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Politique Publié le mercredi 19 janvier 2011 | Le Patriote

Allusions fantaisistes du FPI au héros panafricaniste - Laurent Gbagbo n`est pas Patrice Lumumba

Lorsqu'un autocrate est en difficulté, il a tendance à s'identifier à une figure emblématique de l'Histoire. C'est aujourd'hui, le cas de Laurent Gbagbo. Depuis le déclenchement de la crise que lui-même a créée, le candidat malheureux du second tour veut se faire passer pour le héros national congolais, Patrice Emery Lumumba. A chaque occasion, ces partisans ne manquent pas de rappeler que le patron de la refondation, comme l'homme politique congolais, est victime d'une conspiration internationale des puissances occidentales. Parce qu'il ne serait pas en odeur de sainteté dans les sphères de décision des « Blancs ». Charles Blé Goudé, au cours de ces meetings, ne fait que raconter comment la françafrique et les puissances occidentales tentent d'assassiner son mentor comme ils l'ont fait au début des années 60 au Congo-Kinshasa. La RTI qui est devenue depuis un certain temps la caisse de résonance de LMP, est également dans le coup. Profitant de la célébration de sa mort, LMP TV comme l'appellent désormais les Ivoiriens, a diffusé le documentaire retraçant le parcours du leader congolais. Avant cette date anniversaire, ce film documentaire avait été diffusé à maintes reprises par cette même télévision qui est nationale aujourd'hui que de nom. Laurent Gbagbo lui-même, au cours d'une interview, avait également fait allusion à Lumumba. Il expliquait dans cet entretien que certains chefs d'Etat africains avaient décidé de s'associer aux puissances occidentales pour le faire tomber. Dans sa dernière interview avec Michel Dénisot de Canal +, l'ancien chef d'Etat a déclaré que c'est parce qu'il ne « ressemble pas aux occidentaux » qu'il est persécuté par la communauté internationale. L'attitude de Laurent Gbagbo est celle du victimaire qui se fait passer pour la victime. Mais c'est connu. Quand un dictateur est acculé, il crie au complot. Laurent Gbagbo est loin de ressembler à Patrice Lumumba. Patrice Lumumba a marqué son temps et l'Histoire par son engagement et la fidélité à ses convictions. Il croyait profondément à un Congo indépendant et fort résolument tourné vers l'Afrique. Il était à la fois un nationaliste et un panafricaniste convaincu. Patrice Emery Lumumba croyait également profondément à la démocratie comme mode d'accession au pouvoir. Pour devenir Premier ministre du Congo, son parti, le Mouvement national du Congo a dû remporter les élections avec l'aide de ses alliés. Patrice Lumumba ne s'est pas arrêté aux discours. Il a dès son arrivée au pouvoir, poser des actes. Il a décrété l'africanisation de l'armée congolaise dont l'état-major était essentiellement composé d'officiers belges et doublé la solde des soldats. Quant à Laurent Gbagbo, qu'a-t-il fait ? Il est arrivé au pouvoir d'abord par un coup d'Etat militaro civil. Dès son avènement, il s'est évertué à tuer la démocratie en interdisant ou restreignant les libertés individuelles telles que le droit de manifester. Droit qu'il a utilisé jusqu'à l'abus pour accéder au pouvoir. Patrice Lumumba n'est pas arrivé de façon « calamiteuse » au pouvoir. Mais Laurent Gbagbo oui. Contrairement, au leader congolais, Lumumba est mort pour ses idées. Il a posé les actes qui cadraient avec ses discours. Ce qui lui a valu des inimitiés tant en interne qu'en externe. Mais quant à l'inspirateur de la refondation, pendant qu'il fustige la journée « l'ancien colonisateur », il négocie la nuit avec lui. On n'insulte et on vilipende la France. Mais aujourd'hui, tous les gros contrats sont entre les mains des grandes compagnies françaises. Laurent Gbagbo, quand cela l'arrange, va jusqu'à utiliser les réseaux de la françafrique qu'il fustige en longueur de journée, pour se pérenniser au pouvoir. En outre, Laurent Gbagbo n'a rien d'un panafricaniste. A preuve, sa politique agressive et xénophobe à l'égard des autres pays de la sous-région. Laurent Gbagbo ne veut pas comme Lumumba, ni d'une Afrique réunifiée ni une intégration réussie. Mais d'une Côte d'Ivoire épurée de tous ceux qui ne luisent pas dans le miroir de l'ivoirité. Laurent Gbagbo veut d'un panafricanisme où la « préférence nationale » est reine. Lumumba croyait sincèrement au panafricanisme. Laurent Gbagbo ne voit en lui qu'un instrument politique pour seulement se rapprocher des autres leaders africains et avoir le suffrage de leurs peuples. Du point de vue donc idéologique comme politique, Laurent Gbagbo ne peut pas ressembler à Patrice Lumumba. Sa propension à s'identifier au « premier héros national congolais » s'apparente à une schizophrénie d'une fin de règne dans l'espoir d'obtenir le soutien de tous les déçus de la politique française en Afrique. Mais c'est peine perdue. Car la manipulation est trop grosse pour espérer tromper l'opinion. Et puis, à la vérité, qui veut tuer Laurent Gbagbo ? Personne. Ce que la CEDEAO prépare en ce moment n'est rien moins qu'une sorte d'opération chirurgicale tendant à extraire d'un corps un cancer, qui sinon, risque de se propager dans tout l'organisme.
Jean-Claude Coulibaly

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