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Politique Publié le samedi 15 janvier 2011 | Nord-Sud

Crise post-électorale : Le pseudo-nationalisme de Gbagbo tue les Ivoiriens

Alors que la communauté internationale convaincue de sa défaite aux dernières élections ne fait que lui demander de respecter le verdict des urnes qui le donne perdant au scrutin présidentiel du 28 novembre dernier, Laurent Gbagbo et ses partisans ont déclaré la guerre à cette communauté internationale. Une guerre aux relents pseudo-nationalistes qui tue surtout les Ivoiriens.

En un mois, ce sont près de 300 personnes qui ont directement trouvé la mort, du fait de la crise post-électorale qui secoue le pays. A ces victimes, généralement tombées sous des balles, il faut certainement plus d'un millier d'autres qui ont certainement succombé à des arrêts cardio-vasculaires, qui ont ''pété un câble'' ou qui n'ont pu avoir les soins nécessaires à cause de la situation exceptionnelle dans laquelle est plongée le pays depuis le 28 novembre dernier. Victimes innocentes de la crise post-électorale, elles paient surtout le prix fort de la pseudo-guerre nationaliste que Laurent Gbagbo et son clan ont engagée contre la communauté internationale.

Les victimes de violences

Tout a commencé lorsque, par une volonté de confisquer le pouvoir, le chef de l'Etat sortant a instauré, le 27 novembre, un couvre-feu nocturne qui s'est étalé sur environ trois semaines. Durant cette période d'exception, sans sommation, des centaines de personnes ont été abattues, sans autre forme de procès. Le bilan macabre de ces tueries s'élevait, si l'on en croit le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) qui y a perdu de nombreux militants, à près de 85 morts. Suivant le scénario de ces attaques nocturnes, une descente musclée des Fds au siège du Rassemblement des républicains (Rdr), le parti d'Alassane Ouattara à Yopougon, fait cinq morts. La psychose se généralise, vu que la violence s'exporte à l'intérieur du pays. Les populations se barricadent comme elles peuvent. C'est dans la veine de ces tueries gratuites attribuées aux miliciens et autres mercenaires qui auraient infesté les forces de défense et de sécurité, que le blocus du Golf hôtel, quartier général du nouveau président de la République et de son gouvernement est organisé. Sur la foi de la légitimité populaire conférée par le verdict des urnes, le Premier ministre, Guillaume Soro, décide d'aller installer, le 16 décembre 2010, les nouveaux dirigeants de la Radiodiffusion-télévision ivoirienne (Rti) et, le lendemain, de s'installer lui-même et son gouvernement, dans leurs bureaux au Plateau. Il n'en fallait pas plus que les soldats fidèles à Laurent Gbagbo sortent leurs armes lourdes avec lesquelles ils ''neutralisent'' les populations qui s'étaient engagées à accompagner le Premier ministre ivoirien à la Rti, à Cocody et au Plateau. 150 morts ont résulté de la violente répression de la marche pacifique. Dans la foulée, les autres mouvements populaires tendant à faire partir Laurent Gbagbo, sont également réprimés dans le sang. Dans cette atmosphère quasi insurrectionnelle contre le régime autocratique de Laurent Gbagbo, des violences à caractère inter-communautaires éclatent à Duékoué. Les miliciens libériens recrutés à tour de bras par l'ancien régime au pouvoir, pour créer le chaos dans le pays, s'y invitent. Leur mise en jambe tourne au drame. Une trentaine de personnes ''tombent'' sous leurs balles assassines. A peine ce foyer de tension a-t-il commencé à s'éteindre qu'un autre est allumé, en plein Abidjan. Au terme de deux jours d'un face-à-face tendu entre Fds pro-Gbagbo et populations à Abobo, on dénombre une vingtaine de tués. Entre-temps, le Sud-Bandama qui s'est embrasé, livre son décompte macabre : 13 morts en deux jours d'affrontements. Ils s'ajoutent à la liste de toutes les victimes politiques, tombées depuis l'avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir. C'est le prix à payer pour la résistance face à la communauté internationale qui lui demande de se plier au verdict des urnes. « Si je quitte le pouvoir, ce sera le chaos », avait prévenu le patron de La majorité présidentielle. C'est visiblement un bout de ce chaos que l'ancien chef de l'Etat et les siens sont en train de créer pour dissuader la communauté internationale de recourir à « la force légitime » pour les déloger.

Les victimes silencieuses

A côté de ceux qui meurent dans des conditions atroces, il y a ceux qui sont contraints de s'en aller dans l'indifférence la plus totale. Invariablement, ce sont des affections cardio-vasculaires qui ont fini par avoir raison d'eux. Ils se recrutent généralement dans le lot de ceux qui ont tout perdu dans la crise : emploi, biens mobiliers. Si en mars 2009, on évaluait à 300.000, le nombre d'emplois perdus, aujourd'hui, il faut compter avec les entreprises qui, du fait de la présente crise, ont commencé à remercier leurs agents. A ces victimes silencieuses de la crise, il faut ajouter tous les malades du Sida, du paludisme, de la tuberculose, les insuffisants rénaux, etc. Car, du fait de la crise, les organisations internationales, pourvoyeuses de fonds pour la prise en charge de ces malades ont décidé de geler leurs programmes en Côte d'Ivoire jusqu'à nouvel ordre, c'est-à-dire jusqu'à la prise de fonction du nouveau président, Alassane Ouattara. Le premier bailleur de fonds du secteur de la santé à fermer le robinet, a été la Banque mondiale. Très vite, elle a été imitée par le Fonds mondial, un organisme basé en Suisse qui soutient la Côte d'Ivoire dans plusieurs secteurs de la santé. « En raison de l'instabilité politique actuelle du pays, le secrétariat du Fonds mondial a décidé de prendre un certain nombre de mesures parmi lesquelles, le gel des déboursements aux récipiendaires principaux des programmes du Fonds et ce, jusqu'à nouvel ordre », a expliqué Véronique Taveau, la porte-parole du Fonds. Une décision qui fait perdre près de 41 milliards. Et, selon des indiscrétions, l'autre partenaire important de la lutte contre le sida, en l'occurrence le Pepfar, pourrait suivre la même voie. Toute chose qui mettrait environ 80.000 séropositifs en situation de sursis, comme le sont déjà les insuffisants rénaux qui commencent à mourir comme des mouches, fautes de moyens pour réaliser correctement leurs soins.

Nationalisme débridé

Alors que la vraie question consiste à dire qui a gagné les élections, la majorité présidentielle et son chef de file ont choisi de déporter le débat sur le terrain du nationalisme. « La France et les Etats Unis complotent contre moi » ou encore « qu'on laisse les Ivoiriens régler leurs problèmes », tels sont les discours qu'ils ressassent à longueur de journée. Mais paradoxe, tout en affamant leurs compatriotes, ces nationalistes d'une autre race ont choisi de confier leur destin à l'étranger.

En témoigne le fait qu'ils ont tous placé des fortunes colossales dans des paradis fiscaux et envoyé leurs proches dans des pays occidentaux pendant que l'école ivoirienne est perturbée par les caprices de la Fesci. C'est ce qui leur vaut le gel de leurs avoirs et l'interdiction de voyager décrétée contre eux par la même occident qui ne peut comprendre la confiscation du pouvoir par le perdant.

Marc Dossa
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