Plus le temps passe, plus la crise post-électorale impacte les activités économiques en zones Centre, nord et ouest (Cno). Si les problèmes financiers existent, les populations se disent prêtes à s’adapter à toute nouvelle situation.
L’enlisement de la crise post-électorale affecte gravement les activités économiques dans la ville de Bouaké. Ce qui ressemble désormais à un «blocus économique» entre le Nord et le Sud, commence à faire des vagues. Puisque de part et d’autre de l’ancienne zone de confiance (Tiébissou et Bouaké), la libre circulation des personnes et des biens et le transfert des fonds connaissent des difficultés notables. Conséquences : de nombreux secteurs d’activités sont progressivement en perte de vitesse avec à la clé, un assèchement financier dans plusieurs villes dans les zones Centre, nord et ouest (Cno). Elles sont en nombre important, les banques commerciales et les établissements financiers qui, de plus en plus, n’arrivent plus à répondre correctement à l’attente de la clientèle, faute de liquidités en permanence. Les retraités de la capitale de la paix sont obligés de faire chaque jour le pied de grue devant l’agence de la Coopec pour espérer avoir un peu d’argent. Mais que de difficultés.
Les dépôts d’argent chutent
«Cela fait plusieurs jours qu’on fait des va-et-vient sans avoir notre pension. On nous fait savoir que la structure est confrontée est un problème de sous-liquidité. C’est vraiment grave pour des personnes de notre âge», fulmine Kouamé K, un retraité, ce vendredi 7 janvier. A la Cnce (Caisse nationale des caisses d’épargne, l’ex-C ecp, devenue une banque depuis 2009), la situation est encore plus explosive. Le chef de l’agence, .M. Djano Honoré, un proche du président sortant, Laurent Gbagbo qui refuse de céder le pouvoir au président légalement élu, Alassane Ouattara, aurait fui la ville. Cet établissement en faillite a fermé. Et depuis lors, les clients sont livrés à eux-mêmes. D’autant qu’ils n’ont plus d’interlocuteur pour accéder à leur argent. Tout simplement triste! D’anciennes banques comme la Biao, ne sont pas épargnées par cette «crise financière» provoquée par l’impasse politique, après le scrutin du 28 novembre. Koné Villard, chef d’agence d’une compagnie, ne décolère pas à cause de cette situation «inédite». En cette fin de semaine, il n’a pu retirer un chèque à la Biao, faute de liquidités. Est-ce que l’on va vers une banqueroute dans ces zones? Toujours est-il que, selon lui, le patron local de cette structure financière menace de fermer si d’ici le 20 janvier, les choses ne changent pas positivement. Dans la mesure où les dépôts ont baissé de façon drastique ou n’existent quasiment plus. Le transfert des fonds de la banque-mère vers sa zone, est également devenu beaucoup plus complexe. A la Sib (Société ivoirienne de banque), ce sont les nouveaux fonctionnaires (enseignants du primaire et du secondaire) qui font les frais de cette sécheresse économique. Cette banque avait mis à leur disposition un nouveau produit «avance sur rappel». Il constitue à toucher une partie de son salaire en attendant le rappel intégral : 100.000 Fcfa pour les professeurs et 60.000 Fcfa pour les instituteurs. Ces montants ont été revus à la baisse en passant respectivement à 40.000 et à 25.000 Fcfa du fait du manque récurrent de disponibilité. «Le responsable de cette banque nous fait comprendre que la situation est très difficile. Donc, il a décidé de baisser le montant qui devait revenir aux nouveaux fonctionnaires dans le cadre du rappel sur le salaire. C’est vrai que c’est un contrat, mais nous n’avons pas d’autre choix», se résigne Ouattara Souleymane, président du mouvement des enseignants volontaires de Côte d’Ivoire. Ajoutant qu’ils sont prêts à s’adapter à toute nouvelle situation. Même s’il reste conscient que ces difficultés risquent de mettre plus à mal les activités économiques et pourraient par conséquent aggraver les conditions de vie des populations dans cette localité. Outre les établissements financiers, les transports ont pris un coup de frein avec le nombre de départ en chute libre. «Les passagers viennent aux comptes-gouttes. Depuis 6h30, nous avons ouvert nos portes. Le car va certainement prendre la route après 10 heures. Sans avoir certainement fait son plein de 70 places assises», fait remarquer tristement Koné Villard. A l’en croire, depuis le 28 novembre, aucun car n’est sorti de gare en raison du durcissement du conflit post-électoral. Avant de préciser que les choses se sont aggravées avec le mot d’ordre de «désobéissance civile» lancé par le gouvernement du président élu Ouattara Alassane. «On ne peut pas dire qu’il y a reprise. Depuis le 28 novembre, nos autocars ne sont pas sortis de gare. C’est le 6 janvier que nous avons commencé à rouler. Mais, nous ne faisons qu’un voyage par jour. Et ce, à destination de Yamoussoukro-Toumodi-Abidjan», souligne-t-il.
Convaincu qu’ils vont développer d’autres produits si la situation perdure. Les destinations vers l’ouest à savoir Daloa, Soubré, San Pedro ne sont plus à l’ordre du jour. Il se souvient qu’à pareille période, les années écoulées, sa gare ne désemplissait pas. Il faisait plus de 10 voyages par jour. En effet, la crise a aussi provoqué la flambée des prix du carburant à cause de la pénurie et de la mauvaise qualité de ce produit, en provenance souvent de certains pays de l’hinterland. De 600 Fcfa, le litre du gasoil est passé à 900 Fcfa voire 1000 Fcfa au cours de cette période. Quant au super, il a grimpé à 650 Fcfa contre 525 Fcfa, le litre auparavant.
Tiébissou : 250.000 Fcfa aux Fds
Les transporteurs ordinaires ont revu leurs tarifs à la hausse. Pour se rendre à Yamoussoukro, distant de 120 km environ, l’on paie entre 2500 et 3000 Fcfa au lieu de 1500 Fcfa. Cette situation affecte les activités commerciales surtout celles en provenance du sud. Le gaz qui a connu une pénurie, est en train de revenir progressivement à Bouaké. Mais, les prix sont en hausse. La petite bouteille de 6 kilos est passée de 3500 à 4000 Fcfa et la grande bouteille de 12 kilos de 7000 Fcfa à 8000 Fcfa. Quant aux vivriers, la filière igname a plus de difficultés. «Nos ignames pourrissent dans les magasins depuis la survenue de cette dernière crise. C’est environ près de 100 tonnes de tubercules d’igname que nous avons perdues cette semaine», s’indigne Sanogo Lassina, vendeur d’ignames au marché de gros de Bouaké. Après le tour des magasins, c’est environ 500 tonnes de tubercules qui y sont stockées et qui ne parviennent malheureusement pas, à être évacuées vers le sud. C’est dans cette grisaille que certains commerçants prennent le risque en essayant de sortir de Bouaké pour aller à Abidjan. Pour ce faire, il faut payer 20.000 Fcfa à l’équipe chargée de faire respecter le mot d’ordre à Bouaké et verser 25000 Fcfa respectivement aux Forces de défense et de sécurité (Fds) ou autres miliciens stationnés à Tiébissou pour avoir un «laissez-passer». Les prix des boissons alcoolisées produites par l’unité de Solibra à Bouaflé ont également augmenté. La bouteille de grosse bière de 1 litre (Drogba) est vendue à 950 Fcfa voire 1000 Fcfa. Alors qu’elle ne coûtait que 700 Fcfa. Selon une tenancière d’un restaurant, cette flambée des prix est due au «blocus » du corridor de Tiébissou. «Les Fds réclament 250.000 Fcfa pour le passage d’un camion. Nous sommes donc obligés de répercuter cela sur les prix de vente au détail», critique-t-elle.
Allah Kouamé et Denis Koné à Bouaké
L’enlisement de la crise post-électorale affecte gravement les activités économiques dans la ville de Bouaké. Ce qui ressemble désormais à un «blocus économique» entre le Nord et le Sud, commence à faire des vagues. Puisque de part et d’autre de l’ancienne zone de confiance (Tiébissou et Bouaké), la libre circulation des personnes et des biens et le transfert des fonds connaissent des difficultés notables. Conséquences : de nombreux secteurs d’activités sont progressivement en perte de vitesse avec à la clé, un assèchement financier dans plusieurs villes dans les zones Centre, nord et ouest (Cno). Elles sont en nombre important, les banques commerciales et les établissements financiers qui, de plus en plus, n’arrivent plus à répondre correctement à l’attente de la clientèle, faute de liquidités en permanence. Les retraités de la capitale de la paix sont obligés de faire chaque jour le pied de grue devant l’agence de la Coopec pour espérer avoir un peu d’argent. Mais que de difficultés.
Les dépôts d’argent chutent
«Cela fait plusieurs jours qu’on fait des va-et-vient sans avoir notre pension. On nous fait savoir que la structure est confrontée est un problème de sous-liquidité. C’est vraiment grave pour des personnes de notre âge», fulmine Kouamé K, un retraité, ce vendredi 7 janvier. A la Cnce (Caisse nationale des caisses d’épargne, l’ex-C ecp, devenue une banque depuis 2009), la situation est encore plus explosive. Le chef de l’agence, .M. Djano Honoré, un proche du président sortant, Laurent Gbagbo qui refuse de céder le pouvoir au président légalement élu, Alassane Ouattara, aurait fui la ville. Cet établissement en faillite a fermé. Et depuis lors, les clients sont livrés à eux-mêmes. D’autant qu’ils n’ont plus d’interlocuteur pour accéder à leur argent. Tout simplement triste! D’anciennes banques comme la Biao, ne sont pas épargnées par cette «crise financière» provoquée par l’impasse politique, après le scrutin du 28 novembre. Koné Villard, chef d’agence d’une compagnie, ne décolère pas à cause de cette situation «inédite». En cette fin de semaine, il n’a pu retirer un chèque à la Biao, faute de liquidités. Est-ce que l’on va vers une banqueroute dans ces zones? Toujours est-il que, selon lui, le patron local de cette structure financière menace de fermer si d’ici le 20 janvier, les choses ne changent pas positivement. Dans la mesure où les dépôts ont baissé de façon drastique ou n’existent quasiment plus. Le transfert des fonds de la banque-mère vers sa zone, est également devenu beaucoup plus complexe. A la Sib (Société ivoirienne de banque), ce sont les nouveaux fonctionnaires (enseignants du primaire et du secondaire) qui font les frais de cette sécheresse économique. Cette banque avait mis à leur disposition un nouveau produit «avance sur rappel». Il constitue à toucher une partie de son salaire en attendant le rappel intégral : 100.000 Fcfa pour les professeurs et 60.000 Fcfa pour les instituteurs. Ces montants ont été revus à la baisse en passant respectivement à 40.000 et à 25.000 Fcfa du fait du manque récurrent de disponibilité. «Le responsable de cette banque nous fait comprendre que la situation est très difficile. Donc, il a décidé de baisser le montant qui devait revenir aux nouveaux fonctionnaires dans le cadre du rappel sur le salaire. C’est vrai que c’est un contrat, mais nous n’avons pas d’autre choix», se résigne Ouattara Souleymane, président du mouvement des enseignants volontaires de Côte d’Ivoire. Ajoutant qu’ils sont prêts à s’adapter à toute nouvelle situation. Même s’il reste conscient que ces difficultés risquent de mettre plus à mal les activités économiques et pourraient par conséquent aggraver les conditions de vie des populations dans cette localité. Outre les établissements financiers, les transports ont pris un coup de frein avec le nombre de départ en chute libre. «Les passagers viennent aux comptes-gouttes. Depuis 6h30, nous avons ouvert nos portes. Le car va certainement prendre la route après 10 heures. Sans avoir certainement fait son plein de 70 places assises», fait remarquer tristement Koné Villard. A l’en croire, depuis le 28 novembre, aucun car n’est sorti de gare en raison du durcissement du conflit post-électoral. Avant de préciser que les choses se sont aggravées avec le mot d’ordre de «désobéissance civile» lancé par le gouvernement du président élu Ouattara Alassane. «On ne peut pas dire qu’il y a reprise. Depuis le 28 novembre, nos autocars ne sont pas sortis de gare. C’est le 6 janvier que nous avons commencé à rouler. Mais, nous ne faisons qu’un voyage par jour. Et ce, à destination de Yamoussoukro-Toumodi-Abidjan», souligne-t-il.
Convaincu qu’ils vont développer d’autres produits si la situation perdure. Les destinations vers l’ouest à savoir Daloa, Soubré, San Pedro ne sont plus à l’ordre du jour. Il se souvient qu’à pareille période, les années écoulées, sa gare ne désemplissait pas. Il faisait plus de 10 voyages par jour. En effet, la crise a aussi provoqué la flambée des prix du carburant à cause de la pénurie et de la mauvaise qualité de ce produit, en provenance souvent de certains pays de l’hinterland. De 600 Fcfa, le litre du gasoil est passé à 900 Fcfa voire 1000 Fcfa au cours de cette période. Quant au super, il a grimpé à 650 Fcfa contre 525 Fcfa, le litre auparavant.
Tiébissou : 250.000 Fcfa aux Fds
Les transporteurs ordinaires ont revu leurs tarifs à la hausse. Pour se rendre à Yamoussoukro, distant de 120 km environ, l’on paie entre 2500 et 3000 Fcfa au lieu de 1500 Fcfa. Cette situation affecte les activités commerciales surtout celles en provenance du sud. Le gaz qui a connu une pénurie, est en train de revenir progressivement à Bouaké. Mais, les prix sont en hausse. La petite bouteille de 6 kilos est passée de 3500 à 4000 Fcfa et la grande bouteille de 12 kilos de 7000 Fcfa à 8000 Fcfa. Quant aux vivriers, la filière igname a plus de difficultés. «Nos ignames pourrissent dans les magasins depuis la survenue de cette dernière crise. C’est environ près de 100 tonnes de tubercules d’igname que nous avons perdues cette semaine», s’indigne Sanogo Lassina, vendeur d’ignames au marché de gros de Bouaké. Après le tour des magasins, c’est environ 500 tonnes de tubercules qui y sont stockées et qui ne parviennent malheureusement pas, à être évacuées vers le sud. C’est dans cette grisaille que certains commerçants prennent le risque en essayant de sortir de Bouaké pour aller à Abidjan. Pour ce faire, il faut payer 20.000 Fcfa à l’équipe chargée de faire respecter le mot d’ordre à Bouaké et verser 25000 Fcfa respectivement aux Forces de défense et de sécurité (Fds) ou autres miliciens stationnés à Tiébissou pour avoir un «laissez-passer». Les prix des boissons alcoolisées produites par l’unité de Solibra à Bouaflé ont également augmenté. La bouteille de grosse bière de 1 litre (Drogba) est vendue à 950 Fcfa voire 1000 Fcfa. Alors qu’elle ne coûtait que 700 Fcfa. Selon une tenancière d’un restaurant, cette flambée des prix est due au «blocus » du corridor de Tiébissou. «Les Fds réclament 250.000 Fcfa pour le passage d’un camion. Nous sommes donc obligés de répercuter cela sur les prix de vente au détail», critique-t-elle.
Allah Kouamé et Denis Koné à Bouaké