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Politique Publié le lundi 10 janvier 2011 | Le Patriote

Interview - Appel à la mobilisation / KKB aux jeunes du RHDP: “Nous n’avons pas le droit de baisser les bras”

© Le Patriote Par Emma
Presse - Les leaders des jeunesses du RHDP à la Tribune d`échanges du quotidien Le Patriote
Vendredi 30 avril 2010. Abidjan, Zone 4C. Siège du quotidien "Le Patriote". Karamoko Yayoro (JRDR), KKB (photo) et les autres leaders des jeunesses du RHDP, face à la presse.
Les prochains jours risquent d’être très perturbés. Les jeunes du RHDP ayant décidé, après les opérations ‘’pays mort’’, de remettre le couvert cette semaine. KKB, président de jeunesse du PDCI, le signifie d’ailleurs dans cette interview où il lance un appel à la mobilisation à toute la jeunesse ivoirienne et se prononce aussi sur les questions brûlantes de l’heure.
Le Patriote: La victoire du candidat du RHDP, Alassane Ouattara, à la présidentielle du 28 novembre 2010 a été proclamée par la CEI et invalidée par le Conseil constitutionnel. Une victoire reconnue par la quasi-totalité de la communauté internationale. Toute chose qui fait dire à Gbagbo et ses partisans que Ouattara serait ‘’le candidat de l’étranger’’. Que leur répondez-vous?
Kouadio Konan Bertin : Les Ivoiriens, depuis dix ans, subissent la dictature de Gbagbo, qui a fini par accepter les élections. Au nombre des nombreux candidats qui ont postulé, Alassane Ouattara. Comment quelqu’un qui est sur la liste pour participer à la compétition, peut l’être pour le compte de l’étranger ? Je dis non. Alassane Ouattara a été élu massivement à plus de 54 % par les Ivoiriens. C’est de la pure manipulation que de faire croire que, parce que l’ONU, la CEDEAO, l’UA lui ont donné leur onction, alors ADO est le président de l’étranger. Mais avant d’être reconnu par l’étranger, il a bien fallu que des Ivoiriens le votent massivement. Il faut dire aux Ivoiriens que c’est bien Gbagbo qui a fait venir Choi et l’ONU en Côte d’Ivoire. Et l’ONU avait pour rôle, la certification de nos élections. C’est ainsi que Choi a certifié les audiences foraines, Gbagbo n’a pas contesté. Le même Choi a certifié la liste électorale provisoire, Gbagbo n’a pas contesté. Il a certifié les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle, Gbagbo n’a pas contesté. Pourquoi diantre la dernière certification, parce qu’elle n’est pas en la faveur de Gbagbo, doit amener à dire que Choi veut imposer un président à la Côte d’Ivoire? C’est de la mauvaise foi, de la manipulation. C’est du mensonge. Et les Ivoiriens ne doivent pas accepter cela. Ils doivent lui démontrer qu’ils sont mûrs.

LP : Ce que certains s’expliquent difficilement, c’est le fait que le président de la CEI ait proclamé les résultats hors délai et dans un hôtel, notamment au Golf.
KKB : Cette situation est arrivée parce que Gbagbo l’a voulue. Et il l’a savamment préparée. Empêcher que Bakayoko puisse dire les résultats dans les délais. De sorte que le Conseil constitutionnel à sa solde soit le dernier recours qui récupère le dossier pour faire du faux, rien que du faux. Alors Bakayoko ne pouvait pas proclamer les résultats au siège de la CEI qui était devenu un camp militaire. Avec des miliciens en armes au cas où Bakayoko se permettait de dire la vérité, rien que la vérité, il ne serait plus vivant aujourd’hui. Tout le monde le sait. Il a été empêché physiquement par quelques petits militants zélés et tout cela était programmé. Alors, on s’étonne que Bakayoko soit venu au Golf pour proclamer les résultats. C’est parce qu’il n’y avait pas à Abidjan, un endroit plus sécurisé que le Golf pour dire la vérité des urnes. Voici comment, la mort dans l’âme, Bakayoko s’est retrouvé dans cet hôtel dans le respect des textes qui régissent la CEI.

LP : Depuis la proclamation des résultats, le président élu, donc majoritaire, et son gouvernement ainsi que ses collaborateurs sont à l’étroit au Golf Hôtel. Pendant ce temps, les jeunes patriotes occupent les rues pour se faire entendre. Comment expliquez-vous ce paradoxe de la majorité qui est confinée dans ce complexe hôtelier et de la minorité qui occupe les rues ?
KKB : C’est bien curieux, cette situation que nous vivons mais qui est pratiquement inédite. Je disais souvent que la question qui se posera est de savoir qui a fait voter le maximum de jeunes pour son candidat ? La vraie majorité en démocratie, c’est celle qui se dégage des urnes. Curieusement, nous avons une minorité excitée dans les rues par la volonté de notre armée qui l’encadre, qui arme les jeunes, mais qui, malheureusement, n’accepte pas qu’en face, nous aussi nous nous réunissions. Chaque fois que nous avons tenté de nous regrouper, même en respectant les lois de la République, nos militants ont été abattus, tués à balles réelles depuis leur domicile pour empêcher un quelconque regroupement. De cette façon, Gbagbo a réussit à semer la terreur, la peur, dans la tête de nos militants. Toutes les fois que nous sommes sortis pour manifester, ce sont des dizaines de morts. Or vous savez, la volonté des houphouétistes, avec à leur tête maintenant le président Ouattara, c’est de protéger la vie humaine, qui est le premier droit de tout citoyen. Les Ivoiriens se plaignent que la situation ait duré. Elle dure parce qu’ADO veut éviter le bain de sang, user du dialogue, l’arme des forts. Il veut gouverner une Côte d’Ivoire avec des Ivoiriens en bonne santé, avec toutes ses forces pour qu’elle puisse être développée par l’ensemble de ses fils. Ce n’est pas un cimetière que Ouattara veut diriger. C’est pourquoi il prend son temps, il va à son rythme pour que la justice et le droit soient dits pour qu’il gouverne enfin, selon la volonté des Ivoiriens. Il l’a dit lui-même, que d’ici la fin de ce mois, la question sera réglée. Nous pouvons lui faire confiance. Mais je demande aux Ivoiriens qui ont voté pour Alassane Ouattara : la communauté internationale d’accord, mais on n’obtient rien sans sacrifice. A vaincre sans périr, on triomphe sans gloire.

LP : Ca ressemble à un appel, voire un mot d’ordre.
KKB : Absolument ! Et je voudrais le lancer solennellement ici : Jeunes de Côte d’Ivoire, je sais que beaucoup sont morts dans ce combat, mais justement, c’est parce qu’il y a eu des morts que nous n’avons pas le droit de baisser les bras. Armons-nous donc de courage. Levons-nous. Allons revendiquer nos droits et protéger ce que nous avons si bien fait par les urnes, c’est-à-dire la victoire d’Alassane Ouattara. On ne peut pas se laisser abattre, pénétrer par la peur et le découragement. Je vous invite à vous armer à nouveau de courage. Où que vous soyez, réveillez-vous. Je félicite nos militants à l’intérieur du pays. Parce que comme là bas, il n’y a pas assez de forces de l’ordre pour les tuer chaque fois qu’on a lancé des mots d’ordre, les choses ont marché. Mais à Abidjan, c’est là le nœud gordien. Il va falloir qu’un jour, rien que pour ceux qui sont morts, nous nous réveillions enfin. Si Gbagbo veut nous tuer tous, alors il nous tuera tous. Mais il est hors de question que les Ivoiriens aillent dire leur volonté et que cette volonté ne soit pas respectée et qu’elle soit confisquée par une minorité, parce qu’un dictateur veut se maintenir au pouvoir.
Je crois que la semaine prochaine, nous allons reprendre le mot d’ordre de la désobéissance. Il faut que nos militants s’arment de courage. Tous les secteurs d’activité, tous les fonctionnaires, sont concernés. La vie s’est arrêtée complètement en Côte d’Ivoire et chacun doit le savoir. L’école ne marche plus. Un fonctionnaire, quel que soit ce qu’il touche comme salaire, est certainement le seul dans une famille à travailler. Combien gagne-t-il pour entretenir cette famille et combien compte-t-il épargner? C’est pourquoi je les invite tous à serrer la ceinture, à se rendre à l’évidence et à aller à cette bataille. Je demande que tous les jeunes de Côte d’Ivoire avec courage, s’en saisissent, s’en approprient, et fassent en sorte que ce soit un succès. Surtout à Abidjan. L’intérieur du pays a démontré suffisamment qu’il sait mettre en œuvre les mots d’ordre. Jeunes d’Abidjan, il est temps que vous vous réveilliez. Vous pouvez trouver la mort n’importe où, même dans votre lit. Alors, il faut qu’on défende nos convictions. Si on doit nous tuer tous, on nous tuera. Mais notre armée n’ira pas jusqu’à exterminer tout un peuple. Non, levons-nous. C’est donc un appel plus que pressant que je lance à nos bases. Un appel à la mobilisation et à la vigilance.

LP: Ne craignez-vous pas un échec de ce deuxième appel à la désobéissance, dans la mesure où le premier appel n’a pas connu, il faut le dire, un franc succès surtout à Abidjan?
KKB: Vous savez, un bébé qui nait, est appelé à marcher. Quand il fait les premiers pas, il trébuche, il tombe mais pour autant, il ne baisse pas les bras. Parce qu’il sait que son destin, c’est de marcher. Alassane Ouattara a été élu pas pour qu’on vienne se confiner ici à l’hôtel du Golf. Il doit gouverner le pays. Il doit prendre fonction au Palais présidentiel. Tant qu’on n’a pas réussit cela, on n’a pas le droit de baisser les bras.

LP: En attendant, le RHDP et son candidat élu souhaitent que si les choses n’évoluent pas, il faut une action de force étrangère pour faire partir Gbagbo. Peut-on aimer son pays comme l’affirme le président ADO et vouloir une intervention militaire dont on ne peut pas prévoir l’issue?
KKB: C’est la mort dans l’âme que Ouattara s’est obligé de faire appel à l’extérieur. C’est pour protéger la volonté de son peuple. Parce que malheureusement les Ivoiriens ont voté et notre armée conteste les résultats. Notre armée censée défendre le peuple conteste le pouvoir du président démocratiquement élu. C’est cela la réalité. Alors dans ce cas de figure, le droit international autorise que des Forces étrangères viennent rétablir la démocratie. Et ce n’est pas la première fois que cela va se faire. Avant la Côte d’Ivoire, il y a eu beaucoup d’exemples dans le monde. Et ce ne sera pas la dernière fois non plus, à moins que Gbagbo ne soit le dernier dictateur sur terre. Sinon il en est ainsi des relations internationales et du droit international. Si le Libéria se porte bien aujourd’hui, il a bien fallu que la force étrangère intervienne dans ce pays. Donc, l’extérieur va intervenir conformément aux exigences du droit international et Gbagbo partira. La Côte d’Ivoire se portera bien. Les forces extérieures qui arrivent ne viennent pas pour exterminer le peuple de Côte d’Ivoire, elles viennent pour le délivrer. Elles viennent pour extirper de nos rangs, le dictateur, celui qui empêche que le pays prospère, celui qui oppose les Ivoiriens et qui les tue, qui sème la terreur, l’horreur, la désolation et la misère. L’armée extérieure viendra juste, comme un épervier, pour prendre Gbagbo comme un poussin et la Côte d’Ivoire sera délivrée. Donc c’est cette armée que Ouattara appelle, c’est l’armée de délivrance, par amour pour les Ivoiriens. Elle viendra pour rétablir la démocratie et l’état de droit.

LP: En attendant, l’armée ivoirienne, du moins une partie de l’armée s’adonne à des tueries comme ce fut le cas des charniers découverts et de l’assassinat d’un militant au QG du RHDP à Cocody. Alors quel message avez-vous à lancer à l’armée?
KKB: Je voudrais m’adresser à mes grands frère Mangou, Kassaraté, aux militaires ivoiriens, en de termes très simples : Ce qu’ils font-là, ce n’est pas bon. C’est comme cela que vous détruisez un pays sans vous en rendre compte. L’histoire vous regarde. Vous êtes face à vos responsabilités. Il faut que vous méritiez le treillis que vous portez. Vous semez l’injustice dans le cœur des Ivoiriens. Vous étiez là et vous avez sécurisé les élections. Au premier tour, vous avez laissé faire. Au second tour, vous avez laissé faire. Ouattara gagne les élections et vous refusez d’admettre les résultats des urnes. Dans quel pays cela est-il possible? Et je dis à Gbagbo qu’il peut faire couler le sang autant de fois qu’il le voudra, mais faire couler le sang dans la Maison du PDCI RDA, Houphouët-Boigny ne lui pardonnera pas cela. C’est la dernière goutte de sang qu’il fait couler. Sous prétexte que la Maison du Parti serait une cache d’armes. Je rappelle à Gbagbo, à toutes fins utiles, que la Maison du PDCI est un havre de paix. La colère d’Houphouët-Boigny s’abattra sur lui car, c’est une maison qui a servi à former des cadres et à construire le pays pendant des décennies. Cette Maison mérite mieux que l’image que Gbagbo veut lui coller
Yves- M. ABIET


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