Au fur et à mesure que le temps passe, la crise post-électorale oblige à Bouaké des industriels à licencier leur personnel. Malgré tout, certaines usines résistent. Pour combien de temps encore? .
La crise post-électorale est en train d’engouffrer les activités industrielles dans la ville de Bouaké. Après les banques, ce sont les usines qui sont en perte de vitesse. On assiste à une série de difficultés dans les entreprises. Les licenciements, les questions d’approvisionnement en matière et de mévente sont à l’ordre du jour. Les employés d’Olhéol Industries Côte d’Ivoire (Ex-Trituraf) spécialisée dans la trituration de l’huile de coton, sont sans doute les premières victimes de l’impasse politique dans laquelle, Laurent Gbagbo s’accroche tant bien que mal au pouvoir, refusant ainsi de passer la main à Alassane Ouattara, le président élu du scrutin présidentiel du 28 novembre. On se souvient que le 30 septembre dernier, au cours d’une cérémonie officielle de reprise des activités de l’entreprise, Alexandre Charles Kéita, Pdg du groupe Sofi Proteol auquel appartient Olhéol industries, avait rappelé 168 employés sur les 347 ex-employés en chômage de la défunte Trituraf et parmi lesquels, il y a eu malheureusement des cas de décès.
Les activités en baisse
Le nouveau patron avait fait à cette occasion une promesse de taille: « Dès le mois de novembre, les travailleurs vont reprendre le boulot. Et en janvier 2011, nous aurons la première bouteille d’huile». Mais, cette profession de foi va être trahie par les résultats du second tour de l’élection présidentielle. De fait, avant cette date, le Dg Tintori Francis se rend en France avec son Daaf, Olivier Jumeau pour des contacts en vue du redémarrage effectif prévu pour janvier. Mais en son absence, la situation politique se détériore. La violence post-électorale fait qu’il ne peut revenir à temps comme prévu. Surtout que son pays, la France déconseille la destination Côte d’Ivoire à ses ressortissants. Sans ses administrateurs, Olhéol est plombée. Les 168 employés qui devraient reprendre du service sont appelés à rester chez eux «en attendant que la situation politique s’améliore», entend-on du côté des responsables syndicaux. Pour les nécessités d’entretien du matériel de production et de l’outil de travail, seulement 60 personnes sont retenues sur les 168. Reste donc une centaine de désillusionnés sur le carreau en attente d’une visibilité politique et économique. «C’est vrai qu’on avait prévu reprendre en janvier. Mais, il y a juste un retard», précise Anderson Kouassi, l’un des leaders syndicaux. L’ex-Trituraf n’est pas seule dans le cas. Les Etablissements Robert Gonfreville (Erg), la plus vieille unité industrielle de la ville est tombée dans un coma à cause des effets néfastes du conflit politique né après la présidentielle. Sa situation est allée s’aggravant. Employant plus de 1000 personnes dans ses années de vache grasse, cette société qui tâtonnait encore avant le blocage politique du 28 novembre, a complètement arrêté ses activités parce qu’elle n’arrive plus à vendre ses produits (draps) et est surtout confrontée depuis lors à des problèmes récurrents de gestion. «Il n’y a plus d’espoir de reprise. Les quelques compartiments qui fonctionnaient encore, ont arrêté de le faire. C’est la faillite», lâche un ex-employé reconverti dans les affaires.
A la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (Cidt), on essaie de tenir le bon bout. En cette période de la campagne cotonnière, l’or blanc parvient dans les usines. Mais, les cotonculteurs s’inquiètent pour l’achat de leur produit. «Nous aurons certainement des difficultés pour la vente de notre coton cette année. On nous dit que les usines qui étaient censées recevoir la graine, souhaitent qu’on attende encore l’embellie politique», s’inquiète Koné Ngolo, paysan à Dianra.
Dans cette grisaille de désolation, seuls la Société ivoirienne des tabacs (Sitab) et le groupe Fibako Ivoirembal donnent encore le sourire à quelques familles. Même si là-encore, des craintes existent. La Sitab qui a sifflé, il y a deux ans, ses 50 bougies, résiste. Elle a résisté au 19 septembre 2002. Et les responsables pensent qu’elle tiendra le coût «en dépit de quelques difficultés» face à la dégradation de l’environnement politique. L’un des responsables de la Sitab témoigne qu’«avec la crise, nous avons perdu 40% de notre chiffre d’affaires». La société avec un capital de plus de 4 milliards, arrive certes et pour l’instant, à payer régulièrement les salaires. Mais, elle rencontre également de nombreuses difficultés liées aux problèmes d’approvisionnement ou d’évacuation des produits et de distribution. «On produit pour vendre. Le problème qu’on a connu, c’est qu’on n’a pas pu vendre pendant cette période de crise», déplore-t-il.
Des employés au chômage
Il relève pêle-mêle, le fait que les camions qui viennent approvisionner l’usine en matières premières (tabac importé de l’extérieur via le port d’Abidjan) sont souvent soumis au paiement d’un «laissez-passer» à Tiébissou ou au corridor sud de Bouaké. De même, pour sortir les produits de l’usine vers les zones de distribution, la situation est semblable. Au niveau des emplois, il estime qu’il y a eu 40% de licenciement des employés en 2002. De 400 travailleurs, l’on n’a conservé que 160. Avec le «blocus économique actuel», il y a eu « des réaménagements dans le travail». Des employés ont été contraints à rester chez eux du fait de la baisse drastique des activités. Le délégué syndical qui l’accompagnait a réfuté le terme «chômage technique» au profit «d’arrêt temporaire de travail». Toujours est-il que la situation reste préoccupante. Certaines marques de cigarettes hormis Excellence et Fine, ne sont plus fabriquées sur place. Il s’agit de Marlboro, Dunhill et Craven. Ce qui entraîne une perte de marché. Quant au Gfi (Groupe fibako Ivoiremball), cette usine qui a vu le jour dans les années 60 est spécialisée dans la confection des sacs synthétiques, de sisal (sac pour le cacao) et des cordes. Elle a, en effet, connu des fortunes diverses. Avant la crise de 2002, l’entreprise employait 3000 personnes. Après les divers licenciements, elle est passée à 500 travailleurs, puis 250. A ce jour, elle n’a que 115 employés. Selon les employés, «les salaires bien que bas, sont régulièrement versés». Cependant, ils sont beaucoup inquiets à cause du «blocus économique». «Chez nous, la matière première ce sont les granulés, les multi-bases et les colorants. Les granulés sont des éléments obtenus à partir du pétrole. Et les multi-bases sont des produits chimiques semblables à la potasse qui rendent les granulés élastiques et résistants. Ces produits viennent de l’extérieur. En cette période, il est difficile de nous approvisionner», explique-t-il.
Allah Kouamé et Denis Koné à Bouaké
La crise post-électorale est en train d’engouffrer les activités industrielles dans la ville de Bouaké. Après les banques, ce sont les usines qui sont en perte de vitesse. On assiste à une série de difficultés dans les entreprises. Les licenciements, les questions d’approvisionnement en matière et de mévente sont à l’ordre du jour. Les employés d’Olhéol Industries Côte d’Ivoire (Ex-Trituraf) spécialisée dans la trituration de l’huile de coton, sont sans doute les premières victimes de l’impasse politique dans laquelle, Laurent Gbagbo s’accroche tant bien que mal au pouvoir, refusant ainsi de passer la main à Alassane Ouattara, le président élu du scrutin présidentiel du 28 novembre. On se souvient que le 30 septembre dernier, au cours d’une cérémonie officielle de reprise des activités de l’entreprise, Alexandre Charles Kéita, Pdg du groupe Sofi Proteol auquel appartient Olhéol industries, avait rappelé 168 employés sur les 347 ex-employés en chômage de la défunte Trituraf et parmi lesquels, il y a eu malheureusement des cas de décès.
Les activités en baisse
Le nouveau patron avait fait à cette occasion une promesse de taille: « Dès le mois de novembre, les travailleurs vont reprendre le boulot. Et en janvier 2011, nous aurons la première bouteille d’huile». Mais, cette profession de foi va être trahie par les résultats du second tour de l’élection présidentielle. De fait, avant cette date, le Dg Tintori Francis se rend en France avec son Daaf, Olivier Jumeau pour des contacts en vue du redémarrage effectif prévu pour janvier. Mais en son absence, la situation politique se détériore. La violence post-électorale fait qu’il ne peut revenir à temps comme prévu. Surtout que son pays, la France déconseille la destination Côte d’Ivoire à ses ressortissants. Sans ses administrateurs, Olhéol est plombée. Les 168 employés qui devraient reprendre du service sont appelés à rester chez eux «en attendant que la situation politique s’améliore», entend-on du côté des responsables syndicaux. Pour les nécessités d’entretien du matériel de production et de l’outil de travail, seulement 60 personnes sont retenues sur les 168. Reste donc une centaine de désillusionnés sur le carreau en attente d’une visibilité politique et économique. «C’est vrai qu’on avait prévu reprendre en janvier. Mais, il y a juste un retard», précise Anderson Kouassi, l’un des leaders syndicaux. L’ex-Trituraf n’est pas seule dans le cas. Les Etablissements Robert Gonfreville (Erg), la plus vieille unité industrielle de la ville est tombée dans un coma à cause des effets néfastes du conflit politique né après la présidentielle. Sa situation est allée s’aggravant. Employant plus de 1000 personnes dans ses années de vache grasse, cette société qui tâtonnait encore avant le blocage politique du 28 novembre, a complètement arrêté ses activités parce qu’elle n’arrive plus à vendre ses produits (draps) et est surtout confrontée depuis lors à des problèmes récurrents de gestion. «Il n’y a plus d’espoir de reprise. Les quelques compartiments qui fonctionnaient encore, ont arrêté de le faire. C’est la faillite», lâche un ex-employé reconverti dans les affaires.
A la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (Cidt), on essaie de tenir le bon bout. En cette période de la campagne cotonnière, l’or blanc parvient dans les usines. Mais, les cotonculteurs s’inquiètent pour l’achat de leur produit. «Nous aurons certainement des difficultés pour la vente de notre coton cette année. On nous dit que les usines qui étaient censées recevoir la graine, souhaitent qu’on attende encore l’embellie politique», s’inquiète Koné Ngolo, paysan à Dianra.
Dans cette grisaille de désolation, seuls la Société ivoirienne des tabacs (Sitab) et le groupe Fibako Ivoirembal donnent encore le sourire à quelques familles. Même si là-encore, des craintes existent. La Sitab qui a sifflé, il y a deux ans, ses 50 bougies, résiste. Elle a résisté au 19 septembre 2002. Et les responsables pensent qu’elle tiendra le coût «en dépit de quelques difficultés» face à la dégradation de l’environnement politique. L’un des responsables de la Sitab témoigne qu’«avec la crise, nous avons perdu 40% de notre chiffre d’affaires». La société avec un capital de plus de 4 milliards, arrive certes et pour l’instant, à payer régulièrement les salaires. Mais, elle rencontre également de nombreuses difficultés liées aux problèmes d’approvisionnement ou d’évacuation des produits et de distribution. «On produit pour vendre. Le problème qu’on a connu, c’est qu’on n’a pas pu vendre pendant cette période de crise», déplore-t-il.
Des employés au chômage
Il relève pêle-mêle, le fait que les camions qui viennent approvisionner l’usine en matières premières (tabac importé de l’extérieur via le port d’Abidjan) sont souvent soumis au paiement d’un «laissez-passer» à Tiébissou ou au corridor sud de Bouaké. De même, pour sortir les produits de l’usine vers les zones de distribution, la situation est semblable. Au niveau des emplois, il estime qu’il y a eu 40% de licenciement des employés en 2002. De 400 travailleurs, l’on n’a conservé que 160. Avec le «blocus économique actuel», il y a eu « des réaménagements dans le travail». Des employés ont été contraints à rester chez eux du fait de la baisse drastique des activités. Le délégué syndical qui l’accompagnait a réfuté le terme «chômage technique» au profit «d’arrêt temporaire de travail». Toujours est-il que la situation reste préoccupante. Certaines marques de cigarettes hormis Excellence et Fine, ne sont plus fabriquées sur place. Il s’agit de Marlboro, Dunhill et Craven. Ce qui entraîne une perte de marché. Quant au Gfi (Groupe fibako Ivoiremball), cette usine qui a vu le jour dans les années 60 est spécialisée dans la confection des sacs synthétiques, de sisal (sac pour le cacao) et des cordes. Elle a, en effet, connu des fortunes diverses. Avant la crise de 2002, l’entreprise employait 3000 personnes. Après les divers licenciements, elle est passée à 500 travailleurs, puis 250. A ce jour, elle n’a que 115 employés. Selon les employés, «les salaires bien que bas, sont régulièrement versés». Cependant, ils sont beaucoup inquiets à cause du «blocus économique». «Chez nous, la matière première ce sont les granulés, les multi-bases et les colorants. Les granulés sont des éléments obtenus à partir du pétrole. Et les multi-bases sont des produits chimiques semblables à la potasse qui rendent les granulés élastiques et résistants. Ces produits viennent de l’extérieur. En cette période, il est difficile de nous approvisionner», explique-t-il.
Allah Kouamé et Denis Koné à Bouaké