Vous êtes le président élu de la Côte d’Ivoire. Elu mais privé de liberté. Un président en quelque sorte mais détenu. Est-ce que ce matin, vous réclamez la levée inconditionnelle du blocus autour de votre hôtel ?

AO : Le blocus actuel, bien entendu, nous gêne. Mais ce n’est cela pas le plus important. Le plus important, c’est la sécurité des Ivoiriens dans leur ensemble. De nombreux Ivoiriens sont assassinés par les mercenaires et les miliciens de Laurent Gbagbo. Nous avons plus de 200 morts déjà et nous avons des viols, des blessés. Plus de 1000 blessés par ses mercenaires et ses miliciens.



E1 : Alassane Ouattara, votre accusation ce matin est grave. Est-ce que vous avez des preuves que le sang coule comme vous le dites ?

AO : Mais bien entendu, nous avons des preuves. L’Onu et toutes les organisations des droits de l’homme ont relevé des massacres, des assassinats et ont attribué cela à des mercenaires et des miliciens recrutés par Laurent Gbagbo. Il n’y a pas seulement ces tueries et ces assassinats, mais des charniers. Et j’ai déjà écrit au secrétaire général des Nations Unies pour demander que la Cour pénale internationale envoie une mission d’investigation en Côte d’Ivoire. Et on me dit que cela se fera dans les prochains jours.

E1 : Pourquoi vous n’essayez pas d’aller vers Abidjan ? Est-ce qu’il y a un risque pour la vie de vos proches et pour votre propre vie?

AO : Oui ! Vous savez, quand un régime s’adonne à une telle folie, il faut tout temps protéger les uns et les autres.

E1 : Président Ouattara, depuis un mois vous répétez : «Laurent Gbagbo a perdu, il doit partir» et lui il répond : «j’ai gagné et je reste». Il est imperturbable, il s’incruste et il menace. S’il continue de refuser, est-ce que votre choix à vous, ce sont les armes?

AO : Non ! Vous savez, moi je suis un homme de paix. Si la situation a duré autant, c’est parce que je souhaite une solution pacifique. La CEDEAO a indiqué qu’en cas de refus, elle utiliserait tous les moyens y compris la force légitime.
E1 : Alors est-ce que je peux vous demander ? Qui déclencherait l’intervention militaire de la CEDEAO ?

AO : Bien entendu la CEDEAO. Si Laurent Gbagbo s’obstine à rester au pouvoir, il en subira les conséquences. Il sera tout simplement délogé et cela se fera sans grande difficulté à mon sens.

E1 : Et si la CEDEAO ne le fait pas, qu’est-ce qui se passe?

AO : Non : La CEDEAO le fera. La CEDEAO ne peut pas prendre de tels engagements et ne pas donc les exécuter. Je pense que la CEDEAO veut une solution pacifique également, c’est pour cela que moi-même j’ai accepté la visite de tous ces émissaires. Mais il est temps que Laurent Gbagbo s’en aille de son propre gré. Laurent Gbagbo a du sang sur les mains. Il a du sang sur les mains. Il a fait assassiner des citoyens par des étrangers. Voici quelqu’un qui se dit patriote et qui va prendre des mercenaires.
E1 : Est-ce qu’on peut être clairs ensemble président Ouattara. Laurent Gbagbo demande de recompter les votes dans toute la Côte d’Ivoire. Est-ce que c’est une solution ?

AO : Le scrutin est définitivement clos. Il est terminé. Il n’est pas question de recomptage. Tout ce qui a été fait a été fait.

E1 : Alors Laurent Gbagbo vous propose une rencontre, il dit sans préalable. Il joue l’homme de dialogue. Vous, jusqu’à présent, vous refusez. A quelle condition vous accepteriez un tête-à-tête avec lui ?

AO : J’accepterais une fois qu’il m’aura reconnu comme le président élu, le président légitime. Mais je ne le recevrais pas avant. Laurent Gbagbo se comporte comme hors-la-loi, il est entrain de narguer donc de narguer la terre entière. Il faut qu’il arrête.

E1 : Vous savez qu’on vous reproche d’être seulement le président du nord de la Côte d’Ivoire. C’est-à-dire de votre fief, le nord.

AO : Moi, je suis le président de tous les Ivoiriens. Aussi bien du nord, du sud, du centre de l’ouest et de l’est. Alors, je pense que ce sont des propos qui ne répondent à rien du tout. Laurent Gbagbo a tout fait pour diviser les Ivoiriens. Son camp et lui n’ont fait que dire des mensonges sur mon compte et les Ivoiriens l’ont désapprouvés.

E1 : On vous reproche d’être le président du colonialisme international, le président de l’étranger. Qu’est-ce que vous dites ?

AO : (Il rit). Cela me fait rire parce que c’est de la démagogie. C’est de la démagogie pure et simple. Et ceci est honteux, ceci est scandaleux.
E1 : Alors quel nouveau geste ou sanction vous demandez à tous les pays qui vous soutiennent depuis votre élection, président Ouattara ?

AO : Je demande à tous ces pays de renforcer les sanctions. Les priver de visas et de voyages, leur interdire l’utilisation de l’’espace aérien partout dans le monde. Et deuxièmement, faire en sorte que leurs avoirs soient gelés.
E1 : Hypothèse, Alassane Ouattara : dans une semaine, dans un mois ou dans trois mois, vous vous installerez au palais. Quel président vous serez ? Est-ce que vous promettrez de ne pas instaurer un nouveau pouvoir personnel et autoritaire ?

AO : Je peux vous dire déjà, M. Elkabbach, que ça ne sera pas dans trois mois. Ce sera dans ce mois de janvier. Vous savez bien et le monde entier le sait de par ma culture, de par mon itinéraire, je ne peux pas être un dictateur. Je suis un démocrate. J’ai accepté toutes ces années de combat politique dans la démocratie et dans la paix. Et c’est ce que j’envisage de poursuivre. Un combat démocratique. Il faut tout simplement revoir tout le système de lois et de règlements en Côte d’Ivoire. Il faut extirper de notre Constitution tout ce qui peut diviser les Ivoiriens. Ma volonté, c’est de faire en sorte qu’il y ait une réconciliation nationale.
E1 : Par exemple, est-ce que vous êtes prêt à ouvrir une consultation nationale avec toutes les forces…

AO : Il faut une consultation nationale avec tous les partis politiques.

E1 : Mais avec ceux qui vous ont politiquement combattu?

AO : Bien entendu ! Ce sont des Ivoiriens. Moi je n’exclus personne. Pardonner les offenses du passé.
E1 : Vous pardonnez même aux militaires ?

AO : Bien entendu ! Je suis persuadé qu’avec l’unification des deux armées, les forces de défense et de sécurité et les forces nouvelles, et c’est un décret que je prendrai prochainement, nous aurons une armée unifiée, une armée fraternelle.

E1 : Vous sentez, Alassane Ouattara, que l’armée est en train peu à peu de venir vers vous ou reste fidele à Laurent Gbagbo ?

AO : Vous savez, j’ai été élu avec plus de 63% dans les casernes. Aujourd’hui, je suis persuadé que ce pourcentage est beaucoup plus élevé. Je voudrais les féliciter pour leur retenue pendant cette période de crise.
E1 : Est-ce que vous maintiendrez des liens privilégiés avec les Etats qui vous soutiennent, ceux de l’Afrique, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne et surtout la France ?

AO : Vous savez, la Côte d’Ivoire a toujours eu de bonnes relations, sauf ces dernières années, avec tous les pays.

E1 : Est-ce que vous estimez que la France en a fait assez ou en a trop fait ?

AO : La France joue son rôle de partenaire, de pays ami qui a des liens historiques avec la Côte d’Ivoire. Et cela, nous allons continuer. Je félicite les autorités françaises pour leur soutien.

E1 : Mais Nicolas Sarkozy vous a prévenu que les soldats français n’ont pas vocation à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, qu’ils agissent en vertu d’un mandat des Nations Unies et Alain Juppé (ministre français de la Défense, ndlr) a précisé que la France ne prendra pas l’initiative d’une intervention militaire.

AO : C’est tout a fait normal. La France ne peut pas prendre l’initiative d’une intervention militaire en Côte d’Ivoire. Je ne pense pas que la France ait pu même considérer cela. La Côte d’Ivoire est une affaire africaine. Et les africains sont en train de développer toutes les mesures nécessaires pour amener Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir.

E1 : Alassane Ouattara est un ancien du FMI aux côtés de Michel Camdessus. Vous avez des idées pour sortir de la pauvreté, des inégalités, du gâchis actuel de la Côte d’Ivoire. En dehors du pétrole et du cacao, quels sont les atouts économiques de la Côte d’Ivoire ?

AO : Oui, mais les atouts économiques sont nombreux. Je voudrais d’abord dire si j’ai eu un tel suffrage de mes compatriotes, plus de 54%, c’est parce que les Ivoiriens veulent le changement. Pendant dix années Laurent Gbagbo n’a apporté que la misère et la division. Je compte mettre en œuvre ce programme pour améliorer le bien-être des Ivoiriens. Les priorités seront, bien sûr, la santé, l’école et l’emploi des jeunes.
E1 : Combien d’années il faudra pour faire de la Côte d’Ivoire qui a si mal commencé, président Ouattara, un des moteurs économiques de l’Afrique et un exemple de démocratisation de l’Afrique.

AO : Je suis confiant car c’est un pays qui a de gros potentiels. C’est un pays qui a des femmes et des hommes de qualité dans son administration. C’est un pays qui peut attitrer des investisseurs privés très rapidement pour que toutes les matières premières que nous avons soient mises en valeur très rapidement pour améliorer le bien-être des Ivoiriens.
E1 : Et sans partition de la Côte d’Ivoire en aucun cas ?

AO : Non ! Personne n’a jamais pensé à une partition de la Côte d’Ivoire. Je crois que la Côte d’Ivoire est une et indivisible.

E1 : M. Ouattara, ce matin sur Europe 1, je vous sens impatient et combatif dans votre isolement.

AO : Il est temps qu’on en finisse avec cette situation ubuesque. C’est parce que je suis un homme de paix que nous continuons à être dans cette situation. Arrêtez ! Laurent Gbagbo doit quitter le pouvoir. Vous savez, j’ai toujours été un admirateur de certaines personnalités comme Gandhi, comme Martin Luther King et bien sûr comme Mandela. Je suis un homme de paix et c’est pour cela peut-être que mes partisans sont impatients et pensent que nous devrions aller plus vite pour prendre le pouvoir. Mais nous allons y arriver. Je suis confiant que dans les jours à venir, nous allons avoir la totalité du pouvoir.

E1 : Vous avez dit avant la fin janvier ?

AO : Laurent Gbagbo est le seul responsable de cette situation. Ça ne peut pas durer. l
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