Pourquoi obstinément amener Laurent Gbagbo à s’aligner sur une décision dont il ne veut pas entendre parler ? Laurent Gbagbo dit qu’il ne veut pas quitter le pouvoir. Il le dit haut et fort à qui veut l’entendre. Il a même refusé pour cela de prendre au téléphone Nicolas Sarkozy et Barack Obama. La communauté internationale, dans sa grande majorité, a essayé de le raisonner. Rien n’y a fait. L’Union européenne et la CEDEAO, par souci de paix, lui envoient des émissaires. Les présidents Yayi Boni du Bénin, Ernest Baï Koroma de la Sierra Leone et Pedro Pires du Cap vert ont été envoyés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour lui faire entendre raison. Le « Machiavel des lagunes » est resté intraitable. L’Union africaine a ajouté le Premier ministre kényan, Raila Odinga, à la délégation pour tenter de lui faire comprendre que son entêtement n’est pas la meilleure chose pour lui et pour la Côte d’Ivoire. L’ancien chef de l’Etat a fait la sourde oreille face aux conseils des médiateurs africains. Les émissaires de la communauté africaine ont même brandi la menace de la « force légitime » pour le faire partir. Mais Laurent Gbagbo est resté inflexible jusqu’ici. Le Premier ministre Raila Odinga était au cours des dernières quarante-huit heures encore aux bords de la lagune Ebrié pour une autre médiation. Comme les autres fois, Laurent Gbagbo a méprisé la main tendue par la communauté internationale. Les bons offices du chef du gouvernement du Kenya n’ont apporté aucun fruit. Laurent Gbagbo considère toujours que la Côte d’Ivoire lui revient de droit. Par conséquent, plutôt mourir que de céder le pouvoir au président élu par les Ivoiriens, le docteur Alassane Dramane Ouattara. Après toutes ces démarches, peut-on croire encore que le dictateur d’Abidjan peut quitter le pouvoir par voie diplomatique ? Le penser serait faire preuve de naïveté viscérale. Laurent Gbagbo a décidé de défier le monde entier pour conserver le fauteuil présidentiel qu’il considère comme un don de Dieu. Sa femme, Simone Gbagbo, n’a-t-elle pas déclaré au cours du meeting qu’elle a animé le samedi 15 janvier dernier que « de la Côte d’Ivoire partira la vraie décolonisation de toute l’Afrique » ? Il faut vraiment être sourd et aveugle pour ne pas comprendre le message que donne le camp Gbagbo et croire qu’il suffira de le raisonner comme un enfant gâté à qui on veut arracher une sucette qui ne lui appartient pour qu’il s’exécute. La communauté internationale et africaine peut envoyer autant d’émissaires qu’elles veulent, Laurent Gbagbo ne bougera pas d’un iota. Laurent Gbagbo se dit que la CEDEAO n’utilisera jamais « la force légitime » pour le déloger. C’est à elle de lui prouver le contraire. Alors trêve de bavardages et passons aux choses sérieuses.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly