Eric Kahé, membre de La majorité présidentielle, était récemment face à ses parents. Il a profité de l’occasion pour les instruire sur la crise post-électorale. Nous vous proposons ici de larges extraits de son discours qui tranchent avec la langue de bois.
Notre cérémonie familiale intervient dans un contexte particulièrement difficile pour notre pays. A la crise politico-militaire que connaît notre pays depuis maintenant 8 ans et même plus, est venue s’ ajouter une crise post-électorale. Nos responsabilités en deviennent plus grandes et historiques.
Au-delà de la tradition, cette occasion doit nous permettre de rentrer en nous-mêmes pour une introspection. Tout ce que nous ferons ou ne ferons pas aura sans doute un impact sur l’avenir de notre pays. Si notre silence peut s’avérer coupable, notre langue peut être un danger.
Bref rappel…
- Accords
- Concessions
- Conditions d’organisation de l’élection présidentielle
Je voudrais vous remercier pour l’expression concrète et vivante de votre solidarité par rapport aux graves événements qui endeuillent la région de l’Ouest et plus particulièrement Duékoué, ma ville natale. Je suis d’autant plus touché que votre solidarité ne se manifeste pas à l’endroit d’une seule communauté, fût-elle celle dont je suis originaire, mais ‘à l’endroit de l’ensemble des communautés, victimes de la bêtise et de l’incitation à la haine de certains acteurs politiques locaux. Face à ces barbaries qui suscitent colère et indignation, nous devons choisir de privilégier la construction de la Nation, comme nous le recommande notre Manifeste et les assises de notre 1er Congrès tenu en octobre 2009.
Depuis le déclenchement de cette longue crise, née d’une tentative de coup d’Etat qui s’est muée en une rébellion, la région de l’Ouest est en proie à des violences d’une rare cruauté et il est grand temps que cesse le macabre exercice de ceux, qui, au nom de la “patrie ethnique”, jouent avec la vie des autres, anéantissant tous les efforts de cohésion sociale des hommes de paix. De quelque camp qu’ils soient, ils doivent être démasqués. Les appels hypocrites à la paix et les témoignages mensongers ou fabriqués doivent faire place à des prises de position courageuses en faveur de la Vérité. C’est seulement à ce prix que nous pourrons regagner mutuellement la confiance les uns des autres. Ce qui vient de se passer à Duékoué est d’une extrême gravité et en situer les responsabilités est un impératif d’unité nationale et de renversement de la vapeur en faveur de la paix. Loin des diatribes et des invectives, il nous faut (re)apprendre la pratique de la vérité comme savent si bien le faire les vrais patriarches.
Les populations ivoiriennes aspirent sincèrement à vivre ensemble. Suite aux événements de Duékoué, les condamnations unanimes des leaders de communauté et la sincérité dans la reconnaissance des torts, que les leurs, ont causés aux autres, est un signal encourageant sur le chemin de l’unité nationale. Il est illusoire de bâtir l’unité nationale sur l’injustice par la pratique de la loi du plus fort. L’injustice et la loi du plus fort ne peuvent que produire un cycle perpétuel d’attaques et de représailles. Car comme le disait Karl Max, “un homme seul ne tue pas ses semblables. En général, ce sont les victimes qui se changent en bourreaux”. Le Coran et la Bible ne disent pas autre chose car “Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé; car Dieu a fait l’homme à son image” (Genèse 9-6). Que cette mise en garde ne soit pas comprise comme une tolérance de la vengeance. Elle doit nous inviter à savoir que la vie de notre prochain est sacrée. Souvent traités d’animistes, les Africains n’en demeurent pas moins habités par la crainte de Dieu, dans leur écrasante majorité. On ne doit donc pas se fonder sur nos différences naturelles et si mutuellement enrichissantes pour nous instrumentaliser â la pratique constante de la violence, au nom d’une ambition politique. Tout comme, eux aussi, ne doivent pas accepter cela.
Certains d’entre nous ont passé 15 ans à pourrir la situation, 15 ans d’un combat qui n’a pas été le meilleur et ne sera certainement jamais le meilleur. Aujourd’hui, penser différemment que son voisin est devenu un délit. Etre agressé et le dénoncer revient â entretenir des milices. Oui, en Côte d’Ivoire, dire que la rébellion n’a pas été une bonne chose, c’est devenir l’ennemi des peuples du Nord. Il est vain de croire que l’on peut changer l’opinion de son prochain par la violence. Quel héritage moral et quelles valeurs allons-nous laisser à nos enfants si la moindre vérité nous fait tant peur. C’est le moment, plus que jamais, pour les hommes de laisser la vérité de se manifester. Il est grand temps que de tous les camps, se lèvent et se dressent les hommes de paix afin que l’injustice ne l’emporte pas sur la justice, le mensonge et la forfaiture sur la vérité, l’anarchie sur le respect des règles, le droit de la force sur la force du droit.
Les peuples du Nord, que nous avons eu le privilège de connaître quelque peu, et à qui nous devons l’essentiel de notre éducation, sont attachés aux valeurs de justice, d’équité, de courage, de discrétion, de tolérance, notamment au sens de l’acceptation de la différence. Comme tous les peuples de Côte d’Ivoire, ils aspirent à s’affirmer politiquement, socialement et culturellement. Ils aspirent certainement à ce qu’un de leurs fils préside un jour aux destinées de la Côte d’Ivoire. Mais pas au prix du sang et de leur prise en otage au nom de cette légitime aspiration. De Korhogo, un descendant de Gbon Coulibaly, ou de Boundiali, un descendant de Dramane député, ou de Séguéla, un descendant de Sekou Sanogo, dirigera un jour la Côte d’Ivoire. Ou même l’enfant du plus modeste paysan de cette région, si charmante et si digne. Etc. Etc. Etc.
Mais il ne sera pas porté sur les chevaux dominateurs et esclavagistes des puissances extérieures que ses parents ont combattues pour l’acquisition de leur indépendance. Il ne sera pas non plus projeté par des canons qui vont assassiner ses compatriotes ou les lance-roquettes de pays avec lesquels il est dans une saine compétition pour le développement de l’Afrique.
Le champ de ruines qu’est devenue la ville de Duékoué doit nous interpeller tous. Cet odieux exemple ne doit pas prospérer. Si la politique est en principe un jeu, malheureusement nos propos et nos écrits sont pris au premier degré par nos partisans. Après le débat télévisé de novembre qui a opposé le Président Gbagbo et le Premier ministre Alassane Ouattara, beaucoup de leurs partisans ont compris comme une “trahison” le fait qu’ils disent se téléphoner souvent. Tout simplement parce que nos plumes et nos meetings avaient achevé de les convaincre du contraire. Ils ont donc intériorisé nos bagarres, prêts à en découdre à la moindre occasion.
Ces derniers temps, c’est l’apologie d’une invasion militaire de la Côte d’Ivoire qui est à l’ordre du jour. Cette campagne dessert ses auteurs car elle les éloigne chaque jour un peu plus des Ivoiriens. Cette campagne en ajoute à la tension et la moindre étincelle suffira à l’embrasement. Après la prise des armes pour imposer un nouvel ordre politique en Côte d’Ivoire, c’est maintenant les menaces qui sont devenues un nouveau mode de gouvernement”.
La Côte d’Ivoire n’a donc pas besoin de troupes armées mais de désarmer des plumes et des langues afin qu’on n’attende pas d’un chef d’Etat qu’il “tombe, non pas comme un fruit mûr, mais comme un fruit pourri”. Elle n’a pas besoin de troupes Ecomog mais d’échos de solidarité de la Cedeao pour l’aider à sortir d’une crise de 10 ans. Elle n’a pas besoin de bateaux de guerre qui amplifieraient les souffrances des populations mais d’un beau taux de croissance pour réduire la pauvreté. Elle n’a plus besoin de guerre avec sa cohorte de galères mais de pain et de galettes pour nourrir ses enfants.
La Côte d’Ivoire a besoin de personnes de bonne volonté pour convaincre ceux qui ont eu tort de frauder ou de soutenir la fraude et non de chars volontaristes pour vaincre ceux qui ont la légitimité et le droit avec eux.
Nous voudrions donc féliciter et encourager les émissaires de haut niveau de la Cedeao pour leur option en faveur du dialogue et leurs efforts positifs pour la paix.
La chance de la Côte d’Ivoire c’est d’avoir avec elle le droit à 100% et de constater qu’une majorité croissante de la population a légitimé Laurent Gbagbo. Car la légalité est avec lui, à travers le droit, et la légitimité qui relève du droit naturel vient conforter sa position.
C’est aussi l’occasion pour nous de féliciter et remercier les cadres et intellectuels africains pour leur soutien déterminant à la cause de la Côte d’ivoire. En effet, la reconnaissance de la communauté internationale, limitée à la prise de position de quelques dirigeants au service compréhensible de la défense des intérêts de leur pays ou de leurs multinationales, est moins “légitimante” que celle des intellectuels. Ces derniers ont l’avantage d’être plus objectifs, plus libres et de ne pas être au service de calculs géopolitiques. La communauté internationale est prisonnière du gouvernement mondial qui veut que la décision de l’Onu soit suivie par tous, et dont on connaît désormais les dangers, car un fonctionnaire international, peut à lui tout seul, hypothéquer l’avenir des peuples entiers.
Il est simplement regrettable que l’Onu puisse se discréditer à ce point, surtout sur des questions de fraudes qu’elle devait être la première à condamner. Plus d’un mois après sa forfaiture au Golf Hôtel, Monsieur Youssouf Bakayoko ne nous a toujours pas dit comment, sur le procès verbal de la Région de la Vallée du Bandama, le candidat Alassane Ouattara a vu son score augmenter miraculeusement de 94.873 voix. Même Choï, l’expert en certification, continue de rester muet sur ce cas parmi tant d’autres. Or, sur ce seul exemple, pour environ 4 millions d’électeurs ayant pris part au second tour, 94.873 voix, cela représente près de 2.4%. C’est trop. C’est scandaleux. C’est inacceptable.
Tout comme est révélateur, le silence de M Choï et de M Bakayoko sur plus de 2000 PV sur lesquels le nombre de votants est supérieur au nombre d’inscrits. La Cei en a été bel et bien informée par un courrier officiel de la structure avec laquelle elle a signé un contrat pour le décompte électronique, parallèlement au décompte manuel. Ce décompte électronique a été pris en compte au premier tour. Pourquoi le balaie-t-on du révers de la main au second tour, tout comme on feint d’ignorer les rapports gênants des observateurs pourtant accrédités par la Cei.
Une Commission électorale, au motif d’être indépendante, ne peut pas si honteusement avantager un des candidats. Les Ivoiriens ne peuvent pas sortir d’une si longue, pénible et éprouvante crise avec un Président de la République élu par fraudes. Les candidats s’étant engagés à lutter contre la corruption, comment peuvent-ils le faire si leur propre élection est le résultat de fraudes massives et planifiées?
Dénoncer ces pratiques, ce n’est pas ne pas aimer nos frères et sœurs du Nord. L’indignation sélective de la communauté internationale participe ‘de la recolonisation et nos autres frères finiront par comprendre que notre combat est avant tout au profit de tous. Notre problème c’est certainement d’avoir compris avant les autres et aussi d’avoir vaincu la peur. C’est pour cela que notre démarche doit rester pédagogique, fraternelle et persuasive. Celui qui a raison trop tôt a parfois un peu tort.
Aux côtés de ces intellectuels et de l’écrasante majorité des Ivoiriens, nous devons poursuivre le combat, sans en attendre des dividendes personnels. C’est à notre congrès d’octobre 2009 que nous avons décidé de faire de Laurent Gbagbo notre candidat. Individuellement et collectivement, nous avons soutenu ce choix, par un engagement sans faille et une présence de terrain remarquable. En parcourant, sans relâche, de nombreuses régions du pays et en nous acquittant de toutes les missions à nous confiées, nous avons gagné l’amitié et la confiance de nos camarades de Lmp. Notre candidat a gagné les élections et nous l’en félicitons chaleureusement.
Le Conseil constitutionnel, dont le rôle n’a jamais été contesté dans le processus électoral a rendu un arrêt juste et justifié et qui s’impose à tous. Les fraudes au Nord sont flagrantes et ne pas les sanctionner serait une menace et une atteinte à la démocratie. Nous devons soutenir vaille que vaille la démocratie. Ni les menaces, ni les intimidations ne doivent nous écarter de notre soutien à la légalité et aux Institutions. C’est au contraire la remise en cause de cet arrêt, par la désobéissance civile, par exemple, qui est délictueux dès lors que selon l’article 98 de la Constitution, “les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale”.
Parti d’ouverture, à équidistance des extrêmes, l’Aird encourage le Président de la République à demeurer dans l’optique du dialogue républicain. L’Aird soutient sa proposition d’un comité d’évaluation.
...Perspectives
...Vœux
Notre cérémonie familiale intervient dans un contexte particulièrement difficile pour notre pays. A la crise politico-militaire que connaît notre pays depuis maintenant 8 ans et même plus, est venue s’ ajouter une crise post-électorale. Nos responsabilités en deviennent plus grandes et historiques.
Au-delà de la tradition, cette occasion doit nous permettre de rentrer en nous-mêmes pour une introspection. Tout ce que nous ferons ou ne ferons pas aura sans doute un impact sur l’avenir de notre pays. Si notre silence peut s’avérer coupable, notre langue peut être un danger.
Bref rappel…
- Accords
- Concessions
- Conditions d’organisation de l’élection présidentielle
Je voudrais vous remercier pour l’expression concrète et vivante de votre solidarité par rapport aux graves événements qui endeuillent la région de l’Ouest et plus particulièrement Duékoué, ma ville natale. Je suis d’autant plus touché que votre solidarité ne se manifeste pas à l’endroit d’une seule communauté, fût-elle celle dont je suis originaire, mais ‘à l’endroit de l’ensemble des communautés, victimes de la bêtise et de l’incitation à la haine de certains acteurs politiques locaux. Face à ces barbaries qui suscitent colère et indignation, nous devons choisir de privilégier la construction de la Nation, comme nous le recommande notre Manifeste et les assises de notre 1er Congrès tenu en octobre 2009.
Depuis le déclenchement de cette longue crise, née d’une tentative de coup d’Etat qui s’est muée en une rébellion, la région de l’Ouest est en proie à des violences d’une rare cruauté et il est grand temps que cesse le macabre exercice de ceux, qui, au nom de la “patrie ethnique”, jouent avec la vie des autres, anéantissant tous les efforts de cohésion sociale des hommes de paix. De quelque camp qu’ils soient, ils doivent être démasqués. Les appels hypocrites à la paix et les témoignages mensongers ou fabriqués doivent faire place à des prises de position courageuses en faveur de la Vérité. C’est seulement à ce prix que nous pourrons regagner mutuellement la confiance les uns des autres. Ce qui vient de se passer à Duékoué est d’une extrême gravité et en situer les responsabilités est un impératif d’unité nationale et de renversement de la vapeur en faveur de la paix. Loin des diatribes et des invectives, il nous faut (re)apprendre la pratique de la vérité comme savent si bien le faire les vrais patriarches.
Les populations ivoiriennes aspirent sincèrement à vivre ensemble. Suite aux événements de Duékoué, les condamnations unanimes des leaders de communauté et la sincérité dans la reconnaissance des torts, que les leurs, ont causés aux autres, est un signal encourageant sur le chemin de l’unité nationale. Il est illusoire de bâtir l’unité nationale sur l’injustice par la pratique de la loi du plus fort. L’injustice et la loi du plus fort ne peuvent que produire un cycle perpétuel d’attaques et de représailles. Car comme le disait Karl Max, “un homme seul ne tue pas ses semblables. En général, ce sont les victimes qui se changent en bourreaux”. Le Coran et la Bible ne disent pas autre chose car “Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé; car Dieu a fait l’homme à son image” (Genèse 9-6). Que cette mise en garde ne soit pas comprise comme une tolérance de la vengeance. Elle doit nous inviter à savoir que la vie de notre prochain est sacrée. Souvent traités d’animistes, les Africains n’en demeurent pas moins habités par la crainte de Dieu, dans leur écrasante majorité. On ne doit donc pas se fonder sur nos différences naturelles et si mutuellement enrichissantes pour nous instrumentaliser â la pratique constante de la violence, au nom d’une ambition politique. Tout comme, eux aussi, ne doivent pas accepter cela.
Certains d’entre nous ont passé 15 ans à pourrir la situation, 15 ans d’un combat qui n’a pas été le meilleur et ne sera certainement jamais le meilleur. Aujourd’hui, penser différemment que son voisin est devenu un délit. Etre agressé et le dénoncer revient â entretenir des milices. Oui, en Côte d’Ivoire, dire que la rébellion n’a pas été une bonne chose, c’est devenir l’ennemi des peuples du Nord. Il est vain de croire que l’on peut changer l’opinion de son prochain par la violence. Quel héritage moral et quelles valeurs allons-nous laisser à nos enfants si la moindre vérité nous fait tant peur. C’est le moment, plus que jamais, pour les hommes de laisser la vérité de se manifester. Il est grand temps que de tous les camps, se lèvent et se dressent les hommes de paix afin que l’injustice ne l’emporte pas sur la justice, le mensonge et la forfaiture sur la vérité, l’anarchie sur le respect des règles, le droit de la force sur la force du droit.
Les peuples du Nord, que nous avons eu le privilège de connaître quelque peu, et à qui nous devons l’essentiel de notre éducation, sont attachés aux valeurs de justice, d’équité, de courage, de discrétion, de tolérance, notamment au sens de l’acceptation de la différence. Comme tous les peuples de Côte d’Ivoire, ils aspirent à s’affirmer politiquement, socialement et culturellement. Ils aspirent certainement à ce qu’un de leurs fils préside un jour aux destinées de la Côte d’Ivoire. Mais pas au prix du sang et de leur prise en otage au nom de cette légitime aspiration. De Korhogo, un descendant de Gbon Coulibaly, ou de Boundiali, un descendant de Dramane député, ou de Séguéla, un descendant de Sekou Sanogo, dirigera un jour la Côte d’Ivoire. Ou même l’enfant du plus modeste paysan de cette région, si charmante et si digne. Etc. Etc. Etc.
Mais il ne sera pas porté sur les chevaux dominateurs et esclavagistes des puissances extérieures que ses parents ont combattues pour l’acquisition de leur indépendance. Il ne sera pas non plus projeté par des canons qui vont assassiner ses compatriotes ou les lance-roquettes de pays avec lesquels il est dans une saine compétition pour le développement de l’Afrique.
Le champ de ruines qu’est devenue la ville de Duékoué doit nous interpeller tous. Cet odieux exemple ne doit pas prospérer. Si la politique est en principe un jeu, malheureusement nos propos et nos écrits sont pris au premier degré par nos partisans. Après le débat télévisé de novembre qui a opposé le Président Gbagbo et le Premier ministre Alassane Ouattara, beaucoup de leurs partisans ont compris comme une “trahison” le fait qu’ils disent se téléphoner souvent. Tout simplement parce que nos plumes et nos meetings avaient achevé de les convaincre du contraire. Ils ont donc intériorisé nos bagarres, prêts à en découdre à la moindre occasion.
Ces derniers temps, c’est l’apologie d’une invasion militaire de la Côte d’Ivoire qui est à l’ordre du jour. Cette campagne dessert ses auteurs car elle les éloigne chaque jour un peu plus des Ivoiriens. Cette campagne en ajoute à la tension et la moindre étincelle suffira à l’embrasement. Après la prise des armes pour imposer un nouvel ordre politique en Côte d’Ivoire, c’est maintenant les menaces qui sont devenues un nouveau mode de gouvernement”.
La Côte d’Ivoire n’a donc pas besoin de troupes armées mais de désarmer des plumes et des langues afin qu’on n’attende pas d’un chef d’Etat qu’il “tombe, non pas comme un fruit mûr, mais comme un fruit pourri”. Elle n’a pas besoin de troupes Ecomog mais d’échos de solidarité de la Cedeao pour l’aider à sortir d’une crise de 10 ans. Elle n’a pas besoin de bateaux de guerre qui amplifieraient les souffrances des populations mais d’un beau taux de croissance pour réduire la pauvreté. Elle n’a plus besoin de guerre avec sa cohorte de galères mais de pain et de galettes pour nourrir ses enfants.
La Côte d’Ivoire a besoin de personnes de bonne volonté pour convaincre ceux qui ont eu tort de frauder ou de soutenir la fraude et non de chars volontaristes pour vaincre ceux qui ont la légitimité et le droit avec eux.
Nous voudrions donc féliciter et encourager les émissaires de haut niveau de la Cedeao pour leur option en faveur du dialogue et leurs efforts positifs pour la paix.
La chance de la Côte d’Ivoire c’est d’avoir avec elle le droit à 100% et de constater qu’une majorité croissante de la population a légitimé Laurent Gbagbo. Car la légalité est avec lui, à travers le droit, et la légitimité qui relève du droit naturel vient conforter sa position.
C’est aussi l’occasion pour nous de féliciter et remercier les cadres et intellectuels africains pour leur soutien déterminant à la cause de la Côte d’ivoire. En effet, la reconnaissance de la communauté internationale, limitée à la prise de position de quelques dirigeants au service compréhensible de la défense des intérêts de leur pays ou de leurs multinationales, est moins “légitimante” que celle des intellectuels. Ces derniers ont l’avantage d’être plus objectifs, plus libres et de ne pas être au service de calculs géopolitiques. La communauté internationale est prisonnière du gouvernement mondial qui veut que la décision de l’Onu soit suivie par tous, et dont on connaît désormais les dangers, car un fonctionnaire international, peut à lui tout seul, hypothéquer l’avenir des peuples entiers.
Il est simplement regrettable que l’Onu puisse se discréditer à ce point, surtout sur des questions de fraudes qu’elle devait être la première à condamner. Plus d’un mois après sa forfaiture au Golf Hôtel, Monsieur Youssouf Bakayoko ne nous a toujours pas dit comment, sur le procès verbal de la Région de la Vallée du Bandama, le candidat Alassane Ouattara a vu son score augmenter miraculeusement de 94.873 voix. Même Choï, l’expert en certification, continue de rester muet sur ce cas parmi tant d’autres. Or, sur ce seul exemple, pour environ 4 millions d’électeurs ayant pris part au second tour, 94.873 voix, cela représente près de 2.4%. C’est trop. C’est scandaleux. C’est inacceptable.
Tout comme est révélateur, le silence de M Choï et de M Bakayoko sur plus de 2000 PV sur lesquels le nombre de votants est supérieur au nombre d’inscrits. La Cei en a été bel et bien informée par un courrier officiel de la structure avec laquelle elle a signé un contrat pour le décompte électronique, parallèlement au décompte manuel. Ce décompte électronique a été pris en compte au premier tour. Pourquoi le balaie-t-on du révers de la main au second tour, tout comme on feint d’ignorer les rapports gênants des observateurs pourtant accrédités par la Cei.
Une Commission électorale, au motif d’être indépendante, ne peut pas si honteusement avantager un des candidats. Les Ivoiriens ne peuvent pas sortir d’une si longue, pénible et éprouvante crise avec un Président de la République élu par fraudes. Les candidats s’étant engagés à lutter contre la corruption, comment peuvent-ils le faire si leur propre élection est le résultat de fraudes massives et planifiées?
Dénoncer ces pratiques, ce n’est pas ne pas aimer nos frères et sœurs du Nord. L’indignation sélective de la communauté internationale participe ‘de la recolonisation et nos autres frères finiront par comprendre que notre combat est avant tout au profit de tous. Notre problème c’est certainement d’avoir compris avant les autres et aussi d’avoir vaincu la peur. C’est pour cela que notre démarche doit rester pédagogique, fraternelle et persuasive. Celui qui a raison trop tôt a parfois un peu tort.
Aux côtés de ces intellectuels et de l’écrasante majorité des Ivoiriens, nous devons poursuivre le combat, sans en attendre des dividendes personnels. C’est à notre congrès d’octobre 2009 que nous avons décidé de faire de Laurent Gbagbo notre candidat. Individuellement et collectivement, nous avons soutenu ce choix, par un engagement sans faille et une présence de terrain remarquable. En parcourant, sans relâche, de nombreuses régions du pays et en nous acquittant de toutes les missions à nous confiées, nous avons gagné l’amitié et la confiance de nos camarades de Lmp. Notre candidat a gagné les élections et nous l’en félicitons chaleureusement.
Le Conseil constitutionnel, dont le rôle n’a jamais été contesté dans le processus électoral a rendu un arrêt juste et justifié et qui s’impose à tous. Les fraudes au Nord sont flagrantes et ne pas les sanctionner serait une menace et une atteinte à la démocratie. Nous devons soutenir vaille que vaille la démocratie. Ni les menaces, ni les intimidations ne doivent nous écarter de notre soutien à la légalité et aux Institutions. C’est au contraire la remise en cause de cet arrêt, par la désobéissance civile, par exemple, qui est délictueux dès lors que selon l’article 98 de la Constitution, “les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale”.
Parti d’ouverture, à équidistance des extrêmes, l’Aird encourage le Président de la République à demeurer dans l’optique du dialogue républicain. L’Aird soutient sa proposition d’un comité d’évaluation.
...Perspectives
...Vœux