L'humanité.fr - Les pourparlers indirects semblent reprendre le dessus sur les menaces militaires. Le médiateur de l’Union africaine plaide pour l’envoi d’une nouvelle mission en Côte d’Ivoire.
Pour le président sierra-léonais Ernest Koroma, émissaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les discussions de lundi à Abidjan pour tenter de sortir de la crise postélectorale « se poursuivent ». Pour Alassane Ouattara, au contraire, « les discussions sont terminées ». « Tout a été fait pour que la diplomatie et le dialogue nous amènent à trouver une solution définitive », a insisté l’ancien directeur Afrique du FMI, en exhortant Laurent Gbagbo à rendre le pouvoir « dans les plus brefs délais ».
En fait, si les pourparlers indirects ont repris le dessus sur les menaces d’intervention militaire, aucun scénario de sortie de crise ne se dessine sérieusement pour le moment. « Tout est bloqué », résume un diplomate burkinabé. Lequel décrit ainsi l’imbroglio ivoirien : « Le camp Ouattara voit dans la proposition d’un comité international d’évaluation avancée par Gbagbo une manœuvre dilatoire. Ouattara a les mains liées. Il craint que la moindre ouverture au dialogue de sa part n’apparaisse comme un recul, un renoncement au statut de président élu. Mais le temps joue en faveur de Gbagbo, et Ouattara, si les choses se prolongent ainsi, pourrait se retrouver de plus en plus isolé sur le plan intérieur, malgré ses soutiens extérieurs. » Illustration de ces contradictions, Alassane Ouattara assure, dans un entretien à France 24, vouloir « une solution pacifique et négociée ». Tout en affirmant : « Si la force est utilisée en Côte d’Ivoire, ce sera pour enlever Laurent Gbagbo. »
Les institutions africaines, de leur côté, semblaient hier se démarquer un peu plus de cette périlleuse option militaire défendue par le Nigeria. De retour à Nairobi, le premier ministre kényan, Raila Odinga, très martial, au lendemain du scrutin, sur le dossier ivoirien, a invité l’Union africaine et la Cedeao « à agir conjointement dans la recherche d’une solution durable à la crise », en envoyant, « dès que possible, une autre mission de haut niveau en Côte d’Ivoire pour poursuivre les discussions entre les deux parties ».
La pression occidentale, elle, reste très forte. Selon le média d’État Voice of America, pour Washington, toute hypothèse d’un « partage du pouvoir entre Laurent Gbagbo et celui qui est internationalement reconnu comme le vainqueur de l’élection, Alassane Ouattara », est exclue. Le département d’État va jusqu’à présenter sa proposition d’accueillir Gbagbo aux États-Unis comme un geste pour « aider à résoudre la crise ». Dans une démarche similaire, Raila Odinga a promis, hier, à Laurent Gbagbo, depuis Nairobi, « une amnistie » s’il acceptait de céder le pouvoir. « S’il décidait de partir en exil, il ne sera pas traîné devant la Cour pénale internationale », a expliqué le premier ministre kényan.
Point faible de tous ces marchandages : ils font l’impasse sur le problème central dont cette crise postélectorale est le symptôme, celui de la partition du pays. La Côte d’Ivoire souffre d’une profonde fracture entre le Nord et le Sud, aggravée par les événements qui se sont succédé depuis le putsch manqué et le surgissement de la rébellion nordiste en 2002.
Rosa Moussaoui
Pour le président sierra-léonais Ernest Koroma, émissaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les discussions de lundi à Abidjan pour tenter de sortir de la crise postélectorale « se poursuivent ». Pour Alassane Ouattara, au contraire, « les discussions sont terminées ». « Tout a été fait pour que la diplomatie et le dialogue nous amènent à trouver une solution définitive », a insisté l’ancien directeur Afrique du FMI, en exhortant Laurent Gbagbo à rendre le pouvoir « dans les plus brefs délais ».
En fait, si les pourparlers indirects ont repris le dessus sur les menaces d’intervention militaire, aucun scénario de sortie de crise ne se dessine sérieusement pour le moment. « Tout est bloqué », résume un diplomate burkinabé. Lequel décrit ainsi l’imbroglio ivoirien : « Le camp Ouattara voit dans la proposition d’un comité international d’évaluation avancée par Gbagbo une manœuvre dilatoire. Ouattara a les mains liées. Il craint que la moindre ouverture au dialogue de sa part n’apparaisse comme un recul, un renoncement au statut de président élu. Mais le temps joue en faveur de Gbagbo, et Ouattara, si les choses se prolongent ainsi, pourrait se retrouver de plus en plus isolé sur le plan intérieur, malgré ses soutiens extérieurs. » Illustration de ces contradictions, Alassane Ouattara assure, dans un entretien à France 24, vouloir « une solution pacifique et négociée ». Tout en affirmant : « Si la force est utilisée en Côte d’Ivoire, ce sera pour enlever Laurent Gbagbo. »
Les institutions africaines, de leur côté, semblaient hier se démarquer un peu plus de cette périlleuse option militaire défendue par le Nigeria. De retour à Nairobi, le premier ministre kényan, Raila Odinga, très martial, au lendemain du scrutin, sur le dossier ivoirien, a invité l’Union africaine et la Cedeao « à agir conjointement dans la recherche d’une solution durable à la crise », en envoyant, « dès que possible, une autre mission de haut niveau en Côte d’Ivoire pour poursuivre les discussions entre les deux parties ».
La pression occidentale, elle, reste très forte. Selon le média d’État Voice of America, pour Washington, toute hypothèse d’un « partage du pouvoir entre Laurent Gbagbo et celui qui est internationalement reconnu comme le vainqueur de l’élection, Alassane Ouattara », est exclue. Le département d’État va jusqu’à présenter sa proposition d’accueillir Gbagbo aux États-Unis comme un geste pour « aider à résoudre la crise ». Dans une démarche similaire, Raila Odinga a promis, hier, à Laurent Gbagbo, depuis Nairobi, « une amnistie » s’il acceptait de céder le pouvoir. « S’il décidait de partir en exil, il ne sera pas traîné devant la Cour pénale internationale », a expliqué le premier ministre kényan.
Point faible de tous ces marchandages : ils font l’impasse sur le problème central dont cette crise postélectorale est le symptôme, celui de la partition du pays. La Côte d’Ivoire souffre d’une profonde fracture entre le Nord et le Sud, aggravée par les événements qui se sont succédé depuis le putsch manqué et le surgissement de la rébellion nordiste en 2002.
Rosa Moussaoui