Le Chef de l`Etat-major, le Général Philippe Mangou n`a plus le sommeil tranquille. En effet, après les événements d`Abobo et surtout la grande dissension qui prévaut dans les rangs de l`armée, le général de corps d`armée passe des nuits blanches. Pour tenter de reprendre la main et remobiliser ses hommes, Mangou a entrepris une tournée dans les casernes. Mais sur le terrain, ce qu`il craignait l`a rattrapé. Les éléments des Forces de défense et de sécurité lui ont clairement fait savoir leurs inquiétudes. Pour les soldats, il est clair que plus les jours passent, plus Laurent Gbagbo perd du terrain. « Chaque jour qui passe nous fait constater que Gbagbo perd un peu plus de pouvoir », auraient remarqués les soldats. Selon les hommes en bottes, les faits montrent bien que celui que leur chef Mangou présente comme le chef de l`Etat est de plus en plus en difficulté. Il ne nomme plus les ambassadeurs, Alassane Ouattara est reconnu par toute la communauté internationale, Gbagbo n`a plus la signature sur les comptes BECEAO de la Côte d`Ivoire et les salaires des troupes seraient menacés. Face à tout cela, les soldats se disent « désarçonnés » par la tournure des événements. Pour répondre aux inquiétudes de la troupe, le général Mangou a puisé dans la manipulation et la désinformation. Pour redonner le moral aux soldats, il leur a dit que le Premier Kenyan, Raila Odinga, a été convaincu par Laurent Gbagbo et que ce dernier aurait promis d`aller défendre la position de l`ancien président sur la scène internationale. Poursuivant, le Général Mangou a affirmé devant les soldats que plusieurs pays commencent à rallier la position de Laurent Gbagbo. Naturellement tout ceci n`est que du pur baratin pour tenter d`étouffer les soupçons et les inquiétudes des soldats qui commencent à en avoir marre. En lieu et place de la vérité, ils ont été servis en mensonge comme des gamins que l`on tenterait d`amadouer. Sinon la position du Premier ministre kényan n`a pas changée d`un iota. Raila Odinga est venu, comme lors de ses précédentes visites, demander à Gbagbo Laurent de rendre le pouvoir à l`élu du peuple, Alassane Ouattara. En parlant des pays qui auraient rejoint le camp Gbagbo, Mangou fait certainement allusion à cette sortie de Kyffy Zié dans un tabloïd du FPI qui dit que la Lybie serait de mèche avec le dictateur ivoirien. Mais en réalité il n`est rien. La Lybie n`a jamais cachée sa position et son ministre des Affaires étrangères l`a déjà affirmée à plusieurs reprises. Ali Triki a toujours clamé que Tripoli est du côté du peuple et de la légitimité. Même l`Angola qui était considérée comme le soutien le plus ferme a dilué sa position vis-à-vis d`un Gbagbo Laurent aux abois plus que jamais. Mangou a parlé, beaucoup parlé aux soldats. A-t-il convaincu ? Pas si sûr. Car les soldats ivoiriens ne sont pas dupes. Ils voient mieux que tout le monde que la roue tourne et Laurent Gbagbo est du mauvais côté. Ils observent et écoutent la communauté nationale et internationale et savent que la télévision LMP ne leur sert que du pipo. Ils ont compris que leurs chefs ne leur disent pas la vérité. Et ces questions hier à Mangou, dans les camps, n`étaient pas posées pour satisfaire leur volonté de savoir une vérité qu`ils savent déjà, mais plutôt leur curiosité d`être situé sur la capacité du « grand Chef » de faire face à la situation dans toute sa réalité. Une chose est sure, c`est que les éléments des FDS savent qu`aujourd`hui, le Général Mangou et certains de leurs officiers généraux et supérieurs luttent pour un homme et son clan et non pour la République. On les pousse à tirer sur leurs propres frères et on les oblige à entretenir, depuis quelques temps, des rapports inamicaux avec les soldats des forces impartiales. Mais comme on le dit, la prise de conscience nait avec le questionnement. S`ils ont posé des questions à Mangou, c`est qu`ils ont commencé à prendre conscience.
Koné Lassiné
Koné Lassiné