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Politique Publié le samedi 15 janvier 2011 | Le Patriote

Forces de défense et de sécurité : Le malaise est grand, la grogne est réelle

© Le Patriote Par DR
Forces armées ivoiriennes: les généraux Faussignaux, Guiai Bi et Mangou
Photo: de g. à dr. le vice-amiral Vagba Faussigeau, le général de division Georges Guiai Bi Poin et le général de corps d`armée Philippe Mangou
Philippe Mangou voudrait-il cacher la forêt des crises qui secouent son armée avec la main, qu’il aurait toutes les peines du monde. Tellement, l’étendue des dysfonctionnements est visible du dedans comme du dehors. Mercredi dernier, face aux folles rumeurs qui ont envahi le pays, le Général quatre étoiles s’est fendu d’un communiqué à la télévision dans lequel, il a rassuré la communauté nationale sur la cohésion au sein de la Grande muette, devenue si bruyante depuis quelques années.

En réalité, les faits sont à des années lumières de tout ce que Philippe Mangou a dit à la télévision. A la vérité, rien ne va au sein des troupes. La gestion de la crise politique, née de la volonté de Laurent Gbagbo, son épouse Simone et certains extrémistes de son camp, de s’accrocher au pouvoir, malgré la décision du peuple, n’est pas du goût de la majorité des Forces de Défense et de Sécurité, viscéralement attachées au serment qu’ils ont juré de servir la République. Un mois après l’allégeance incongrue faite par quelques Généraux de l’armée au Président sortant, Laurent Gbagbo, le pays ne fait que s’enfoncer vers l’hécatombe et le précipice du désespoir. Aujourd’hui, la réalité est toute autre aussi bien dans les camps militaires qu’au niveau des différents centres de commandements. Le Chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara a dit récemment sur les antennes de Canal+, bénéficier du soutien de nombreux officiers Généraux, officiers supérieurs et hommes de troupe. Cela n’est pas du bluff. Selon nos sources, les événements d’Abobo qui ont mis à nu, l’incohérence des décisions militaires et l’implication de civils dans la coordination des opérations, ont servi de détonateur pour qu’une bonne partie de la troupe et des officiers, des FANCI, de la Police ou de la gendarmerie, se détermine.

La crise d’Abobo

Depuis, plus rien n’est comme avant. Abobo a servi de leçon. Contrairement à la thèse avancée par le prétendu gouvernement de l’ancien Chef de l’Etat, la commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire a vécu ce qui n’est pas loin d’un affrontement interne entre éléments des Forces de sécurité et de défense. En attendant que cette thèse soit accréditée dans les jours et semaines à venir, il est tout au moins possible de vérifier que la coordination des opérations a laissé beaucoup de traces.

A la police nationale, les éléments qui pleurent leurs collègues tombés au front, se sont jurés de ne plus servir de chair à canon surtout dans des opérations sans queue ni tête, comme celle d’Abobo ou selon toute vraisemblance, le député Emile Guiriéoulou a pris les devants, se définissant comme un stratège militaire. Confondant l’extrémisme à la raison, Emile Guiriéoulou a ordonné l’opération d’Abobo sans en mesurer les conséquences. Hier, en visite à la préfecture de police, Guiriéoulou a été copieusement hué par les éléments. Ceci est un signe.

Mais en fait, que se passe-t-il au sein des Forces de défense et de sécurité ? Depuis le verdict du scrutin, le puzzle, à l’origine était constitué de plusieurs pièces dont les principales étaient Laurent Gbagbo, son épouse Simone et trois généraux des FDS qui contrôlent, dans les faits, toutes les décisions : Guiai Bi Poin, commandant du CeCOS, Dogbo Blé Brunot, commandant de la Garde républicaine et Vagba Faussignaux, chef de la marine nationale. Pendant longtemps, le Chef d’Etat-major, Mangou Philippe, le commandant supérieur de la gendarmerie et le Directeur général de la police nationale, Brindou Mbia, malgré le serment d’allégeance fait, plutôt pour répondre à un besoin de communication, qu’à un vrai soutien, sont restés distants de l’extrémisme. On a longtemps attendu d’eux qu’ils se déterminent. Toutefois, Laurent Gbagbo leur a mis une pression d’enfer. Il les avait d’ailleurs avertis : « si je tombe, vous tombez », leur avait-il dit, publiquement, au Palais présidentiel. Cette déclaration fut le prélude à un pacte qui aurait été scellé autour de pasteurs et guides religieux illuminés pendant plusieurs cérémonies, au cours desquelles les uns et les autres auraient été amenés à jurer, livres saints en main. Toutefois, Laurent Gbagbo qui, dans le groupe de ses généraux fidèles n’a, pour l’heure, une confiance aveugle qu’au chef de la Garde républicaine, Dogbo Blé, a vidé toutes les casernes de leurs minutions et autres armes pour les lui confier ainsi qu’aux sécurocrates du palais que sont Tagro Désiré, Dogou Alain et Bertin Kadet.

Manque de confiance

Dans tout ce manège, Philippe Mangou n’a que le rôle d’apparat. Pis, il est surveillé de près. Ses mouvements, ses contacts et même ses échanges téléphoniques, sont contrôlés. A un moment donné, on lui a même attribué la volonté de chercher protection auprès d’une ambassade occidentale. Sa présence sur la liste des personnalités militaires sanctionnées par l’Union Européenne a désormais déclenché en lui, le repli sur soi. C’est le sentiment de réaction que tout être humain pourrait avoir dans le développement de l’actualité. Mangou n’est pas un extrémiste et cela s’est vu dans son comportement jusque-là. Avec lui, il y a d’autres généraux qui n’ont pas totalement décidé de ne pas soutenir le Président élu. Laurent Gbagbo ne bénéficie pas, c’est peu de le dire, du soutien et de la loyauté des hauts gradés de l’armée, de la police et de la gendarmerie. Tout au plus, sur les quelques 60000 éléments des FDS, il peut compter sur 4000 fidèles recrutés sur des bases d’affinités politiques et tribales.

Mais quand on a confiance en son armée, on ne recrute pas des forces extérieures. Or, il est clairement établi, aujourd’hui, que Laurent Gbagbo et Kadet Bertin ont recruté aussi bien en Angola qu’au Liberia, près de trois mille mercenaires chèrement payés. Selon un communiqué du Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC), ce sont près de deux bataillons de mercenaires angolais que Luanda a mis à la disposition de Laurent Gbagbo ces dernières semaines. En temps de combat, un mercenaire coûte deux millions de Francs CFA par jour. Sur l’ensemble de la zone gouvernementale, ils sont au total plus de trois mille. On imagine aisément tous les fonds qui sont engloutis par ces barbouzes. La colère gagne alors les casernes. Le malaise est grand pour ces soldats ivoiriens qui peinent non seulement à être traités décemment, mais certains policiers sont chassés de leur maison quotidiennement parce que les baux administratifs ne sont pas traités convenablement. Il en est de même pour les « Haut-les-cœurs ». L’Etat reste devoir des centaines millions de francs Cfa aux Forces de défense et de sécurité.

Le plus intriguant aujourd’hui, pour les FDS, est l’intrusion de certaines personnalités civiles dans la prise des décisions militaires. Récemment, l’on a vu à la télévision un conseil de guerre réunissant autour de Laurent Gbagbo plusieurs personnalités civiles et militaires. C’est un leurre.

A la vérité, ce sont Kadet Bertin et Simone Gbagbo, surtout elle, qui décident des options. L’ex-Première Dame engluée dans de nombreux scandales comme ceux de la disparition de Guy André Kieffer et des escadrons de la mort, s’appuie sur la stratégie du pire pour ne pas se retrouver demain devant un Tribunal pénal international dont la création s’avère inéluctable pour connaître de tous les cas de violation massive des droits de l’Homme depuis une décennie dans notre pays.

Au cœur de tous ces vents, souvent contraires, qui soufflent sur notre armée, les hommes de troupe, sont agacés. Ils grognent. Beaucoup d’entre eux pleurent pour leur pays pris en otage par un groupuscule de personnes autour d’un dictateur. Il est clairement établi que des centaines de soldats quittent les camps pour éviter de se faire complices du hold-up électoral que veut opérer Gbagbo avec le soutien d’une partie de l’armée.

Charles Sanga
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