Pour légitimer sa présence et son ingérence en Côte d’Ivoire aux yeux de son opinion publique interne, la France s’en prend désormais régulièrement aux droits de ses ressortissants vivant dans ce pays.
Pas facile d’être Français en Côte d’Ivoire. Et la menace, il faut bien le savoir, ne vient pas toujours de là où l’on était en droit de l’attendre. Car, pendant que Charles Blé Goudé le leader des jeunes patriotes ivoiriens appelle à ne pas agresser les Français, sans doute pour ne pas donner le prétexte d’une intervention militaire étrangère, paradoxalement ce sont les autorités françaises elles-mêmes qui harcèlent régulièrement leurs propres ressortissants. Depuis le début de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, celles-ci ont, en effet multiplié les restrictions à leur encontre : interdiction de sortie en ville, appels frénétiques à quitter le pays et le dernier en date, le report de la rentrée scolaire dans les établissements français d’Abidjan…, comme si chaque jour devait apporter son lot de violations. Cette dernière mesure est d’autant plus curieuse que le retour des vacances de fin d’année a été avancé de deux jours pour les élèves ivoiriens qui ont repris l’école depuis une semaine, sans qu’aucun péril ne soit venu contrarier l’optimisme des autorités de l’Education nationale.
Manipulation. Tout est, en effet, fait comme si les autorités françaises devaient justifier auprès de leur opinion publique interne l’implication de l’Elysée dans la crise ivoirienne, y compris par l’invention de périls qui menaceraient en particulier les Français vivant en Côte d’Ivoire. Problème cependant, ces restrictions commencent à hérisser ceux qu’elles étaient censées protéger et les concernés regimbent désormais publiquement.
Depuis quelques jours, l’ambassadeur français Jean-Marc Simon qui est très impliqué dans le processus de délégitimassions et de neutralisation du Président Gbagbo, fait face à une fronde, pour l’instant très symbolique, de la part de ses concitoyens. Ces derniers lui ont déjà expédié un courrier pour lui demander les raisons du report de la rentrée scolaire dans les établissements scolaires français d’Abidjan, surtout que la tension des premières semaines semble avoir considérablement baissé aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays.
Hormis cette demande inhabituelle dans sa forme, la plupart des quelque quinze mille Français vivant en Côte d’Ivoire demeurent encore au pays, en dépit des demandes pressantes à évacuer, multipliées depuis le début de la crise par les autorités françaises sur place à Abidjan. Un tel «entêtement» grippe immanquablement la machine à créer la panique en Côte d’Ivoire dont l’effet escompté était probablement de scénariser des débordements dans la capitale.
Déstabiliser Gbagbo. Dans un article publié par le quotidien français du soir, en l’occurrence «France Soir», l’avocat français de Frédéric Lafont dont le client, français lui-même, est indistinctement frappé par l’interdiction de visa de l’Union européenne, tout comme les proches du Président ivoirien, conclut désormais, agacé, que «l’Union européenne est prête à faire n’importe quoi pour déstabiliser Gbagbo». Son client a même expliqué audit quotidien qu’il ya bel et bien eu des voies de fait dans les circonscriptions électorales du Nord de la Côte d’Ivoire et que lui (Lafont) a été régulièrement prébendé par l’Ue pour exfiltrer ses observateurs violentés ou pris à partie sur les terres du candidat Ouattara par ses partisans.
Finalement, son cas ressemble à celui du sauveteur qui se fait noyer à la place de la victime. L’Ue ayant décidé à l’avance de faire payer le régime de Gbagbo, s’en est malencontreusement pris à son sauveur d’un jour, Frédéric Lafont, victime collatérale d’une folie engendrée par Nicolas Sarkozy, le nouveau petit homme vert qui va nous changer du monstre américain revisité à l’excès par les cinéastes de Hollywood.
Dialogue. Par ailleurs, le nouvel ordre démocratique africain, qui devait pousser sur les terres abidjanaises comme dans un paysage témoin, et faire entrer, sans doute, assez suffisamment le Président français dans l’histoire de l’humanité, a ses propres nostalgies. Les pays africains appellent de plus en plus ouvertement au dialogue pendant que la Russie ironise sur la défense en légitimité d’Alassane Ouattara par ses supporters occidentaux.
Enfin, les Français d’Abidjan s’impliquent quotidiennement dans la recherche de la paix en Côte d’Ivoire et refusent de revivre les événements de novembre 2004 qui avaient fourgué à des manifestants revanchards les semences de toute leur vie.
Ou alors, est-ce ce qu’espèrent in petto les autorités françaises en poussant à un coup de force contre le président ivoirien et en ignorant son appel à un recomptage des voix par un comité international d’évaluation des résultats du second tour ? Si c’est oui, alors la France aura décidé de se prendre elle-même en otage en Côte d’Ivoire.
Correspondance particulière
Joseph Titi
Pas facile d’être Français en Côte d’Ivoire. Et la menace, il faut bien le savoir, ne vient pas toujours de là où l’on était en droit de l’attendre. Car, pendant que Charles Blé Goudé le leader des jeunes patriotes ivoiriens appelle à ne pas agresser les Français, sans doute pour ne pas donner le prétexte d’une intervention militaire étrangère, paradoxalement ce sont les autorités françaises elles-mêmes qui harcèlent régulièrement leurs propres ressortissants. Depuis le début de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, celles-ci ont, en effet multiplié les restrictions à leur encontre : interdiction de sortie en ville, appels frénétiques à quitter le pays et le dernier en date, le report de la rentrée scolaire dans les établissements français d’Abidjan…, comme si chaque jour devait apporter son lot de violations. Cette dernière mesure est d’autant plus curieuse que le retour des vacances de fin d’année a été avancé de deux jours pour les élèves ivoiriens qui ont repris l’école depuis une semaine, sans qu’aucun péril ne soit venu contrarier l’optimisme des autorités de l’Education nationale.
Manipulation. Tout est, en effet, fait comme si les autorités françaises devaient justifier auprès de leur opinion publique interne l’implication de l’Elysée dans la crise ivoirienne, y compris par l’invention de périls qui menaceraient en particulier les Français vivant en Côte d’Ivoire. Problème cependant, ces restrictions commencent à hérisser ceux qu’elles étaient censées protéger et les concernés regimbent désormais publiquement.
Depuis quelques jours, l’ambassadeur français Jean-Marc Simon qui est très impliqué dans le processus de délégitimassions et de neutralisation du Président Gbagbo, fait face à une fronde, pour l’instant très symbolique, de la part de ses concitoyens. Ces derniers lui ont déjà expédié un courrier pour lui demander les raisons du report de la rentrée scolaire dans les établissements scolaires français d’Abidjan, surtout que la tension des premières semaines semble avoir considérablement baissé aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays.
Hormis cette demande inhabituelle dans sa forme, la plupart des quelque quinze mille Français vivant en Côte d’Ivoire demeurent encore au pays, en dépit des demandes pressantes à évacuer, multipliées depuis le début de la crise par les autorités françaises sur place à Abidjan. Un tel «entêtement» grippe immanquablement la machine à créer la panique en Côte d’Ivoire dont l’effet escompté était probablement de scénariser des débordements dans la capitale.
Déstabiliser Gbagbo. Dans un article publié par le quotidien français du soir, en l’occurrence «France Soir», l’avocat français de Frédéric Lafont dont le client, français lui-même, est indistinctement frappé par l’interdiction de visa de l’Union européenne, tout comme les proches du Président ivoirien, conclut désormais, agacé, que «l’Union européenne est prête à faire n’importe quoi pour déstabiliser Gbagbo». Son client a même expliqué audit quotidien qu’il ya bel et bien eu des voies de fait dans les circonscriptions électorales du Nord de la Côte d’Ivoire et que lui (Lafont) a été régulièrement prébendé par l’Ue pour exfiltrer ses observateurs violentés ou pris à partie sur les terres du candidat Ouattara par ses partisans.
Finalement, son cas ressemble à celui du sauveteur qui se fait noyer à la place de la victime. L’Ue ayant décidé à l’avance de faire payer le régime de Gbagbo, s’en est malencontreusement pris à son sauveur d’un jour, Frédéric Lafont, victime collatérale d’une folie engendrée par Nicolas Sarkozy, le nouveau petit homme vert qui va nous changer du monstre américain revisité à l’excès par les cinéastes de Hollywood.
Dialogue. Par ailleurs, le nouvel ordre démocratique africain, qui devait pousser sur les terres abidjanaises comme dans un paysage témoin, et faire entrer, sans doute, assez suffisamment le Président français dans l’histoire de l’humanité, a ses propres nostalgies. Les pays africains appellent de plus en plus ouvertement au dialogue pendant que la Russie ironise sur la défense en légitimité d’Alassane Ouattara par ses supporters occidentaux.
Enfin, les Français d’Abidjan s’impliquent quotidiennement dans la recherche de la paix en Côte d’Ivoire et refusent de revivre les événements de novembre 2004 qui avaient fourgué à des manifestants revanchards les semences de toute leur vie.
Ou alors, est-ce ce qu’espèrent in petto les autorités françaises en poussant à un coup de force contre le président ivoirien et en ignorant son appel à un recomptage des voix par un comité international d’évaluation des résultats du second tour ? Si c’est oui, alors la France aura décidé de se prendre elle-même en otage en Côte d’Ivoire.
Correspondance particulière
Joseph Titi