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Politique Publié le jeudi 20 janvier 2011 |

Opinion / Ce pays se prend pour la Côte d`Ivoire

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Pays mort décrèté par le RHDP
Eburnews - « L’ambition dont on n’a pas la compétence est un crime. »
Napoléon Bonaparte.

Pour avoir voulu « sauver la paix », au prix du déshonneur, les Ivoiriens ont eu le déshonneur - la refondation - ils n’auront cependant pas la paix promise.

Alors que restera-t-il du « mandat » de Mr. Gbagbo ?

Rien ou Presque rien. Non pas qu’il ne se sera rien passé sous son « mandat », mais rien de flatteur ne pourra lui être attribué, sinon d’avoir lui aussi, après le Général Guéi, exacerbé les foyers de tension et favorisé la fracture sociale de la Nation. Il est bon de rappeler qu’en 2000, Mr Gbagbo et le FPI se sont auto-investis pour refonder la Cote d’Ivoire, c.-à-d.:

- Instaurer une alternative démocratique car « Un mot – dictature – caractérise le bilan de la gestion de notre pays par un homme, Houphouët-Boigny, par un parti, le PDCI… » ;
- Agir sur les libertés et faire en sorte que l’on puisse « perdre le pouvoir et y accéder sans tuer… »
- Redonner Espoir

Malheureusement, pendant toute cette période de Transition de 10 ans, et surtout à mesure que les élections approchaient, la Cote d’Ivoire n’était plus ni vraiment présidée, ni vraiment gouvernée, ni vraiment administrée. Elle n’avait plus ni vrai Chef, ni vrai Gouvernement, ni vraie Administration. L’armée et chaque cercle de pouvoir, groupuscule ou lobby s’efforçant à tout prix de confisquer à son profit la partie la plus importante de la rente publique.

L’indécision, le cynisme, le manque d’organisation et de vision qui tiennent lieu de pensée et d’action au sommet de l’Etat se diffusant à l’ensemble du corps social, chaque citoyen se désintéressant de la marche de la Cité pour son salut personnel.

Pire. Mr Gbagbo a repris à son compte, la face la plus détestable de la pratique du règne des dictateurs : éviction de la responsabilité liée à l’exercice du pouvoir (corruption endémique - déchets toxiques) au profit de sa jouissance (Budget Souveraineté), conception clanique du pouvoir doublée d’une aversion profonde pour le talent et l’indépendance [dont le Conseil Constitutionnel fut la victime étrangement consentante], gout de l’opacité (les ressources pétrolières), mépris pour la loi (candidature Adama Dahico) et les idées.

Que reste t-il donc des professions de foi et surtout de l’Alternative démocratique tant prônées par Mr. Gbagbo, l’Opposant Historique, jadis respecté? Incompétence, Usurpation et Imposture.

Arrêté en Février 1992 sous Mr Ouattara, pour troubles à l’ordre public, Mr Gbagbo a la sympathie de nombreux ivoiriens, plutôt séduits par son discours populiste et généreux.

Ce 24 Octobre 2000, c’est avec angoisse puis soulagement que les Ivoiriens ont préféré ouvrir un crédit de confiance à Mr Gbagbo - le civil - plutôt qu’ à l’armée dont ils se méfient. Cette marque de confiance fut de courte durée car les premières sorties de Mr Gbagbo révèlent qu’il n’est ni démocrate, ni avisé. Lentement mais surement les Ivoiriens se rendent à l’évidence :
- Un charnier contenant 57 corps est découvert à Yopougon (27 Octobre 2000) ;
- Un rapport officiel des violences postélectorales fait état de 303 morts, 65 disparus et 1546 blessés (Janvier 2001);
- Assassinat de Général Guéi accusé d’une tentative de coup d’état (19 Septembre 2002) ;
- Les habitations des étrangers vivant à Abidjan sont incendiées et pillées (21 Septembre 2002) ;
- Répression meurtrière – 120 morts selon l’ONU - d’une manifestation interdite de l’opposition à Abidjan (25 Mars 2004) ;
- Des avions des FDS bombardent les positions des ex-rebelles à Bouaké et Korhogo rendant caducs les accords de paix en vigueur (4 Novembre 2004) ;
- Neuf soldats français sont tués dans un cantonnement militaire à Bouaké lors d’une attaque aérienne des FDS. Les avions de chasse des FDS sont pulvérisés (6 Novembre 2004) ;
- Des déchets toxiques, convoyés à Abidjan intoxiquent 1500 personnes et font 17 morts (Septembre 2006) ;
- Mr. Guillaume Soro échappe de justesse à une attaque à la roquette contre son avion à Bouake (29 Juin 2007) ;
- L’élection présidentielle est une nouvelle fois reportée (Novembre 2009) ;
- Trois journalistes sont emprisonnés pour avoir publié un rapport d’enquête confidentiel pointant des malversations présumées dans la filière du cacao (13 Juillet 2010)
- etc.…

Alors, à la confiance de ce 24 Octobre 2000, succèdent le doute, puis la désillusion, ensuite l’angoisse et enfin la psychose avec plus de 30 000 Réfugiés Ivoiriens au Libéria (Janvier 2011).

Demain, la malédiction ?

Dans l’attente de Demain, que reste t-il donc de la crédibilité de Mr. Gbagbo ? Presque Rien.
Car à la popularité manifeste, sincère et enthousiaste dont Mr Gbagbo jouissait auprès des Ivoiriens et Etrangers, socialistes et non socialistes, s’est succédée une « popularité de circonscription » :auprès de ses frères de l’Ouest d’abord, de tous les « mafieux » du régime ensuite, enfin auprès de tous ces hommes, jeunes comme moins jeunes, tous dépassés par les enjeux présents.

Ainsi, au fil du temps, la lucidité de Mr. Gbagbo est devenue un clair-obscur :
Il inquiète :
- L’ONU appelle à des élections avant fin Juin 2010 (Reuters 8 Janvier 2010) ;
Il doute :
- Le camp Gbagbo accuse la CEI de fraudes (AFP 10 Janvier 2010) ;
- Annonce de la dissolution du gouvernement et de la CEI (L’Express 12 Février 2010) ;
- Laurent Gbagbo est crédité de 38% des suffrages exprimes (Le Patriote 31 Octobre 2010) ;
- Annonce d’un couvre-feu (Débat télévisé 25 Novembre 2010) ;
Il convainc peu:
- Débat télévisé du 2eme tour des élections (RTI 25 Novembre 2010) ;
- Laurent Gbagbo est crédité de 46% des suffrages exprimes (CEI 2 Décembre 2010) ;
- « Gbagbo, le pouvoir à tout prix » (L’Express 7 Décembre 2010) ;
- Entretien avec Mr. Denisot (Canal Plus 12 Janvier 2011) ;
- Tout est négociable sauf la victoire de Mr Gbabgo (Affi N’guessan Janvier 2011)
Il manque d’autorité:
- Renvoi des ambassadeurs du Canada et de Grande Bretagne : Sans effet. (RFI 6 Janvier 2011) ;
- La BCEAO ne reconnait plus la signature de Mr. Gbagbo (Conseil de s Ministres de l’UEMOA Décembre 2010) ;
- La Banque Mondiale, le FMI, l’UE, les USA et L’ONU ne reconnaissent plus ni la signature, ni l’autorité encore moins le régime de Mr Gbagbo ;
Il titube :
- Au moins 247 morts depuis la présidentielle (Reuters 14 Janvier 2011)
- Les forces de Gbagbo s’attaquent aux véhicules de l’ONUCI (Reuters 14 Janvier 2011)
- Un troisième charnier découvert en Cote d’Ivoire selon l’ONU (Reuters 13 Janvier 2011)
- L’UE adopte de nouvelles sanctions contre Mr Gbagbo et 84 proches (Reuters 14 Janvier 2011)
??????:

Peut-il alors survivre à une autorité, mieux, à une fermeté sans crédibilité ? Car l’autorité qu’il a construite n’est plus qu’un tas de cendres froides. Les chemins de la renommée qu’il a parcourus pendant toute sa carrière d’opposant historique et politique mais surtout en tant que Chef d’Etat se sont perdus dans les sables toujours mouvants de la Transition. Cet enseignant-chercheur qui prend grand soin d’afficher des « dehors » socialistes, n’est plus qu’un homme nu, sans voix, ni voie, sans honneur non plus, puisque sans parole.

La tentation, naturellement est grande d’infliger un discours moralisateur à Mr Gbagbo qui a délivré trop de leçons au cours de cette Transition de 10 ans. Mieux vaut pourtant s’en tenir à la phrase de Socrate : »Nul n’est méchant volontairement. » Mr Gbagbo s’est surtout trompé. Il a cru que la ruse, avec ses manigances, ses expédients et ses dissimulations, était un levier essentiel de la politique. Durant cette Transition, il l’a pratiquée jusqu’au vice, finissant par confondre l’ombre douteuse des arrangements, conciliabules, compromissions et la réalité du monde. Aveuglé par son influence auprès d’une certaine couche de la population mais aussi par celle de ses nombreux courtisans, Mr Gbagbo s’est pris à son propre jeu et a perdu. S’efforçant quelquefois à revêtir les habits d’Houphouët et à utiliser le même sens de la formule imagée, il a cru un moment que les Ivoiriens s’y perdraient entre l’originale et la copie.

Certes il serait illusoire de croire qu’il n’existe de politique qu’absolument pure ou désintéressée. Mais, quand elle se réduit aux seuls manœuvres, embrouillaminis, quiproquo et passe-droits, elle fait naufrage. C’est la principale tare de cette Transition, riche en alliances insolites et rebondissements cocasses.

Pour toutes ces raisons, au désormais très célèbre « Asseyons et discutons », je préfère l’excellente formule d’Emmanuel Arago : »Vérité prime tout. » Car en vérité, la Cote d’Ivoire ne peut s’offrir l’anachronisme d’une démocratie avec autorisation militaire préalable.
« Il est temps de mettre à la raison ces nègres qui croient

Que la Révolution cela consiste à prendre la place

Des Blancs et continuer, en lieu et place, je veux, dire sur le dos des nègres, à faire le Blanc. »
Aimé Césaire

Ludovic J. KABRAN
Boston, MA
USA
Veevitel@gmail.com
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