Son discours était à la mesure de sa déception face à l`échec de sa médiation. Le Premier ministre kenyan, Raila Odinga qui est revenu sur les bords de la lagune ébrié après sa première visite en Côte d`Ivoire, est retourné bredouille. Et il l`a fait savoir par des propos durs, le mercredi 19 janvier 2011, avant de quitter la Côte d`Ivoire. « Je suis au regret de vous annoncer que la percée nécessaire ne s`est pas réalisée malgré d`intenses discussions lundi avec M. Gbagbo et le président élu Alassane Ouattara. Il fallait la levée du blocus (du camp retranché de M. Ouattara) pour que les deux parties puissent commencer à se parler, M. Gbagbo m`en avait donné l`assurance mais il n`a pas tenu sa promesse, pour la deuxième fois en deux semaines », a déclaré l`émissaire de l`UA au pavillon d`honneur de l`aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët en présence du Premier ministre de Laurent Gbagbo, Aké N`gbo et de son ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé. Pour le Premier ministre kenyan, l`un des objectifs de sa mission était de « convaincre M. Gbagbo de mettre la question de sa présidence au centre des discussions et de lever le blocus du Golf hôtel où est retranché Alassane Ouattara depuis l`élection du 28 novembre dont il a été déclaré vainqueur par la Commission électorale nationale (CEI) ». Il dit s`être rendu compte que le blocus des Forces de défense et de sécurité autour du Golf hôtel n`a pas été levé le mardi comme le lui avait promis Laurent Gbagbo. Par ailleurs, il a relevé la nécessité de respecter les résultats issus des urnes pour garantir la stabilité en Côte d`Ivoire. « Le non respect de la volonté des Ivoiriens tel qu`exprimés pendant les élection de novembre pourrait sévèrement compromettre la démocratie en Afrique. Environ 17 élections présidentielles vont se tenir en Afrique cette année. Si les peuples se rendent compte que leur choix n`est pas respecté dans la désignation de leur président, cela pourrait créer des troubles et l`instabilité sur tout le continent », a-t-il déclaré, évoquant l`urgence pour les protagonistes d`aboutir à des négociations. « M Gbagbo et ses partisans s`exposent davantage à des sanctions et réduisent leur chance d`amnistie s`ils continuent de commettre des crimes sur des civils et des agressions sur le personnel des Nations unies », a averti l`émissaire de l`UA. Qui a rappelé à Laurent Gbagbo que « ses actions pourraient appeler les amis de la Côte d`Ivoire à prendre différentes mesures pour soutenir la démocratie et garantir la sécurité et la stabilité sur le continent ». D`après lui, personne en Côte d`Ivoire n`accepterait des solutions telles que les sanction économiques et financières pour résoudre cette impasse électorale que les deux organisations africaines que sont l`UA et la CEDEAO tiennent comme leurs derniers recours. C`est pourquoi, a-t-il insisté, les leaders africains doivent continuer à parler d`une seule et même voix pour soutenir la position adoptée par leurs deux organisations. Raila Odinga a dit avoir rencontré M Ouattara pendant sa médiation pour lui proposer « de former un gouvernement incluant des personnalités du camp Gbagbo ». Mais également, a-t-il ajouté, « de fournir à son adversaire des garanties fermes sur son avenir incluant pour lui la liberté de continuer à faire la politique en Côte d`Ivoire où de s`installer dans le pays de son choix ». Réponse de M Ouattara, selon lui: « le camp Gbagbo serait représenté à hauteur de 25% dans le gouvernement qu`il formerait en tant que président » Même s`il reconnaît que sa médiation a été infructueuse, le Premier ministre kenyan reste en revanche rattaché à la résolution pacifique de la crise ivoirienne. La « Force légitime » qu`envisage la CEDEAO doit être le dernier recours, a-t-il souhaité. En dépit de la situation, s`est-il voulu optimiste, il reste souhaitable qu`une solution pacifique soit trouvée à la crise. « Et je suis prêt à revenir si la situation change », a conclu le médiateur de l`UA. Qui s`est ensuite envolé pour le Ghana pour rendre compte de sa médiation au président ghanéen, John Atta Mills. Au sortir d`un entretien avec celui-ci, il a rappelé son discours tenu à Abidjan, non sans ajouter qu`il comprend la décision du Ghana qui refuse d`envoyer des troupes en Côte d`Ivoire pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. « Je comprends la décision du Ghana de ne pas envoyer de troupes en Côte d`Ivoire. L`impression selon laquelle le Ghana s`est désolidarisé de la CEDEAO est fausse. Le Ghana est concerné par la médiation de la CEDEAO afin que la crise soit résolue le plus rapidement possible », a-t-il confié à l`AFP
Y.DOUMBIA
Légende: Odinga est parti de la Côte d`Ivoire, le cœur meurtri
Code ph: 19 jan 2011 076 (ph: Diom Celest)
Y.DOUMBIA
Légende: Odinga est parti de la Côte d`Ivoire, le cœur meurtri
Code ph: 19 jan 2011 076 (ph: Diom Celest)