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Politique Publié le lundi 10 janvier 2011 | Nord-Sud

Partage du pouvoir : Pourquoi la solution n`est pas possible

Un émissaire de Laurent Gbagbo s'est rendu au pays de Mugabe pour demander son soutien. Peut-être envisagerait-on, du côté de La majorité présidentielle (Lmp), une solution à la zimbabwéenne.

Ils rêvent, ceux qui espèrent un partage du pouvoir entre le président sortant, Laurent Gbagbo, et le président élu, Alassane Ouattara, pour sortir la Côte d'Ivoire de la crise post-électorale. Cette solution ( ?) est non rejetée par le principal concerné, Alassane Ouattara. Pour avoir laissé faire Mugabe, en 2008, l'ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, avait déclaré à l'époque : «…aucun peuple ne mérite d'être tué ou massacré à cause d'une histoire d'élection. On ne doit pas créer une nouvelle culture politique en Afrique qui ferait que l'on va aux élections et si on perd, on dit qu'on partage le pouvoir ».
C'était en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères africains en juin 2008, à Charm el-Cheikh, en Egypte. A cette occasion, le président de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme (Raddho), une association composée de 153 organisations de la société civile africaine, Alioune Tine, s'était également prononcé sur le cas de ce pays du Sud de l'Afrique. « Le Zimbabwe, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase... Aujourd'hui, si on accepte ce qui se passe dans ce pays, on peut dire adieu aux élections en Afrique. Il s'agit aujourd'hui d'un véritable défi pour les Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, pour qu'ils disent stop », a-t-il insisté. La situation en Côte d'Ivoire leur donne aujourd'hui raison. Rattrapée par ses erreurs du passé, l'UA se voit contrainte de changer la donne, avant que les élections ne deviennent, en Afrique, un instrument de confiscation du pouvoir. On comprend alors pourquoi cette solution n'entre plus dans son schéma. Sans oublier que si les élections ont été organisées, c'était justement pour sortir de cette situation de partage du pouvoir. Le moment est venu pour l'UA de dire “stop !'' afin de donner à l'Afrique une chance de consolider le principe démocratique de la transmission du pouvoir par les élections. Et, la Côte d'Ivoire doit être le point de départ de ce nouveau défi. Fermeté et solidarité doivent donc être les maîtres-mots pour réussir ce challenge. Un émissaire de Laurent Gbagbo a été dépêché, auprès du président zimbabwéen, Robert Gabriel Mugabe, officiellement, pour qu'il soutienne son idée de recomptage des voix. Quand on est sûr de sa victoire, on ne fait pas de telles propositions. Mais, cette démarche pourrait aussi cacher autre chose, comme une proposition de partage du pouvoir, par exemple. Mais, on imagine mal Alassane Ouattara devenir Premier ministre de Laurent Gbagbo ou encore vice-président de la République. Encore que c'est un fauteuil qui n'existe pas dans notre Constitution. Mugabe a pu bénéficier en avril 2008, du soutien tacite de Laurent Gbagbo, au nom peut-être de l'amitié qui le lie à Thabo Mbeki, l'ancien président de l'Afrique du Sud et médiateur, à l'époque, au Zimbabwe. Le soutien du président zimbabwéen au Woody de Mama ne devra pas surprendre.

Anne-Marie Eba
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